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La Présentation de Jésus au Temple
La Sainte Famille
était maintenant correctement installée à Bethléem. Comme Marie
manquait de tout pour habiller le bébé, la plus grande partie de
la layette étant restée à Nazareth, Joseph, après s'être assuré
que Marie ne manquerait pas du nécessaire pendant une huitaine
et jours, et la dame âgée ayant affirmé qu'elle veillerait
soigneusement sur la maman et sur l'Enfant, Joseph partit dès le
lendemain de la circoncision. Il apporterait non seulement la
layette du petit et des vêtements pour la maman, mais aussi
quelques outils: car il faudra bien qu'il gagne sa vie et celle
de la Famille. En effet, Zacharie avait beaucoup
insisté
pour que la Famille de l'Enfant-Messie demeure pendant quelque
temps non loin de Jérusalem: ils seraient ainsi plus près du
Temple et des prêtres... D'ailleurs, dans un mois ce serait la
Présentation de l'Enfant au Temple et la Purification de Marie.
On ne pouvait pas demander à Marie et à l'Enfant de refaire tout
de suite un voyage aller et retour. Et Joseph avait accepté. Il
prit donc son âne et retourna à Nazareth... mais dans quelques
jours il serait rentré.
Joseph rentra
effectivement très rapidement, avec des vêtements et des outils.
Comme on avait appris, à Bethléem qu'il était
menuisier-charpentier, on lui confia immédiatement de nombreux
travaux. Car il y avait beaucoup à faire à Bethléem!... Et puis,
chacun avait tellement envie d'avoir un meuble fabriqué par le
père du Messie...
Le temps passait
vite. Le bébé était de plus en plus souriant et gentil. Joseph,
qui était très fier de présenter son si joli fils, rayonnait de
joie. Marie aussi était heureuse, mais elle se taisait le plus
souvent. Souvent elle confectionnait des gâteaux selon des
recettes de Nazareth, et allait en porter à la dame âgée qui les
appréciait beaucoup. Comme on était heureux alors !... “Puis,
lorsque les jours de leur purification furent accomplis, selon
la loi de Moïse, ils menèrent Jésus à Jérusalem pour le
présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la loi du
Seigneur: tout mâle premier-né sera regardé comme consacré au
Seigneur, et pour offrir en sacrifice, ainsi qu'il est dit dans
la loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou deux petites
colombes.” (Luc 2, 22 à 24)
La famille de
Joseph restée au pays, partit de Nazareth quelques jours avant
la cérémonie et trouva refuge chez Zacharie. De son côté, Marie
était heureuse de retrouver et d'aider Élisabeth, et leurs deux
petits enfants semblaient s'aimer beaucoup. Ils jouaient et
riaient comme s'ils étaient complices de quelque chose qu'eux
seuls pouvaient connaître. Les parents admiraient ces scènes
enfantines pleines de charme et d'amour. Mais le grand jour
arriva et toute la famille se dirigea vers le Temple de
Jérusalem.
Quand ils furent
arrivés sur l'esplanade, Joseph acheta deux jolies petites
colombes qu'il remit à un prêtre, tandis que Marie se rendait à
son ancienne “école”, là où elle pourrait rencontrer ses
maîtresses et ses compagnes tant aimées. Il n'y avait qu'un an,
en effet que Marie les avait quittées, et elle était si heureuse
de leur présenter, à elles aussi, son magnifique bébé. Puis elle
retrouva Joseph, et toute la famille se dirigea là où devait
avoir lieu la cérémonie de la Présentation. “Or, il y avait à
Jérusalem un homme nommé Siméon; c'était un homme juste et
pieux, qui attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint
était sur lui. L'Esprit-Saint lui avait révélé qu'il ne mourrait
point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc dans
le temple, poussé par l'Esprit. Et comme ses parents amenaient
l'enfant Jésus pour observer les coutumes légales à son égard,
lui-même le reçut en ses bras, et il bénit Dieu en disant :
— Maintenant, ô
Maître souverain, vous pouvez laisser partir votre serviteur en
paix, selon votre parole ; car mes yeux ont vu le salut, que
vous avez préparé à la face de tous les peuples, lumière qui
doit éclairer toutes les nations et gloire d'Israël, votre
peuple.” (Luc 2, 25 à 32)
Une grande foule
s'était rassemblée autour de Marie et de Joseph, malgré les
efforts de Zacharie pour les protéger. Tous connaissaient la
sagesse de vieillard Siméon, et tous étaient avides d'écouter sa
parole. Tous savaient aussi que Siméon avait dit qu'il verrait
de ses yeux le Messie de Dieu, et tous étaient impatients de le
voir, ce Messie tant attendu, et d'entendre la prophétie de
Siméon.
