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Demandons
intensément à Dieu des vocations sacerdotales
Le psaume
de ce dimanche est à nouveau le 117, qui pourrait s’appeler
“le” psaume résurrectionnel par excellence. Le psalmiste y
évoque l’éternelle Bonté de Dieu, puis successivement la
passion et la victoire, la pierre rejetée par les bâtisseurs
mais devenue pierre d’angle, et le Jour nouveau, le Jour de
Dieu.
Les
habitués de la Louange des Heures prient ce psaume chaque
dimanche dans son intégralité ; ici il est un peu tronqué,
mais pendant tout le Temps Pascal, on ne cesse de répéter ce
verset allélouïatique : “Voici le jour que Dieu a fait :
exultons et réjouissons-nous en ce Jour”.
De même
que Dieu créa la lumière le premier jour, de même le jour de
la Résurrection, huit jour après, est le jour de la nouvelle
créature, le jour de la nouvelle vie, le nouveau jour. Dans
l’ancienne Alliance, le jour du repos était le septième, le
jour du sabbat, le jour où Dieu “se reposa de la
création”. En réalité, ce sabbat préfigurait le jour de
l’attente, au lendemain de la mort du Christ. Puis, quand le
Sauveur réapparaît vivant, ressuscité, ce jour glorieux
devient dans la nouvelle Alliance “le” jour de Pâques, le
jour de la fête, et désormais le jour où les fidèles se
retrouvent pour célébrer la mort et la résurrection du
Christ.
Pâques
est vraiment le Jour que Dieu a fait. Cette lumière que Dieu
crée au premier jour et qu’il recrée en la résurrection de
Christ, n’est pas la lumière du soleil, qui fut créé
seulement au quatrième jour. Le soleil n’est qu’une étoile,
qui nous éclaire et nous réchauffe, et que la lune reflète
la nuit ; mais le soleil n’est pas “toute” la lumière. Les
physiciens sauront mieux nous expliquer que l’ultime
constituant de la matière et de l’atome, réduit à son plus
petit élément, est un grain de lumière, de sorte qu’on
pourrait synthétiser la création tout entière comme un
concentré de lumière. Nous ne sommes que poussière, matière,
oui, mais surtout nous sommes lumière.
Cette
lumière fut ternie par le péché, mais la victoire de Christ
a conféré une nouvelle splendeur à la création, et
particulièrement à tous les hommes qui, recevant cette Vie
du Christ, se trouvent intimement unis à Christ dans sa
résurrection.
On entend
Pierre expliquer aujourd’hui qu’il a opéré la guérison du
boiteux au nom de ce Jésus crucifié et maintenant
ressuscité. On ne peut évaluer exactement combien de temps
est passé entre la Pentecôte et cette guérison, car le texte
des Actes dit seulement “qu’ils étaient chaque jour tous
ensemble assidus au temple” (Ac 2:46) ; quelques
semaines probablement. Il reste que, d’après les Actes des
Apôtres, ce boiteux guéri est le premier cas de guérison
opérée par Pierre après la Pentecôte. A travers ce boiteux
dont parle la première lecture, nous pouvons entrevoir qu’il
s’agit de toute l’humanité qui aujourd’hui se redresse et
marche, au nom de Jésus ressuscité, dans cette Eglise qu’Il
vient de fonder dans l’eau et dans le sang.
Quelle
différence entre le Pierre d’il y a deux mois environ,
peureux, menteur, qui “ne connaît pas cet Homme”, et
le premier Pape qui, aujourd’hui, harangue les Juifs dans le
Temple de Jérusalem ! Entre temps, Pierre a pleuré son
péché, il a répété à Jésus son amour, et Jésus lui a confié
le soin du troupeau de Ses brebis et de Ses agneaux (Jn. 21
: 15sq).
Traditionnellement se lit aujourd’hui un fragment d’évangile
relatif au Bon Pasteur, tous extraits du chapitre 10 de
Jean. Le texte d’aujourd’hui mérite une petite remarque de
simple stylistique. Le texte latin de “Je suis le bon
pasteur”, calqué sur le texte grec, dit ceci : “Ego
sum pastor bonus”. Un jeune élève trouvera que notre
traduction est parfaite ; mais après quelque temps, il
découvrira que l’ordre des mots de cette petite phrase est
tout-à-fait étonnant ; et dans une phrase latine, l’ordre
des mots est primordial, pour mettre en relief les
mots-clés.
Or, pour
commencer, le pronom personnel (Ego) ne s’écrit presque
jamais dans la phrase latine, sauf exception ; ensuite parce
que le verbe est d’ordinaire à la fin de la phrase ; enfin,
l’adjectif “bonus” est plus couramment placé avant le nom
qu’il qualifie, de sorte que notre phrase latine devrait
être : Bonus pastor sum, une petite phrase incomparablement
banale, et qu’on pourrait réellement traduire en français
par : je suis un bon pasteur. On remarquera aussi dans le
texte grec que la traduction y a mis un article (qui
n’existe plus en latin), signifiant que ce pasteur n’est pas
“un pasteur” commun, mais “le pasteur”, unique, Jésus.
Maintenant, notre jeune élève a compris qu’il “peut mieux
faire” et doit reprendre sa traduction. Et voilà ce qu’il
nous propose : “C’est moi qui suis le berger, le bon”,
ce qui sous-entend alors toute une exégèse pastorale et
spirituelle que nous ne finirons jamais d’explorer. Des
bergers, des pasteurs, saint Augustin écrit qu’on n’en
manquera jamais ; il y en a, mais ils ne doivent être
pasteurs qu’en Jésus, qu’à la manière de Jésus, en se
donnant comme Jésus, en aimant comme Jésus, en pardonnant,
en souriant, en souffrant comme Jésus.
En ce
dimanche du Bon Pasteur, l’Eglise nous fait prier pour les
vocations sacerdotales, pour que “le troupeau parvienne
là où son Pasteur est entré victorieux”. Pour cela,
demandons intensément à Dieu des vocations sacerdotales,
pour qu’Il appelle à Son service des hommes qui assument
tout l’amour de notre Pasteur pour Ses brebis.
Abbé Charles
Marie de Roussy
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