Le père de saint Pie X,
Jean-Baptiste Sarto, exerçait le métier de facteur rural. Il avait épousé
Margherita Sanson, un nom bien digne d'être honoré. L'aîné de ses dix enfants,
Joseph, devenu saint Pie X, a proclamé bien haut tout ce qu'il devait à sa
sainte mère. Cet enfant de prédilection grandit dans l'humble village de Riese.
Le jour de sa première communion, il promit à Dieu de rester chaste et de se
préparer à la prêtrise. Malgré l'obstacle de la pauvreté qui sévissait au foyer,
l'enfant était prêt à tous les sacrifices pour réaliser cet idéal.
Ses études terminées au grand
Séminaire de Padoue, la prêtrise lui fut conférée et il fut envoyé comme vicaire
à Tombolo, puis curé à Salzano, en Vénétie. Là, le choléra ayant éclaté, l'abbé
Sarto soigne ses paroissiens jour et nuit, les administre, les ensevelit.
Nommé évêque de Mantoue en 1884, il
s'objecte d'abord à cette élévation à l'épiscopat, mais devant l'insistance des
supérieurs, il se soumet à la décision des autorités ecclésiastiques. Mgr Sarto
se propose d'être tout à tous: «Mon peuple me trouvera toujours ferme à mon
poste, toujours doux et plein de charité.» Né pauvre, Mgr Sarto resta toujours
pauvre et au service des pauvres. Vivant modèle du troupeau, il donne l'exemple
d'une vie sainte et sacrifiée sans se démentir jamais.
Les degrés hiérarchiques qu'il ne
cessa de gravir sont marqués par son entière soumission à la volonté de Dieu et
une rare facilité d'adaptation. Il ne s'occupait pas du passé, de ses
aspirations personnelles, de sa liberté, mais abandonnait tout à la divine
Providence. En 1903, le souverain pontife Léon XIII expire et le cardinal Sarto
est choisi pour le remplacer. Devant ce choix inattendu, celui qui avait
toujours désiré demeurer simple curé de campagne, ne sut que balbutier la prière
de l'agonie: «Que ce calice s'éloigne de moi... Que la volonté de Dieu soit
faite...» Il dut prononcer à haute voix: «J'accepte.» Il termina plus bas: «In
crucem,» c'est-à-dire: «jusqu'à la croix.»
La confusion régnait au sein de l'Église
et de la société, la franc-maçonnerie lançait ses attaques sournoises et
déguisées, les hérésies modernes élevaient prétentieusement la tête. On accusa
saint Pie X d'opposer une barrière désuète au progrès. Mais rien n'ébranla le
courage et les convictions du chef de la chrétienté qui condamna fermement
toutes les erreurs qui tentaient de détruire subtilement la foi: «Nous
réprouvons ces doctrines qui n'ont de la vraie philosophie que le nom et
conduisent au scepticisme universel et à l'irréligion.» Possédant à un haut
degré le don du discernement des esprits, saint Pie X s'est constamment signalé
comme défenseur de l'intégrité de la foi en condamnant entre autres l'hérésie
moderniste qu'il a qualifiée de «carrefour de toutes les hérésies.»
En 1914, ce saint pape écrivit à
l'empereur d'Autriche pour le conjurer d'empêcher la déclaration de la guerre.
Devant l'inutilité de ses efforts, il s'offre généreusement à Dieu en victime
d'expiation pour le peuple chrétien et l'humanité toute entière. Le soir du 19
août 1914, le bourdon de Saint-Pierre sonnait le glas... «Un Saint est mort»
proclamait le peuple. En 1954, Pie XII canonisait celui dont on avait dit:
«L'histoire en fera un grand pape, l'Église en fera un grand Saint.» Saint Pie X
a été surnommé le pape de l'Eucharistie, car c'est sous son heureux pontificat
que les petits enfants furent appelés à communier dès l'âge de raison.
Résumé O.D.M. |