Nicolas Factor Frère Mineur

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Nicolas Factor
Frère Mineur, Bienheureux
1520-1583

Le père de Nicolas Factor était né à Syracuse, en Sicile, mais il habita quelque temps Valence en Espagne. Ce fut là que le Bienheureux vint au monde, le 29 Juin 1520. Sa piété et sa gravité se manifestèrent dès son bas âge. Dans son enfance , il jeûnait trois jours chaque semaine, et ses austérités ne firent qu'augmenter avec ses années. Il donna de bonne heure des signes non équivoques de son amour pour les pauvres et pour les infirmes. Il les assistait selon son pouvoir, se privait souvent pour eux de ses repas, et leur témoignait en les secourant un profond respect , s'agenouillant devant eux, leur baisant les pieds et les mains, et même leurs plaies les plus dégoûtantes. Les exemples de perfection chrétienne que donnait ce saint enfant touchèrent tellement une fille maure qui servait chez son père , qu'elle abjura le mahométisme et embrassa la vraie religion. Cette conduite de Nicolas envers les indigents et les affligés lui attirait quelquefois les railleries de ses compa-gnons, mais il leur rappelait que les pauvres sont les images de Jésus-Christ, et que, par le respect qu'il leur marquait, il honorait ce Dieu qui a daigné se faire pauvre pour l'amour de nous. Plus âgé, il allait fréquemment visiter les malades dans les hôpitaux, et il porta plusieurs personnes de la ville qu'il habitait à se livrer à cette bonne œuvre. Le père de ce vertueux jeune homme le destinait au commerce et lui proposa un mariage avantageux ; mais Nicolas le refusa respectueusement. Plein de mépris pour les biens du monde, il pria son père de disposer en faveur des pauvres, d'une somme d'argent considérable destinée à son établissement. Après de sérieuses réflexions sur le choix d'un état, il se décida pour la vie religieuse, et entra secrètement, en 1537, dans le couvent des Observantins de Valence. Ayant obtenu ensuite le consentement de ses parents, il sollicita du supérieur l'habit de religion, plus encore par ses larmes que par ses prières. A la suite de son noviciat, dont il passa le temps de manière à édifier toute la communauté, il prononça ses vœux, reçut les ordres sacrés, et se livra ensuite tout entier à la prédication de la parole de Dieu.