“Cependant,
Marie et Joseph étaient dans l'étonnement pour les choses que
l'on disait de leur enfant. Et Siméon les bénit, et il dit à
Marie, sa mère :
— Voici que cet
enfant sera la cause de la chute et du relèvement d'un grand
nombre en Israël, et il sera un signe en butte à la
contradiction."
Le visage de Marie
montrait son étonnement, en entendant ces paroles. Mais elle fut
bien davantage étonnée, voire troublée quand, se tournant vers
elle, le vieillard déclara :
— Vous-même, un
glaive transpercera votre âme, afin que soient révélées les
pensées d'un grand nombre de cœurs.
Marie aurait bien
voulu questionner le vieillard Siméon, mais une autre personne
arriva, que Marie connaissait bien aussi. “C'était la
prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Aser ; elle
était fort avancée en âge, ayant vécu, depuis sa virginité, sept
ans avec son mari. Veuve et maintenant âgée de
quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait point le temple,
servant Dieu nuit et jour par des jeûnes et des prières.
Survenant à cette heure, elle se mit à louer Dieu et à parler de
l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de
Jérusalem.”
S'il y avait encore
quelques doutes dans l'esprit de Joseph, ils furent certainement
complètement et définitivement dissipés. Oui, Jésus était
vraiment le Messie de Dieu, et lui, Joseph, son humble serviteur
dans son rôle de père adoptif. Mais Marie, très émue, se taisait
afin de mieux pouvoir “conserver toutes ces choses dans son
cœur.”
“Lorsqu'ils
eurent accompli tout ce qui était selon la loi du Seigneur, ils
retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. L'enfant
croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce
de Dieu était sur lui.” (Luc 2, 33 à 40)
Ici, l'on peut
s'étonner un peu. Saint Luc écrit que la sainte famille retourna
à Nazareth, leur ville. Saint Matthieu, au contraire, laisse
entendre que la sainte Famille retourna à Bethléem pendant
quelque temps, jusqu'à l'arrivée des mages. En effet, il écrit :
“Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode,
voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, disant :
‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu
son étoile à l'Orient et nous sommes venus l'adorer’.”
(Matthieu 2, 1 et 2)
En réalité les deux
choses ont pu se réaliser. En effet, il est presque certain que
Joseph dut retourner plusieurs fois à Nazareth pour des raisons
évidentes : affaires à régler, outils à prendre, etc... Marie et
Jésus l'accompagnèrent probablement au moins une ou deux fois,
Marie étant trop heureuse de montrer son petit enfant, et
soucieuse de mettre un peu d'ordre dans sa maison abandonnée. Il
est possible aussi, que pour des raisons que nous ignorons, il
ait été demandé à Joseph de rester quelque temps à Bethléem :
des raisons familiales avec Zacharie, ou des travaux à terminer
à Bethléem. Marie ne s'inquiétait pas car elle savait que
“Dieu est pour nous refuge et force,
secours dans la détresse, toujours offert.”
Aussi était-elle “sans crainte, même si la terre était
secouée, si les montagnes s'effondraient au creux de la mer”.
Souvent elle regardait du côté du Temple et récitait :
“Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu, la plus
sainte des demeures du Très-Haut. Dieu s'y tient: elle est
inébranlable; quand renaît le matin, Dieu la secourt.” Puis
se tournant vers son Enfant béni, elle murmurait doucement,
presque comme une berceuse pour Jésus : “Il est avec nous, le
Seigneur de l'univers, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Venez et voyez les actes du Seigneur, il domine
sur les nations, il domine sur la terre !”
(du Psaume 46)
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