Pierre Gonzalez naquit,
l'an 1190, dans la ville d'Astorga, en Espagne, d'une famille
distinguée. Son oncle,
évêque
de Palencia, charmé de ses talents, le pourvut d'un canonicat et le
fit ensuite nommer doyen du Chapitre de sa cathédrale.
Le jour de sa prise de
possession, Gonzalez, naturellement vaniteux, voulut traverser la
ville sur un cheval superbement paré. C'est là que la Providence
l'attendait: sa vanité se repaissait des applaudissements de la
foule, quand le cheval se cabra, renversant dans la boue
l'orgueilleux cavalier, au milieu des huées de la populace. Cette
humiliation fut un coup de la grâce. Pierre se releva tout confus,
et dit à haute voix: "Puisque le monde se moque de moi, je me
moquerai de lui à mon tour." Il tint parole.
Dans la solitude, le
jeûne et la prière, il dompta son orgueil et devint un modèle de
pénitence et d'humilité. Décidé à rompre entièrement avec le siècle,
il se démit de sa dignité pour se faire humble enfant de
Saint-Dominique et employer ses talents à gagner des âmes au Ciel.
Il passait la plus
grande partie des nuits à méditer, à prier, à étudier, et consacrait
le jour à instruire les fidèles. Les libertins fondaient en larmes à
ses sermons, et venaient à ses pieds avouer leurs désordres: il fut
l'instrument d'une multitude de conversions.
Le roi d'Espagne
Ferdinand III voulut attacher Gonzalez à sa personne et l'emmener
partout avec lui, même à la guerre. Le saint religieux profita de la
confiance du prince pour procurer la gloire de Dieu et il vint à
bout de réformer bien des désordres, vivant toujours à la cour ou
dans les camps, avec la même austérité et la même régularité que
dans le cloître.
Quelques seigneurs
licencieux résolurent de le perdre et gagnèrent à prix d'argent une
courtisane pour le séduire. Gonzalez, comprenant les intentions de
la malheureuse, allume un grand feu et se place au milieu, enveloppé
de son manteau. A la vue de ce prodige, la misérable tombe à genoux
et se convertit sincèrement; les seigneurs qui l'avaient gagnée en
firent autant.
Cependant, malgré
toutes les sollicitations du roi, Gonzalez quitta la cour: ayant
assez fait pour les grands, il aspirait à instruire et à consoler
les pauvres habitants des campagnes. Il passa le reste de sa vie à
les évangéliser, avec un incroyable succès: les montagnes les plus
escarpées, les lieux les plus inaccessibles, la grossièreté ou
l'ignorance des populations enflammaient sa charité; des miracles
accompagnaient ses paroles et leur faisaient porter de merveilleux
fruits, surtout parmi les marins espagnols.
Un jour qu'il prêchait,
le démon souleva un orage épouvantable, et la foule s'enfuyait déjà
cherchant un abri, quand Gonzalez, par un grand signe de Croix,
divisa les nuages, de sorte qu'il ne tomba pas une goutte d'eau. Il
délivra très souvent par miracle des matelots qui avaient imploré
son secours dans le danger.
Pierre Gonzalez
connaissant, par révélation, sa fin prochaine, voulut se retirer à
Compostelle, pour y mourir entre les bras de ses frères en religion;
mais il tomba gravement malade à Tuy où il prêchait le carême, et y
mourut le jour de Pâques, l'an 1246, à l'âge de cinquante-six ans.
Ses reliques reposent dans la cathédrale de cette localité.
Saint Pierre
Gonzalez, connu en Espagne sous le nom de saint Elme, est représenté
marchant sur les eaux et tenant une flamme. Cette flamme désigne le
feu de saint Elme.
Il est quelquefois représenté avec cette flamme sur le front. Il est
le patron des marins.
SOURCE : Frères
des Écoles Chrétiennes,
Vie des Saints,
1932, p. 164-165; Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les
jours de l'année, Tours, Mame, 1950. |