On ne peut dire jusqu'à quel point l'innocence des mœurs de Nicolas, son affabilité, sa modestie et toutes les autres bonnes qualités que l'on remarquait en lui rendaient ses prédications fructueuses. Il serait impossible de compter le nombre d'âmes égarées dont il a dissipé les erreurs, et de pécheurs qu'il a tirés du bourbier du vice, pour les faire marcher dans les sentiers de la vertu. « Il n'appartient pas à toutes sortes de personnes, dit un célèbre orateur[1], de prêcher la croix. C'est une vérité éternelle, qu'il faut porter sa croix ; et que .pour la porter en chrétien, il faut la porter volontairement jusqu'à l'aimer, jusqu'à s'en glorifier Mais cette vérité, quoique éternelle, n'a pas la même grâce dans la bouche de tout le  monde. » Cette grâce dont parle Bourdaloue, le saint religieux la possédait dans un degré éminent. Ses auditeurs, en l'entendant parler de la voie étroite, se laissaient aisément persuader, parce qu'ils voyaient en lui un homme crucifié au monde, à ses pompes et à ses délices, un modèle de cette vie de renoncement et de cet esprit de ferveur dont ses sermons faisaient sentir la nécessité. Il n'est point de pratique de mortification, autorisée par l'exemple des Saints, dont il n'usât dans toute sa rigueur. Sa coutume était de prendre trois fois la discipline avant de monter en chaire. Il marcha pieds nus jusqu'au moment où ses infirmités le lui eurent rendu impossible. Il portait constamment le cilice, observait un jeûne rigoureux, et les historiens de sa vie rapportent que pendant deux ans il ne prit de sommeil que dans une posture très-pénible. Malgré cette austère pénitence, son visage paraissait toujours frais et agréable. Rigide observateur de la règle, il vécut dans la pratique exacte et constante de l'obéissance, de la pauvreté et de la chasteté. Quoique d'une pureté de conscience si grande, que l'on croit qu'il n'a jamais commis aucun péché mortel, ce saint homme exerçait sur lui-même une vigilance continuelle, bien propre à couvrir de confusion tant de chrétiens qui ne craignent aucun danger pour leur âme. Sa prudence et son habileté dans les voies spirituelles le firent choisir pour gardien, et ensuite pour maître des novices. C'était par ses discours et ses exemples, mais surtout par sa douceur, qu'il cherchait à conduire à la perfection de leur état les sujets qui lui étaient confiés. Cette même douceur lui attirait la confiance des jeunes religieux, et ne lui était cependant rien de l'ardeur de son zèle, quand il s'agissait de sauver les pécheurs. Instruit quelquefois par une lumière intérieure, du péril que couraient pour leur salut des criminels livrés au désespoir et prêts à se donner la mort, il allait les trouver avec empressement, les arrachait au trépas et au démon, et obtenait d'eux la confession de leurs crimes. Les plus vertueux personnages de l'Espagne qui vivaient de son temps, tels que saint Louis Bertrand, saint Pascal Baylon et le B. Jean de Ribera, archevêque de Valence, avaient pour ce parfait religieux une affection singulière ; ils publiaient à haute voix sa sainteté, et saint Louis Bertrand disait que  « quoique Nicolas Factor parût être et fût réellement sur la terre, il était néanmoins dans le ciel et jouissait, par anticipation, des délices éternelles de l'autre vie. »

Ayant été appelé à Madrid par Jeanne d'Autriche, sœur de Philippe II, pour y diriger les religieuses déchaussées que l'on appelle royales, il remplit cet emploi avec une sagesse qui lui mérita de nouveaux éloges. Mais quelles que fussent ses occupations extérieures, il était constamment uni à Dieu d'une manière intime par la prière et la méditation. Des faveurs surnaturelles et extraordinaires furent la récompense de sa fidélité. Il avait de fréquentes extases, et il y tombait surtout lorsqu'il s'occupait du mystère auguste de l'Eucharistie. Ce que la voix publique en rapportait et certaines pratiques de dévotion de ses disciples attirèrent l'attention de l'inquisition. Le saint religieux fut appelé devant le tribunal de Tolède, qui, après un sévère examen de sa conduite, non seulement déclara qu'il était irréprochable, mais exprima sa haute admiration pour ses vertus et lui donna de grandes louanges.

Peu de temps après cet événement, Nicolas tomba malade : il connut sans doute que sa fin était proche, car il s'occupa du lieu de sa sépulture ; et par un trait d'humilité remarquable, il demanda instamment qu'on l'inhumât dans une étable. Lorsqu'on lui eut appris qu'il touchait à son terme, un air de satisfaction se répandit sur son visage, et on l'entendit prononcer avec force ces paroles de David : « Je me suis réjoui des choses qui m'ont été annoncées. » Enfin, plein de-jours et de mérites, il rendit paisiblement son âme à Dieu dans le couvent de Jésus, à Valence, le 23 Décembre 1583, à l’âge de soixante-trois ans. La grande réputation de sainteté dont ce parfait religieux avait joui pendant sa vie ne diminua point après sa mort. Le roi d'Espagne Philippe II, les magistrats et le peuple de Valence, présentèrent, en 1586, une supplique au Pape Sixte V, pour obtenir sa canonisation. Le Pape Pie VI l'inscrivit au catalogue des Bienheureux le 26 Août 1786.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-Fran-çois Godes-card.

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[1] Bourdaloue, sermon pour la fête de saint André.

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