Ode de Hainaut Vierge

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Ode de Hainaut
Vierge, Religieuse Prémontré, Sainte
† 1158

Ode naquit, dans le Hainaut, de parents nobles et pieux ; elle eut pour père Wibert et pour mère Thesceline. Dès ses plus tendres années elle apprit à fuir les attraits du monde, elle aimait la pureté de l'âme et celle du corps, et «elle fit à Dieu le sacrifice de sa beauté, qui était remarquable, quoique ses parents l'eussent destinée pour devenir l'épouse d'un jeune homme nommé Simon, qui, par ses bonnes mœurs, sa naissance et sa fortune, méritait toute leur confiance. Les deux familles s'étaient entendues et avaient fixé le jour du mariage, sans qu'Ode y eût consenti. Son obéissance envers ses parents la fit aller à l'église pour se marier; mais le prêtre lui ayant demandé à trois reprises si elle était venue librement et volontairement, elle ne répondit pas, jusqu'à ce que, cédant a une des dames qui étaient auprès d'elle, elle déclarât publiquement, qu'elle ne voulait ni de l'époux qui était présent, ni de tout autre époux, puisque depuis sa jeunesse elle était unie à celui, à qui elle voulait être fidèle à jamais. Tout le monde demeura interdit de cette réponse, et Simon, qui se croyait méprisé, dit à son tour qu'il ne la voulait pas pour épouse.

Les parents retournèrent chez eux pleins de confusion et de trouble. Le père alla trouver Simon, lui fit des excuses et lui promit de faire changer les sentiments de sa fille. Mais Ode, apprenant le projet de son père, se rendit à la maison, s'enferma dans sa chambre et après avoir prié Dieu avec ferveur, elle se défigura le visage avec un couteau, afin de pouvoir tenir la promesse qu'elle lui avait faite. Elle resta assez longtemps dans sa chambre sans que l'on découvrît son état, jusqu'à ce que les membres de la famille, craignant qu'elle ne fût évanouie, frappassent à sa porte. Voyant qu'elle n'ouvrait ni ne parlait, ils ouvrirent eux-mêmes, et virent avec étonnement et effroi ces traits naguère si beaux entièrement effacés par le sang qui les couvrait. Rien ne put adoucir la tristesse des parents de la jeune fille.

L'abbé de Bonne-Espérance, ayant eu connaissance de ce fait, envoya deux de ses religieux pour savoir ce qui en était, pour consoler les parents et connaître les intentions de la fille. Ceux-ci ayant appris qu'Ode n'avait d'autre désir que de quitter le monde et que l'action qu'elle venait de faire avait pour but de la rendre incapable d'y rester, firent leurs efforts pour obtenir, à cet effet, le consentement du père, efforts longtemps infructueux, jusqu'à ce qu'enfin, entièrement convaincu, il permît à sa fille de suivre sa vocation. Dès que l'abbé fut informé de cette résolution, il se rendit lui-même auprès d'Ode, qui se jeta aussitôt à ses pieds, et, après quelques moments de conférence avec lui, elle prit congé de ses parents et de ses amis, et fut conduite par l'abbé Odon dans le monastère qui était à Rivroëlles[1].

Ode se voyant délivrée de toutes les entraves, servit Dieu avec ferveur et dévotion dans le couvent, et se soumit volontairement à toutes les abstinences et austérités, mais surtout aux mépris et aux humiliations : car elle fut regardée, quelque temps après, comme attaquée de la lèpre, et séparée du reste de la communauté ; ce qu'elle supporta avec la plus grande patience et humilité. Mais cette épreuve l'éleva à un si haut degré de vertu, qu'on la jugea enfin digne de diriger les autres. Devenue supérieure, elle ne se montra ni hautaine ni orgueilleuse ; mais affable et douce envers ses inférieures, qu'elle guida si bien dans le chemin de la perfection, qu'elles eurent le bonheur de l'atteindre.

Elle avait beaucoup de vertus, mais celle qui brillait le plus en elle, c'était sa compassion pour les pauvres malades. Non seulement elle soignait et consolait ceux que renfermait le couvent ; elle avait encore une personne de confiance par laquelle elle venait au secours de ceux du dehors. En un mot, ses traits portaient le cachet de sa sainteté, ses mœurs celui de l'honnêteté et ses conseils celui de la sagesse ; son corps et son esprit trahissaient une admirable candeur et une charité qui se répandait sur tous. Lorsqu'elle eut rempli la mesure de ses jours, et qu'elle fut sur le point de recevoir le prix de tous ses travaux, elle fut attaquée d'une fièvre, qui augmenta de jour eu jour et qui était accompagnée de beaucoup d'autres maux, qui la purifièrent et la rendirent digne d'être présentée à son céleste Époux. Cependant elle ne négligeait pas de prier encore nuit et jour pour le salut de son âme et de rendre à ses sœurs tous les soins qu'elle pouvait leur donner. Celles-ci l'ayant priée un jour de vouloir employer ses prières pour elles, elle leur répondit : « Pourquoi demander cela à une pécheresse comme moi, qui n'ai aucun pouvoir, qui ne me souviens pas d'avoir fait une seule bonne œuvre ? Priez plutôt Dieu pour moi, afin que mes péchés me soient remis, et que mon âme, en sortant de cette vie, entre dans le sein d'Abraham. » Après avoir fait ses Pâques et avoir e’été munie des SS. Sacrements, elle rendit l'âme le 20 Avril 1158.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] L'abbaye de Bonne-Espérance , de l'ordre de Prémontré, était située près de la ville de Biache en Hainaut, diocèse de Cambrai. Elle était élective et régulière et fut fondée vers l'an 1126, par Rainaud de la Croix et Béatrix sa femme, en considération de leur fils Guillaume religieux de Prémontré. Ils cédèrent pour ce nouvel établissement leur terre de Ramignies ( Villa Ramelgiarum ). Le lieu où le monastère fut commencé n'étant pas commode, on le rebâtit d'abord en un autre endroit appelé les Essars de Richewin ( Sarta Richewini), et de là on le transféra ensuite à Bonne-Espérance, où il était déjà en 1126. Odon, le premier abbé, occupa ses religieux au travail des mains, à transcrire des livres, à l'étude et à la prédication. Aussi donna-t-on dans la suite des cures à sou monastère pour travailler à la sanctification du peuple et pour servir de modèle aux curés séculiers. Son grand zèle pour la régularité l'excita à bâtir vers l'an 114o un couvent pour des chanoinesses de l'ordre de Prémontré, sur un fond à Rivroëlles, près de son abbaye. Ce fut dans cette maison, toujours unie à l'abbaye de Bonne-Espérance , que la vénérable Ode fut conduite par l'abbé Odon. — Voyez la vie de saint Norbert, par Louis Charles Hugo, p. 337-34o, et Gallia Christ. not>., t. III, col. 199.

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