La bienheureuse Marie
des Anges, née à Turin, et cousine de saint Louis de Gonzague, fut,
par son enfance si
pure et si vertueuse, la
digne émule de l'héroïque patron de la jeunesse. A quatre ans, elle
gémissait de ne pouvoir communier; à six ans, elle voulait s'enfuir
en la solitude pour vivre dans la pénitence jusqu'à sa mort. Elle
tomba gravement malade de chagrin, à la suite des obstacles qui
s'opposèrent à ses desseins, et guérit soudain après avoir reçu la
douce apparition de Marie tenant Jésus dans Ses bras. Après sa
Première Communion, vers l'âge de onze ans et demi, son confesseur
l'autorisa à communier trois fois par semaine.
Elle vécut quelques
temps dans le monde comme une vraie Carmélite, et entra à quinze ans
au Carmel de Turin, où rien ne l'étonna dans la vie austère qu'on y
mène. Dieu la purifia par de longues maladies, par des peines de
conscience, par la permission qu'il donna au démon de la tenter
d'une manière effrayante, quelques fois même visiblement. Elle
sortit de l'épreuve comme l'or de la fournaise et Dieu la gratifia
dès lors des faveurs les plus extraordinaires, don d'oraison, don de
prophétie, don de pénétrer les cœurs, don d'extase, don de
miracles. Elle était apôtre dans le cloître et pensait à tous les
besoins divers des âmes rachetées par le sang du Sauveur.
Sa charité était sans
bornes. On raconte qu'ayant fait demander sans succès à son
souverain la grâce d'un soldat condamné à mort pour crime de
désertion, elle se jeta aux pieds d'une image de Jésus agonisant et
s'écria: "O mon doux Sauveur, si je m'étais adressée à Vous, Vous
n'auriez pas manqué d'exaucer ma prière!" A peine achevait-elle ses
mots qu'on vint lui annoncer que sa prière avait été écoutée et que
le condamné serait rendu à la liberté. Elle s'employait très
efficacement pour la délivrance des âmes du Purgatoire.
Abbé L. Jaud
Vie des
Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. |