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Oh oui, viens, Seigneur Jésus !
Le récit que
nous lisons
aujourd'hui, des Actes des Apôtres, nous parle du martyre du
diacre Etienne, qui advint vers 36 après Jésus-Christ, en
tout cas quelques années après la mort du Seigneur, les
historiens ne s'étant pas encore accordés sur la date
précise de la naissance et donc de la mort de Jésus-Christ.
L'intérêt de
cette lecture aujourd'hui n'est pas à proprement parler le
martyre de saint Etienne, mais les paroles qu'il prononce
devant le Sanhédrin, au moment où ces Juifs endurcis
observent que son visage est "semblable à celui d'un
ange" (Ac 6:15), et que lui-même leur révèle qu'il voit
en ce moment "la gloire de Dieu et Jésus debout à la
droite de Dieu".
Entre ces deux
phrases, l'auteur des Actes - saint Luc - rapporte le long
discours d'Etienne, dans lequel il expose toute l'histoire
d'Israël, depuis Abraham jusqu'aux Prophètes, rappelant à
ceux qui l'écoutent toutes les trahisons successives de
leurs ancêtres, leur idolâtrie, leurs péchés graves. Le
texte dit que "leurs coeurs frémissaient de rage" (Ac
7:54). On voit par là que les membres du Sanhédrin n'ont pas
changé d'attitude depuis la condamnation du Christ Lui-même
: plusieurs années ont passé, les Apôtres ont donné leur
témoignage de la Résurrection, confirmant leurs paroles par
beaucoup de miracles (Ac 5:12,15-16), des foules entières se
sont converties, mais certains demeurent endurcis. C'est ce
que leur fait remarquer Etienne.
Ne pouvant les
convaincre, il va plus loin : il leur révèle alors sa vision
de Dieu et de Jésus. Mais alors la fureur de ces Juifs
endurcis touche à son comble : jusqu'ici, ils ne croyaient
pas, mais maintenant ils entendent l'expression même qu'ils
rejettent fondamentalement : le Fils de l'Homme est debout à
la droite de Dieu. Pour ces Juifs entêtés, cette phrase est
doublement "blasphématoire", en ce sens que d'une
part, d'après la Loi nul ne pouvait être égal de Dieu, et
que d'autre part les contemporains de Jésus ne voulaient pas
accepter qu'il fût à la fois Dieu et Homme ; or Etienne leur
dit précisément ici qu'il voit "le Fils de l'Homme debout à
la droite de Dieu". On se rappelle que dans l'Évangile,
Jésus se donne souvent le titre de "Fils de l'Homme", pour
bien rappeler son Incarnation. Et ces mots, dans la bouche
d'Etienne, veulent rappeler aux Juifs cet enseignement.
C'est alors
qu'Etienne fut lapidé, devenant le premier martyr, le
Protomartyr de l'Église, le premier à verser son sang après
l'apôtre Jacques.
Cette scène est
donc d'une grande importance, car c'est un témoignage
authentique que Jésus est bien monté aux Cieux, après sa
mission sur terre. Nous avons fêté cette Ascension jeudi
dernier ; Etienne nous confirme aujourd'hui cet événement
glorieux.
Les quelques
versets du Psaume 96 qui suivent, illustrent le règne de
Dieu : le Seigneur est Roi ! Il faut que ce Roi soit reconnu
de toute la terre, de toutes les îles les plus éloignées :
au premier siècle, on ne connaissait guère que les îles de
la Mer Égée, fort nombreuses, et c'était déjà une aventure
que de s'y rendre avec les bateaux de l'époque. Qu'on s'en
rende compte en lisant le récit d'une tempête, lorsque Luc
et Paul se rendent à Malte (Ac 27). Qu'auraient alors pensé
les Apôtres en apprenant qu'ils devaient aussi évangéliser
les îles du Pacifique, l'Indonésie ? Sans doute leur zèle se
serait enflammé pour entreprendre cette oeuvre ; mais leur
mission devait s'arrêter avant, et saint Thomas ne parvint
"que" jusqu'à l'actuelle Chine ; ce n'est qu'au XVe siècle
que nos missionnaires entrèrent au Japon et en Indonésie, et
seulement au XIXe que saint Pierre Chanel évangélisa Wallis
et Futuna avant de tomber martyr à son tour. Mais beaucoup
de ces populations connurent ensuite le christianisme "avec
joie", comme dit le psaume.
Devant la
majesté de ce Roi divin doivent s'agenouiller "tous les
dieux" : qu'appellerons-nous des "dieux" ? — Tous ces êtres,
toutes ces choses qui, dans notre vie, prennent la place de
Dieu : un chanteur célèbre... un joueur à l'apogée de sa
carrière sportive... pour lesquels se déplacent des foules
entières ; ne parlons-nous pas... d'idoles ? Il faut bien se
rendre à l'évidence : dans nos maisons, il y a souvent des
posters géants de nos "idoles", et parfois pas même un petit
cadre de la Vierge Marie, ni même un crucifix de notre
Sauveur.
