Ce Saint naquit à
Lima, dans l'Amérique méridionale. Son père, Don Juan de Porrès,
était un conquérant espagnol, et sa mère, Anna Velasquez, une
esclave noire devenue libre. Comme Martin ressemblait beaucoup
à sa
mère par sa couleur il devint une cause d'humiliation pour son père
qui l'abandonna à son sort. Son admirable pureté de mœurs, sa
modestie, son humilité et sa charité pour les pauvres furent les
vertus caractéristiques de son enfance et de toute sa vie.
A quinze ans,
Martin de Porrès entra dans le Tiers-Ordre de St-Dominique. Le jeune
novice chérissait tellement l'humilité qu'il accomplissait avec
délice les offices les plus abjects du couvent. Il se regardait et
se nommait le plus grand des pécheurs, baisait à genoux les pieds de
ceux qui le chargeaient d'injures et les suppliait de le fouler à
leurs pieds. Son aversion pour les moindres fautes était implacable.
Afin de les éviter sûrement, saint Martin de Porrès ne cessait de
châtier son corps par des jeûnes continuels, des cilices et des
chaînes de fer. Il affectionnait tellement le divin Sauveur que la
force de cet amour surnaturel le fit un jour s'élever de terre,
s'envoler vers un crucifix et baiser la plaie du Cœur de Jésus. Il
ne parlait que de Dieu ou avec Dieu et déversait son trop plein
d'amour divin sur tous les hommes, particulièrement sur les malades
et les agonisants. Ce Saint de la charité déploya son intarissable
dévouement dans l'office d'infirmier dont il fut chargé.
Dieu Se plut à
honorer l'éminente charité de Son serviteur en le gratifiant de
faveurs extraordinaires. Saint Martin de Porrès connaissait les
secrets des cœurs, prédisait l'avenir, dévoilait les ruses des
démons et repoussait leurs assauts avec autorité. Il devinait à
distance les désirs des malades et se transportait miraculeusement à
leur chevet. Pendant une épidémie qui sévit au couvent du Rosaire,
on garda toutes les portes closes. Les malades furent ébahis de
constater la présence subite du Saint près de leur lit. On a vu et
entendu saint Martin de Porrès en Europe, en Chine, en Algérie, au
Japon, alors qu'il n'a jamais quitté l'Amérique. Quoiqu'il n'eût
point fait d'études religieuses, l'humble infirmier résolvait les
plus graves questions de la théologie avec tant de sûreté que les
hommes les plus doctes proclamaient avec émerveillement que sa
science ne pouvait lui venir que du ciel.
Sa bonté
proverbiale s'étendait même aux animaux nuisibles. Afin de leur
éviter de tomber dans les pièges meurtriers du frère sacristain qui
se plaignait de voir ses étoffes rongées par les rats et les souris,
il rassembla un jour toutes ces petites bêtes, et déposant son
panier par terre, il leur enjoignit de grimper dedans. Lorsque
toutes ces indésirables créatures eurent monté dans sa corbeille, il
les transporta au fond du jardin, leur promettant de les nourrir
chaque jour.
Dieu lui révéla
d'avance le jour de sa mort. Le Saint demanda que tous les religieux
du couvent soient présents à ses derniers moments et leur demanda
pardon pour toutes les offenses qu'il avait pu commettre envers eux.
Ses frères récitèrent avec émotion le Symbole des Apôtres; arrivés à
cette parole: «Le Verbe S'est fait chair», saint Martin de Porrès
posa doucement le crucifix sur sa poitrine et rendit à Dieu son âme
innocente, le troisième jour de novembre 1639, à l'âge de soixante
ans.
Comme durant sa
vie, de nombreux miracles continuèrent de témoigner de son éminente
sainteté. Après avoir examiné et approuvé ces prodiges, le pape
Grégoire XVI rangea Martin de Porrès au nombre des bienheureux, le
19 mars 1836; Jean XXIII lui décerna les honneurs de la
canonisation. |