SOYEZ LES BIENVENUS SUR LE SITE DES AMIS D'ALEXANDRINA - SEDE BEM-VINDOS AO SITE DOS AMIGOS DA BEATA ALEXANDRINA

Troisième Dimanche de PÂQUES
— A —

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres (II 14 & 22b-28)

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d'une voix forte : Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd'hui , écoutez bien ce que je vais vous dire. Il s'agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l'a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n'était pas possible qu'elle le retienne en son pouvoir. En effet, c'est de lui que parle le psaume de David : Je regardais le Seigneur sans relâche, s'il est à mon côté, je ne tombe pas. Oui, mon cœur est dans l'allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l'espérance : tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton ami connaître la corruption. Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence.»

 

Psaume 15

Garde-moi, mon Dieu, car j'ai mon refuge auprès de toi,
j'ai dit au Seigneur : C'est toi le Seigneur.
Seigneur, ma part d'héritage et ma coupe,
c'est toi qui portes mon destin.

Je bénis le Seigneur qui m'instruit,
même la nuit, ma conscience me reprend.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
s'il est à mon côté, je ne tombe pas.

Mon cœur est plein de joie et mon âme d'allégresse,
ma chair aussi repose en confiance ;
tu ne peux m'abandonner à la mort,
ni laisser ton ami voir la corruption.

Tu m'apprendras le chemin de la vie :
parfaite est l'allégresse
en présence de ta face ;
et à ta droite, la joie ne finit pas.

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre (I 17-21).

Frères, vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d'après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n'est pas l'or et l'argent, car ils seront détruits, c'est le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut et sans tache. Dieu l'avait choisi dès avant la création du monde, et il l'a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers. C'est par lui que vous croyez en Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon Saint Luc (XXIV 13-35).

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.

Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.

Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc tout en marchant ? »Alors ils s’arrêtèrent tout tristes ! L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul, de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les évènements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels évènements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié. Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui les concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin. Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Ecritures ? » A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontèrent ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

 

Les “pèlerins d’Emmaüs”

L’épisode des “pèlerins d’Emmaüs” a lieu au soir de la Résurrection, ce qui explique qu’il est proposé pour les messes célébrées en fin de journée le jour de Pâques. Chronologiquement, l’épisode fait suite à l’apparition du Christ ressuscité aux Apôtres, que nous lisions dimanche dernier.

En effet, Jésus apparut aux Apôtres réunis au Cénacle (en l’absence de Thomas) “le soir” (Jn 20:19) ; les pèlerins d’Emmaüs trouvent “les onze Apôtres”, donc avec Thomas, cette fois-ci ; bien vraisemblablement, les Apôtres ont regretté amèrement l’absence de leur ami Thomas, et sont allés lui parler de La nouvelle. Malgré son doute, Thomas les a accompagnés, mais le récit d’Emmaüs ne l’a pas encore convaincu et il a dû se retirer, car c’est “huit jours plus tard” que Jésus se montrera à lui (évangile de dimanche dernier), tandis qu’après le récit d’Emmaüs, saint Luc poursuit : “Ils parlaient encore, quand Jésus se tint au milieu d’eux” (Lc 24:36sq). Pas de chance, Thomas !

Saint Luc raconte donc sans doute une apparition différente de celle dont parlait saint Jean, lorsque Jésus donna aux Apôtres le pouvoir de remettre les péchés. L’apôtre Jean raconte cette apparition dont il a été témoin, tandis que Luc — un simple disciple alors, donc pas un apôtre et pas encore l’évangéliste qu’il sera — pourrait très bien être l’un des deux disciples d’Emmaüs, et témoin oculaire de l’épisode ainsi que d’une deuxième apparition vespérale du Christ aux dix apôtres. La tradition parle d’ailleurs en ce sens.

Un “petit” détail encore concernant ces pèlerins d’Emmaüs : Luc dit que ce village était à “soixante stades” de Jérusalem, soit 185m x 60 = 11.100 mètres. Ils venaient de faire ces onze kilomètres, dont une partie accompagnés par Jésus, à Emmaüs ils ont mangé à la tombée de la nuit ; il pouvait être 8 heures du soir… Sur place, ils se remettent en route pour Jérusalem, tellement transportés de joie qu’ils veulent immédiatement communiquer aux Apôtres ce qu’ils ont vécu. Même joyeux, même réconfortés par le pain de Jésus, ils forcent notre admiration pour leur zèle. Ils me rappellent l’empressement qui poussa Marie, après l’Annonciation, à aller trouver sa cousine Elisabeth ; et Nazareth était pourtant à 110 km de Jérusalem… Quand l’amour nous porte, rien ne nous arrête.

Luc et son compagnon arrivent donc auprès des Apôtres, qui leur parlent de l’apparition d’une façon très particulière : “Le Seigneur est ressuscité ; il est apparu à Simon-Pierre”, alors que tous viennent de Le voir. A moins que Pierre ait eu lui-même une autre apparition du Ressuscité — ce qui est aussi très probable, les apôtres se montrent ici discrets, respectueux de la sainte hiérarchie constituée par Jésus : simplement, ils se contentent de nommer d’abord leur “aîné”, Simon-Pierre ; dire que Jésus soit apparu à Simon leur suffit — et nous apporte un enseignement de discrétion et de respect.

Tandis que nous lisons un extrait de la même épître de saint Pierre que dimanche dernier, la première lecture nous fait entendre, toujours de la bouche de Pierre, une magnifique exégèse du psaume 15 — que nous chantons après la lecture. Pour les Juifs, ce psaume 15 de David posait quelques questions, car David semble parler de lui-même en disant, à la première personne : “Tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton Fidèle connaître la corruption”. En effet, David était bien mort, son tombeau était là, à Jérusalem, et après dix siècles, il ne devait pas rester beaucoup d’éléments de son corps, même momifié avec le soin qu’on connaît. Pierre explique donc que David a prophétisé, et parlé au nom de son Descendant. Dans le psaume 15, c’est Jésus qui parle, qui prie Son Père et proclame Son union totale avec Yahwe ; cet Homme qui ne connaîtra pas la corruption, c’est le Messie ressuscité.

Nous entendons saint Pierre parler avec une assurance qui tranche totalement avec son précédent reniement au moment de la Passion. Si Jésus-Christ n’était pas ressuscité, Pierre n’aurait jamais pris la parole publiquement, en plein Jérusalem, pour prêcher au nom d’un mort disparu (puisque les gardes ont été payés pour témoigner en ce sens (Mt 28:13sq), et encore moins pour expliquer l’Écriture d’une façon bien différente que ne le faisaient les prêtres du Temple.

Cette force de conviction ébranle vraiment les cœurs. Nous aurions bien besoin, nous aussi, de nous armer de cette conviction. Nous lirons dimanche prochain que “la communauté augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes”. Voilà un “résultat” qui devrait beaucoup stimuler notre zèle missionnaire : encore dans les siècles récents de fortes communautés ont montré leur courage et nous ont donné l’exemple de courageux martyrs : Ouganda, Congo, Viêt-Nam, Corée, Japon, Océanie, Soudan, Éthiopie, Mexique…

Le sang des martyrs, c’est une semence de Chrétiens.

Abbé Charles Marie de Roussy

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :

alexandrina.balasar@free.fr