Pierre
d'Alexandrie, père de l'Église du
IVe siècle.
Il dirigea la célèbre école théologique d'Alexandrie
avant de devenir évêque. Lors de la persécution de 303, il préféra
se cacher pour continuer à servir l'Église ; ce qui
lui fut reproché
par un de ses prêtres qui créa ainsi une Église schismatique d'où
est sorti plus tard l'hérésie d'Arius.
En
311,
il fut arrêté et condamné à être décapité.
Résumé biographique
Il devint évêque
d'Alexandrie en 300 et fut martyrisé en novembre 311. Selon Philippe
de Sidètes il fut un moment à la tête de la fameuse école
catachétique d'Alexandrie. Son importance théologique vient du fait
qu'il a marqué, et très probablement commencé, la réaction à
Alexandrie contre l'originel extrémiste.
Quand, pendant la
persécution de Dioclétien, Pierre quitta Alexandrie pour se cacher,
le schisme mélénien éclata. Nous avons trois récits différents de ce
schisme : Selon trois documents latins (traduits d'originaux grecs
perdus) et publiés par Maffei, Mélétius (ou Melitius), évêque de
Lycopolis, profita de l'absence de Pierre pour usurper ses fonctions
patriarcales et enfreignit les canons en consacrant des évêques à
des sièges qui n'étaient vacants, leurs occupants étant en prison
pour la foi. Quatre d'entre eux protestèrent, mais Mélétius ne leur
prêta aucune attention et alla effectivement à Alexandrie, où, à
l'incitation d'un certain Isidore et d'Arius, le futur hérésiarque,
il écarta ceux que Pierre avait installés dans leurs postes et en
nomma d'autres. Sur ce Pierre l'excommunia. Athanase accuse Mélétius
non seulement de s'être conduit de façon turbulente et schismatique,
mais d'avoir sacrifié aux idoles et d'avoir dénoncé Pierre à
l'empereur. Il n'y a aucune incompatibilité entre les documents
latins et le témoignage d'Athanase, mais l'affirmation selon
laquelle Mélétius aurait sacrifié doit être reçue avec prudence ;
elle se fonde probablement sur une rumeur venant de l'immunité dont
il semblait jouir. De toute façon on n'entendit rien d'une telle
accusation au Concile de Nicée. Selon Épiphane (Haer., 68),
Mélétius et Pierre se querellèrent au sujet de la réconciliation des
lapsi, le premier penchant pour des idées plus sévères.
Épiphane a probablement tiré ses renseignements d'une source
mélétienne et son histoire est pleine d'erreurs historiques. Ainsi,
pour prendre un exemple, Pierre fut un compagnon de captivité de
Mélétius et fut martyrisé dans sa prison. Selon Eusèbe son martyre
fut inattendu et donc ne fut donc pas précédé d'un emprisonnement.
Œuvres
On dispose d'une
collection de quatorze canons publiés par Pierre dans la troisième
année de la persécution traitant principalement des lapsi, extraits
probablement d'une épître pascale. Le fait qu'ils ont été ratifiés
par le Concile de Trullo et sont ainsi devenus partie du droit canon
de l'Église orientale, explique probablement leur conservation.
Beaucoup de manuscrits contiennent un quinzième canon tiré d'un
écrit sur la Pâque. C'est dans ces canons que les cas des
différentes sortes de lapsi ont été tranchés.
Les actes du martyre de
Pierre sont trop tardifs avoir une valeur historique quelconque. On
y voit l'histoire du Christ lui apparaissant avec son vêtement
déchiré, prédisant ainsi le schisme d'Arius. Trois passages « Sur la
Divinité », apparemment écrits contre les vues subordinationnistes
d'Origène, ont été cités par saint Cyrille au Concile d'Éphèse. Deux
autres passages (en syriaque) prétendant être du même livre ont été
imprimés par Pitra dans Analecta Sacra, IV, 188 ; leur
authenticité est douteuse. Léonce de Byzance cite un passage
affirmant les deux natures du Christ tiré d'une œuvre, La venue
du Christ, et deux passages du premier livre d'un traité contre
l'idée que l'âme avant d'être unie au corps aurait existé et aurait
péché. Ce traité doit avoir été écrit contre Origène. Très important
sont sept fragments conservés en syriaque (Pitra, op. cit., IV,
189-93) d'un autre travail sur la Résurrection, dans laquelle
l'identité du corps monté au ciel avec le corps terrestre est
maintenue contre Origène
Cinq fragments
arméniens ont été aussi publiés par Pitra (op. cit., IV, 430 sq.).
Deux d'entre eux correspondent à un des fragments syriaques douteux.
Les trois autres sont probablement des falsifications dues aux
monophysites (Harnack, Altchrist. Lit., 447). Un fragment
cité par l'empereur Justinien dans sa Lettre au Patriarche Mennas,
prétendument tiré d'une Mystagogie de saint Pierre est probablement
un faux (voir Routh, Reliq. Sac., III, 372; Harnack, op.
cit., 448). Le Chronicon Paschale donne un long extrait d'un
texte présumé de Peter sur la Pâque. Il se dénonce comme un faux du
fait d'une référence à Athanase (que les éditeurs suppriment
souvent) à moins qu'effectivement il ne s'agisse que d'une
interpolation. Un fragment, d'abord imprimé par Routh, d'un Traité
Sur le Blasphème est généralement considéré comme un faux. Un
fragment copte sur l'observation du dimanche, publié par Schmidt (Texte
und Untersuchung, IV) a été reconnu comme faux par Delehaye, au
verdict duquel les critiques semblent acquiescer. D'autres fragments
coptes ont été révisés à l'aide d'une traduction de Crum dans le
Journal of Theological Studies (IV, 287 sqq.). La plupart
d'entre eux proviennent du même manuscrit que le fragment révisé par
Schmidt. Leur éditeur écrit : « Il serait difficile de maintenir
l'authenticité de ces textes après les critiques de Delehaye (Anal.
Bolland., XX, 101), bien que certains des passages, que j'ai
publiés puissent indiquer que les compositions ont été plutôt
interpolées qu'entièrement apocryphes. » |