Pélagie
était comédienne à Antioche, quoiqu'elle se fût fait inscrire
parmi les catéchumènes. Mais Dieu l'ayant touchée par des remords
salutaires, elle renonça à cette profession criminelle. Voici de
quelle manière sa conversion est rapportée dans les Menées dont on
se servait dans l'Eglise grecque, et que l'empereur Basile a
publiées. Le patriarche d'Antioche avait assemblé dans cette ville
un concile composé de plusieurs évêques. S. Nonnus,
un d'entre eux, fut prié d'annoncer la parole de Dieu au peuple ; il
prêcha devant l'église de Saint-Julien le martyr, en présence des
autres évêques. Pendant son discours passa Pélagie, toute couverte
d'or et de pierreries. Sa beauté, relevée encore par la richesse et
l'élégance des parures, attira l’attention de l’assemblée. Les
évêques détournèrent les yeux pour n'être pas témoins d'un spectacle
si scandaleux. Mais Nonnus, regardant Pélagie, dit : « Dieu, par sa
bonté infinie fera miséricorde même à cette femme, l'ouvrage de ses
mains ». Pélagie s'arrêta tout à coup, et se joignit à l'auditoire
du saint évêque. Elle fut singulièrement touchée, et bientôt ses
yeux se remplirent de larmes. Le discours fini, elle alla trouver
Nonnus pour le prier de lui indiquer ce qu'elle devait faire pour
expier ses crimes, et de la disposer à recevoir la grâce du baptême.
Notre sainte
pénitente distribua tous ses biens aux pauvres, changea son nom de
Marguerite en celui de Pélagie, et résolut de passer le reste de sa
vie dans l'exercice de la prière et dans les austérités de la
pénitence. Après son baptême, qu'elle reçut des mains de S. Nonnus,
elle se retira à Jérusalem, puis, ayant pris le voile de religieuse,
elle alla s'enfermer dans une grotte sur le mont des Oliviers. Elle
florissait dans le cinquième siècle. Phocas, moine de Crète, dans la
relation de son voyage de Palestine, qu'il fit en 485, donne la
description du mont des Oliviers, ainsi que de la grotte où sainte
Pélagie consomma le martyre de sa pénitence, et où l'on voyait ses
reliques renfermées dans une urne. Cette sainte est nommée en ce
jour dans le Martyrologe romain et dans les calendriers grecs et
moscovites ; mais elle est nommée sous le 5 d'octobre dans l'ancien
Marbre de Naples.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.
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