Elle avait épousé à
dix-sept ans, Angelo Strata qui appartenait, comme elle, à la
noblesse génoise. Ils passèrent cinq années d'un grand bonheur.
Angelo mourut laissant à sa femme cinq petits en bas-âge et un
sixième
qui allait bientôt naître. Victoire ne tomba pas dans le désespoir.
Elle se confia à la Vierge Marie.
Seize années
s'écoulèrent où, tout en élevant sa famille, elle redoublait de
bonnes œuvres, soignant à son foyer des malades abandonnés,
conduisant des esclaves turcs au baptême, ramenant les filles
perdues dans le chemin de l'Évangile. Tous ses en-fants, marqués par
l'exemple de leur mère, entrèrent en religion et elle-même réalisa
son projet de doter sa ville natale d'un monastère consacré à
honorer l'Annonciation. On les appela “les annonciades céles-tes”
pour les distinguer des “annonciades francis-caines” fondées en
France par sainte Jeanne de Va-lois. Durant six ans, elle exerça les
fonctions de supé-rieure. Après quoi, elle redevint simple
religieuse ce qui lui valut d'être souvent humiliée par la nouvelle
abbesse.
Maria Vittoria rendit
son âme à Dieu
le 15 décembre 1617.
Plus de deux cents ans plus tard, « le dimanche
29 septembre 1828, le Pape Léon XII a célébré dans
l'église Saint-Pierre la solennité de la béatification de la
vénérable servante de Dieu
Marie-Victoire Fornari-Strata, génoise, fondatrice de l'ordre
des Annonciades dites Célestes, laquelle, par l'éminence de ses
vertus, a été constamment un modèle dans l’état de fille, d'épouse,
de veuve et de religieuse. L'église avait été décorée avec autant de
goût que de magnificence. Des tableaux représentaient la
bienheureuse, et deux miracles opérés par son intercession, et
approuvés par la congrégation des Rites ; et des inscriptions
analogues expliquaient le sujet de ces tableaux. Le matin du
dimanche, les cardinaux, prélats et consultants de la congrégation
se rendirent à la basilique, où le sieur de Rossi, postulateur de la
cause, prononça un discours latin, et sollicita la lecture du bref
pontifical. Cette lecture achevée, on découvrit l'image de la
bienheureuse, le Te Deum fut
chanté, et à la fin, M. Della Porta, patriarche de Constantinople,
récita l'oraison propre en l'honneur de la bienheureuse. Le prélat
célébra ensuite le saint sacrifice. Vers midi, le saint Père
descendit dans l'église, et fit sa prière devant l'image de la
bienheureuse. À ce sujet, M. de Rossi lui présenta, suivant l'usage,
la gravure et la vie de cette héroïne de la religion, avec un
bouquet de fleurs. »
Sources diverses. |