|
Innocent IV
qui, au premier concile de Lyon (1245)
accomplit le vœu...
Il faut
assurément chercher l'origine de la fête de la Nativité de
la sainte Vierge en Orient où le synaxaire de
Constantinople la marquait déjà au 8 septembre, selon ce
qu’avait décrété l’empereur Maurice (582+602). Il est
probable que l’Eglise de Jérusalem fut la première à honorer
le souvenir de la Nativité de Notre-Dame qu’elle célébrait
dans une basilique proche de la piscine probatique, sur
l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, serait
née la sainte Vierge.
La Nativité de
la sainte Vierge est mentionnée dans les homélies d'André
de Crète (660-740) : Aujourd'hui comme pour des noces,
l'Eglise se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté.
Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée,
l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier
état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient
obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ;
mais, lorsque naît la Mère de celui qui est la Beauté par
excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens
privilèges, elle est façonnée suivant un modèle parfait et
entièrement digne de Dieu. Et cette formation est une
parfaite restauration et cette restauration est une
divinisation et cette divinisation, une assimilation à
l'état primitif. Aujourd'hui, contre toute espérance, la
femme stérile devient mère et cette mère, donnant naissance
à une descendance qui n'a pas de mère, née elle-même de
l'infécondité, a consacré tous les enfantements de la
nature. Aujourd'hui est apparu l'éclat de la pourpre divine,
aujourd'hui la misérable nature humaine a revêtu la dignité
royale. Aujourd'hui, selon la prophétie, le sceptre de David
a fleuri en même temps que le rameau toujours vert d'Aaron,
qui, pour nous, a produit le Christ rameau de la force.
Aujourd'hui, une jeune vierge est sortie de Juda et de
David, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui
qui a reçu, suivant l'ordre de Melchisédech, le sacerdoce
d'Aaron. Pour tout dire en un mot, aujourd'hui commence la
régénération de notre nature, et le monde vieilli, soumis à
une transformation divine, reçoit les prémices de la seconde
création.
A Rome, on
célébrait alors la dédicace de la basilique du martyr Adrien
et il faudra attendre le pontificat du pape Serge I
(687-701) pour trouver une trace incontestable de la
célé-bration de la Nativité de la sainte Vierge où le Pape,
en sandales, faisait procession de la basilique Saint-Adrien
à celle de Sainte-Marie-Majeure. Les vieux livres
liturgiques assignaient à cette fête les mêmes chants qu'à
la solennité de l'Assomption.
Benoît XIV
(1740-1758), dans l’Histoire des Mystères et des fêtes,
raconte que chaque année, au 8 septembre, un solitaire
entendait des chants célestes ; quand il en demanda la cause
à Dieu, il lui fut répondu que c'était en l'honneur de la
naissance de la Vierge Marie qui se célébrait au Ciel et
qu'il en était averti car Marie étant née pour les hommes,
il devrait faire en sorte que cette fête fût aussi célébrée
sur terre. Le solitaire se rendit auprès du Pape qui, au
récit de la vision, institua la fête de la Nativité de la
sainte Vierge.
En France, la
fête la Nativité de sa sainte Vierge porta longtemps le
titre de Notre-Dame Angevine, rappelant que la Vierge
Marie, apparut, en 430, près de Saint-Florent, au saint
évêque Maurille d'Angers pour lui demander l'institution de
la fête de sa Nativité . Avec le concours efficace du roi
Robert le Pieux, Fulbert, évêque de Chartres (+1028)
contribua beaucoup à introduire la fête de la Nativité de la
sainte Vierge dans le nord du Royaume ; la nuit même de
cette fête, sa cathédrale ayant été détruite par un
incendie, il jeta les fondements de celle que nous
connaissons aujourd’hui, dédiée à la Nativité de Notre-Dame.
A la mort le
pape Célestin IV (1243), Frédéric II retint prisonniers des
cardinaux pour que le conclave ne se réunît pas ; les
prisonniers firent le vœu solennel de donner une octave à
cette fête s'ils étaient rendus à la liberté ; libérés, ils
élurent Innocent IV qui, au premier concile de Lyon (1245)
accomplit le vœu. Grégoire XI fit une vigile qui fut
célébrée à Anagni.
L'Ecriture ne
parle guère de la naissance de la Sainte Vierge et il faut
se référer ici aux traditions comme le firent les textes
apocryphes en termes merveilleux. |