Paul de Latre Anachorète

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Paul de Latros
Anachorète, Saint
† 956

Paul était fils d'un officier qui servait dans les armées de l'empire, et qui fut tué en combattant contre les mahométans. Eudocie, sa mère, quitta Pergame en Asie, où elle était née, et se retira dans la Bithynie, avec ses deux fils Basile et Paul dont nous donnons la vie. Basile était l'aîné. Il refusa un mariage avantageux Saint Paul de Latrosqu'on lui proposait, et alla prendre l'habit monastique sur le mont Olympe. Peu de temps après, il choisit pour sa demeure la laure de sainte Elie, afin d'y mener une vie plus solitaire. Il se retira depuis à Brachiane, près du mont Latros. Sa mère étant morte, il engagea Paul, son frère, à embrasser le même état que lui. Paul, malgré sa jeunesse, sentait déjà le néant et les dangers du monde. Il suivit le conseil de son frère, qui le mit sous la conduite de Pierre, abbé du monastère de Carye, sur le mont Latros. Basile retourna au mont Olympe, et mourut abbé de la laure de S. Elie.

Paul priait continuellement, et pratiquait des austérités extraordinaires. Il ne se couchait point pour dormir, il s'appuyait seulement contre un arbre ou contre une pierre. On ne lui entendit jamais dire une parole oiseuse. Etant occupé à la cuisine, la vue du feu lui rappelait celui de l'enfer, et lui faisait verser beaucoup de larmes.

L'amour de la pénitence et de la solitude lui fit demander la permission de vivre en anachorète ; mais son abbé la lui refusa à cause de sa jeunesse. Il l'obtint du successeur de Pierre. Il se renferma d'abord dans une grotte sur le sommet du mont Latros. Il n'eut pendant quelques semaines que des glands verts pour nourriture, ce qui le faisait vomir jusqu'au sang. Au bout de huit mois, l'abbé le rappela dans le monastère de Carye. Peu de temps après il lui permit de suivre sa vocation. Paul se retira dans une grotte située sur une roche très-élevée. Les trois premières années, il souffrit de grandes tentations dont il triompha par la ferveur et la continuité de ses prières. Un paysan lui apportait de temps en temps quelques petites provisions; mais ordinairement il vivait des herbes sauvages qui croissaient sur la montagne. Ayant besoin d'eau, Dieu fit sortir près de sa caverne une fontaine qui coula toujours depuis.

Son nom devint bientôt célèbre ; ou connut sa sainteté dans les provinces voisines : plusieurs personnes voulurent vivre sous sa conduite, et il se forma une laure près de sa caverne. Quoiqu'il eût si peu de soin de son corps, il pourvut abondamment aux besoins de ses disciples, pour leur ôter tout prétexte de relâchement. Douze ans se passèrent de la sorte. Paul, importuné des visites fréquentes qu'il recevait, sortit secrètement de sa solitude, et alla se cacher dans le lieu le plus solitaire de la montagne. Il venait néanmoins de temps en temps à la laure pour encourager les frères. Il les menait quelquefois dans les bois pour y chanter les louanges de Dieu. Un de ses disciples lui ayant un jour demandé pourquoi il paraissait tantôt gai, tantôt triste, il lui fit cette réponse : « Quand rien ne me dé tourne de la contemplation, j'éprouve une si grande joie, que j'oublie la nourriture et toutes les choses terrestres ; mais on m'afflige lorsqu'on m'interrompt, et qu'on m'oblige à parler. » Il y avait certaines occasions où il découvrait une partie des merveilleuses communications de son âme avec Dieu, et des faveurs singulières qu'il recevait du Ciel.

Le désir d'une plus grande retraite lui inspira le dessein de passer dans l'île de Samos. Il s'y retira dans une caverne sur le mont Gercès. Il y fut bientôt découvert. Il lui vint des disciples, et il rétablit les trois laures de cette île, que les Sarrasins avaient ruinées. Lorsque les moines de Latros eurent appris qu'il était à Samos, ils l'engagèrent à revenir parmi eux, et il se rendit à leurs prières. Il y vécut dans la pratique de la pénitence et l'exercice de la contemplation ; mais il ne refusait point d'instruire ceux qui s'adressaient à lui. L'Empereur Constantin Porphyrogénète, lui écrivait souvent pour le consulter sur des affaires importantes, et il se repentit toujours de n'avoir pas suivi ses conseils. Il reçut aussi des lettres des Papes, des évêques et de plusieurs princes. Sa tendresse pour les pauvres était si grande, qu'il leur donnait tout ce qu'il possédait, même sa nourriture et ses habits. Il voulut une fois se vendre comme esclave, afin de pouvoir assister quelques personnes qui étaient dans le besoin. Sentant approcher sa fin, il dicta des règles pour les moines de sa laure. Le 6 Décembre 956, il quitta sa cellule pour venir à la laure, et fit célébrer la messe plus tôt qu'à l'ordinaire. Il se coucha ensuite, et la fièvre le prit. Dans ses derniers moments, il ne cessait de prier Dieu et d'exhorter ses moines. Il mourut le 13 de Décembre, jour auquel il est honoré dans l'église grecque.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

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