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La naissance de saint
Jean Baptiste est un événement que l'Église fête comme une solennité
: lorsque celle-ci tombe un dimanche "ordinaire" après la Fête-Dieu,
on la célèbre de préférence au dimanche (c'était le cas en 2007).
Jean Baptiste est le
seul Saint, à part Marie, dont l'Église fête et la naissance et la
mort, celle-ci le 29 août. Il tient en effet un rôle très important
dans l'Histoire du Salut, car sa vie et son message sont intimement
liés à ceux du Christ.
L'Eglise fête cette
naissance le 24 juin, juste trois mois après l'Annonciation, quand
l'Ange avait annoncé à Marie qu’Élisabeth en était "à son sixième
mois", et Jésus naîtra six mois après, le 25 décembre. Rappelons
aussi que la fête de la Visitation a été ramenée au 31 mai, pour
être fêtée justement entre l'Annonciation et la naissance de Jean.
Comme celle de Jésus,
la naissance de Jean tient du miracle. La particularité des parents
de Jean est qu'ils sont âgés, ils étaient tristes, voire mortifiés
(Luc 1,25) de n'avoir point d'enfants. Cette situation reflète la
"vieillesse" de l'Ancien Testament qui ne pouvait plus produire de
fruit, et qui attendait ardemment la "nouveauté" du Sauveur.
Marie avait posé une
question à l'Ange : "Comment cela adviendra-t-il ?", un peu dans le
sens de : Je suis toute disponible, mais comment faire ? ; Zacharie
aussi a posé une question, mais avec doute : Ma femme et moi, on est
trop vieux, c'est impossible ! Marie s'ouvre totalement à Dieu, elle
qui dira à Cana : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le". Zacharie est
plus rationnel, et son petit raisonnement l'empêche de s'ouvrir à la
lumière divine. Là aussi, il figure le "vieux" Testament qui ne
peut plus parler, dont l'enseignement est muet, dans l'attente du
Verbe.
Comme l'avait dit
l'ange, l'enfant fut rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère
(Luc 1,15) : il tressaillira en effet en la présence de Marie,
inspirant à sa mère ces mots que nous répétons chaque jour : "Tu es
bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni" (Luc
1,42).
Grande joie à la
naissance de Jean ! Zacharie retrouve la parole : par ce signe Dieu
montrait que Jean était né pour annoncer la venue du Verbe. Cet
enfant reçoit un nom "nouveau", que personne ne portait dans sa
famille.
L'Évangile est très
sobre sur l'enfance de Jean. "Il demeura dans les solitudes" (Luc
1,80) ; il se prépare à sa mission dans le silence du désert, comme
Jésus avant sa vie publique, mais peut-être bien que Zacharie et
Élisabeth cachèrent très tôt leur enfant, sinon il aurait été
rejoint par la fureur d'Hérode lors du massacre des saints
Innocents.
Jean, ensuite, a
prêché, invité à la conversion, s'efforçant de "secouer" la foule :
"Produisez donc des fruits dignes du repentir" (Luc 3,8) ; "Celui
qui a deux tuniques, qu'il partage avec celui qui n'en a pas, et
celui qui a de quoi manger, de même" (Luc 3,11) ; "N'exigez rien
au-delà de ce qui vous est fixé" (ibid, v.13) ; "Ne molestez
personne… contentez-vous de votre solde" (ibid, v.14).
Préfigurant le Christ
et la vie consacrée, Jean a vécu dans le don total de sa personne à
Dieu, dans la chasteté parfaite, chose exceptionnelle à cette
époque. Et son message annonçait celui que Jésus allait proclamer :
conversion, générosité, miséricorde, pauvreté joyeuse, humilité.
Comme il était humble,
Jean ! Il aurait très bien pu céder à quelque sentiment de vanité en
voyant toute la foule qui l'écoutait, mais il resta très effacé :
"Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales (Luc
3,16)".
Jean a fait plus
encore. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle "Précurseur", au sens
propre de "qui court devant (pour annoncer)" : il a voulu témoigner
jusqu'au bout de la Vérité, sans craindre d'élever des reproches à
Hérode pour sa conduite ; il versa son sang pour la Vérité.
Charnière entre
l'Ancien Testament et le Nouveau, dernier des prophètes et premier
témoin du Christ, Jean a été le premier à dire : "Voici l'Agneau de
Dieu, qui enlève le péché du monde" ; on pourrait dire ainsi qu'il
fut le premier prêtre de la nouvelle Alliance, non pas
sacramentellement, mais par son message, son exemple, son attitude,
en un mot par toute sa vie.
Abbé Charles Marie de
Roussy |