Et que font
tant d'hommes, de femmes, de jeunes et d'enfants le
dimanche, le jour du Seigneur ? Ils vont courir,
s'entraîner, assister à une compétition, à un match,
délaissant la Parole de Dieu et l'Eucharistie.
Quand le
communisme était encore officiellement au pouvoir en Europe
de l'Est, certains dirigeants avaient imaginé d'organiser
des compétitions sportives le dimanche matin, exprès pour
détourner la jeunesse de l'Église. Ce fut un échec. Mais
dans nos pays où nous ne subissons aucune persécution, c'est
en toute liberté que tant de chrétiens se détournent des
églises, oubliant leur Dieu et leurs frères, pour suivre
leurs idoles préférées.
Il y a d'autres
idoles aussi : l'argent, les consommations dangereuses de
stupéfiants sous toutes les formes, les modes
vestimentaires... Que de temps perdu, que d'argent perdu !
Et Jésus-Hostie est seul dans les églises, personne pour lui
rendre une visite, pour parler avec Lui, comme un malade
qu'on oublie au fond d'un hôpital ou un vieillard dans une
maison de retraite. On doit même fermer les églises, par
peur des vols ou des dégradations, qui n'arriveraient pas si
elles étaient visitées. Et Jésus a bien promis : Je suis
avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation de ce
siècle (Mt 28:20). Quand on sait qu'un Ami est là, le
laisse-t-on seul dans son coin ?
Mais, dit le
psaume aussi, Dieu est tellement au-dessus de "tous les
dieux" : bien plus fort et bien plus haut que tous les
dirigeants, que tous les puissants, que toutes les
célébrités du monde... Une phrase d'un autre psaume est très
éloquente, qui dit : "Même s'ils donnent leur nom à leurs
terres, leurs tombeaux seront à jamais leurs maisons ;
l'homme... ressemble au bétail qu'on abat" (Ps
48:12-13).
Notre vie
est trop courte pour que nous la perdions en vanités. Un
seul but doit nous maintenir en éveil : la rencontre avec le
Christ glorieux, au terme de notre existence. Par la plume
de Jean, c'est ce Christ glorieux qui parle dans
l'Apocalypse : nous en lisons ici le tout dernier passage
qui en même temps clôt le Livre sacré de la Bible. Jésus
rappelle qu'il est le Premier et le Dernier, l'Origine et le
Terme de la Vie, l'Alpha et l'Omega.
Il se définit aussi comme l'Étoile resplendissante du matin,
c'est-à-dire une étoile à laquelle on peut toujours se
référer, même le matin au lever du soleil, car aucune étoile
du firmament ne se voit de jour. Le Christ est l'Étoile
vivante, toujours lumineuse, comme celle qui a guidé les
Mages d'Orient pour venir L'adorer à Bethléem, comme la nuée
lumineuse qui a guidé Israël dans le désert.
A la veille de
mourir, la pensée de Jésus-Christ va bien sûr aux Apôtres,
"ceux qui sont là", mais à travers eux et après eux,
à "tous ceux qui accueilleront leur parole", à nous
tous. Jésus vient de donner l'Eucharistie, et a dit aux
Apôtres : Faites ceci en mémoire de moi. Dans les longs et
sublimes chapitres 13 à 16 de Jean — le même qui écrira
l'Apocalypse — Jésus leur donne son ultime enseignement, les
exhortant à ne pas se laisser troubler. Puis c'est le
chapitre 17 : une solennelle prière que Jésus adresse à son
Père, une sorte d'action de grâces pour sa mission qui va
s'achever dans quelques heures, et dans quelles douleurs...
Jésus sait
qu'il va mourir et Il remercie le Père. Il prie pour les
Apôtres, pour l'Église naissante, et pour chacun de nous.
C'est l'évangile d'aujourd'hui.
Merci,
Seigneur, de prier Ton Père pour chacun de nous ; dans Ta
prière, nous sommes unis à Tes Apôtres, et par Toi, nous
sommes dans le Père. Le Père et Toi, vous êtes Un dans
l'Amour ; que l'Amour nous conserve tous dans l'Unité, par
la présence de l'Esprit dans ton Église, même si cette
Église est accusée lâchement, insultée, secouée par les
flots du monde et des idoles.
Seigneur,
remets l'unité dans nos familles.
Oui, Seigneur,
que nous soyons Un avec nos Pasteurs, nos Prêtres, nos
Évêques, avec le Pape, ton Vicaire sur terre. Garde en nous
l'Amour, Seigneur, et que le monde reconnaisse que nous
sommes Tes disciples, à cet amour que nous aurons les uns
pour les autres (cf. Jn 13:35).
C'est dans
l'Amour que toute l'Église attend le retour de Jésus.
Oh oui, viens,
Seigneur Jésus !
Abbé Charles
Marie de Roussy
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