Durant
la persécution de Dèce, Némésion, égyptien de naissance, fut
arrêté à Alexandrie, comme coupable de foi. Il ne lui fut pas
difficile de prouver son innocence. Ses ennemis l'accusèrent alors
d'être chrétien, et le conduisirent devant le préfet d'Egypte. Ayant
confessé généreusement sa foi, il fut battu et tourmenté beaucoup
plus cruellement que les voleurs. Le juge le condamna ensuite à être
brûlé avec les malfaiteurs les plus criminels. Némésion ne vit dans
son supplice que l'avantage d'imiter plus parfaitement son divin
Maître. Il y avait auprès du tribunal du préfet, quatre soldats,
Ammon, Zénon, Ptolomée, Ingénuus, et une autre personne qui se
nommait Théophile. Comme ils étaient chrétiens, ils encourageaient
le saint confesseur suspendu au chevalet. On les dénonça
sur-le-champ au préfet, qui ordonna de les décapiter. Mais il fut
frappé d'étonnement, lorsqu'il les vit aller avec joie au lieu du
supplice.
Héron, Ater, Isidore,
et Dioscore qui n'avait que quinze ans, furent aussi arrêtés comme
chrétiens, et conduits à Alexandrie durant la même persécution. Le
juge commença l'interrogatoire par le plus jeune, et il employa
successivement, pour le gagner, les caresses et les menaces ; mais
il ne put ébranler sa constance. Héron, Ater et Isidore
furent brûlés vifs, après avoir souffert d'horribles tortures. Le
juge renvoya Dioscore , à cause de sa jeunesse, en lui disant de
faire de sérieuses réflexions qui lui inspireraient de meilleurs
sentiments.
Saint Némésion est nommé dans le martyrologe romain, sous le 19
Décembre; mais l'Église honore en d'autres jours les saints martyrs
dont nous venons de parler.
Le martyrologe romain
nomme aussi en ce jour sainte Meuris et sainte Thée. C'étaient deux
ferventes chrétiennes, qui confessèrent Jésus-Christ à Gaza, dans la
Palestine, lorsque la persécution porta ses ravages dans cette
ville, ' sous les successeurs de Dioclétien. Elles triomphèrent
l'une et l'autre de la cruauté des hommes et de la malice du démon.
Meuris périt sous la main des bourreaux. Mais l'auteur de la vie de
saint Porphyre de Gaza, qui écrivait vers la fin du quatrième
siècle, nous apprend que sainte Thée survécut aux tourments qu'elle
avait endurés, et qu'elle ne mourut que quelque temps après. Les
reliques des deux saintes martyres furent déposées dans l'église qui
portait le nom de saint Timothée.
Pouvons-nous penser à
la ferveur des Saints, et au courage avec lequel ils souffrirent
pour la foi, sans nous sentir enflammés d'un désir ardent de marcher
sur leurs traces, autant du moins que notre faiblesse nous le
permettra ? Saint Macaire d'Egypte avait coutume de rapporter à ce
sujet l'apophtegme suivant, qui, quoique familier, est
très-expressif : « Un homme qui entre dans une boutique remplie de
parfums et qui y reste quelque temps, jouit d'une agréable odeur, et
est bientôt parfumé lui-même, quoiqu'il n'achète et ne touche rien.
De même que celui qui converse avec les saints Pères (ou qui lit le
détail de leurs actions en ressent une influence salutaire ; ils lui
montrent la véritable humilité ; leurs discours et leurs exemples
lui sont également utiles ; ils lui servent de défense et de rempart
contre les incursions des démons ».
SOURCE : Alban
Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard.
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