La Présentation de la Sainte
Famille :... mystère d'obéissance et d'abaissement volontaire
La Famille sainte, dans le
recueillement de la prière, franchit la majestueuse porte de Suse et
traversa en grande humilité tout le parvis des Gentils dallé de marbre
blanc puis le parvis des femmes; au fond resplendissait la porte Belle
avec ses ornements ruisselants d'or et d'argent.
Les trois pèlerins se
fondirent dans la foule des fidèles massés devant la porte de Nicanor et
se dressant sur la pointe des pieds pour apercevoir l'autel des
holocaustes sur lequel se consumaient les restes du sacrifice du matin.
Il fallait attendre car les
rites du rachat et de la purification suivaient l'offrande de l'encens,
dernier geste de la cérémonie en cours.
La porte de Nicanor, pièce
énorme coulée en bronze, mesurait vingt deux mètres et demi par
dix-huit; elle dépassait en magnificence toutes les autres portes du
Temple. C'était «la porte du Temple» et le battant de droite était
marqué de la mezusah, signe de la présence de Yahweh (Deutéronome 9, 9).
Devant elle s'exécutaient
tous les rites anciens qui, selon la Loi, devaient s'accomplir «en
présence du Seigneur»(Deutéronome 17, 1). Ainsi, la mère et le père qui
venaient racheter leur premier-né, gravissaient le large escalier demi
circulaire pour y parvenir. Joseph et Marie portant son Enfant prirent
les dernières places de la longue file.
Les riches venaient les
premiers, mettant bien en évidence l'agneau gras porté par un serviteur.
Mais eux qu'on devinait être venus de la campagne, se devaient de céder
le pas aux plus pauvres de Jérusalem.
Quand son tour fut venu,
Marie souleva la corbeille aux deux tourterelles. La rougeur qui
empourpra alors son beau visage n'exprimait pas le sentiment de
l'humiliation de présenter l'offrande des pauvres, le qorban'ani, mais
la vive émotion qu'elle ressentait dans la prière.
Le prêtre de service prit
une tourterelle, l'immola selon le geste rituel et la lança dans les
flammes. Ayant égorgé la seconde en victime d'expiation, il en versa le
sang devant l'autel que, de son doigt empourpré, il marqua aux quatre
coins; il réserva la chair pour les lévites.
Puis, il se dirigea vers
Marie qu'il proclama désormais pure devant la Loi. Ce fut à ce moment
que Joseph déclara au prêtre que Jésus était son premier-né. Il le remit
donc entre les bras du ministre du Seigneur qui, dans un geste
symbolique, le dédia au service divin.
Quand ensuite le prêtre lui
demanda s'il désirait le racheter selon la prescription de la Loi,
Joseph présenta six sicles d'argent neufs en récitant une invocation. Le
prêtre lui rendit l'Enfant en disant:
«Cet argent est reçu
pour son rachat. Sois béni, Seigneur, Roi de l'univers, qui nous a
sanctifiés par tes commandements et qui nous a prescrit le rachat du
premier-né».
Humbles et réservés, Marie
et Joseph se retiraient quand un vieillard les aborda les suppliant de
pouvoir porter l'Enfant dans ses bras. Siméon, noble figure patriarcale
qui semble ressusciter des ombres du passé, apparaît au moment marqué
par Dieu, et une érudition présomptueuse ne saurait diminuer l'éclat de
sa puissante personnalité.
En Siméon s'incarnent tous les saints du
véritable Israël
D'une voix frémissante,
chargée de toutes les attentes et de tous les espoirs, il entonne le
chant de la prière inspirée. En lui s'incarnent tous les saints du
véritable Israël car ils ont contemplé en esprit le bel Enfant qu'ils
appelaient de leurs vœux ardents et que lui Siméon presse sur son cœur.
Il ferme le cycle quand il chante:
«Maintenant, Seigneur,
laissez votre serviteur s'endormir dans la paix, selon votre promesse,
car mes yeux on contemplé le Sauveur du monde...».
Ce message du ciel qui
s'inspire de la vision du prophète Isaïe (Isaïe 42, 6 et 49, 6), le
Voyant le complète en s'adressant à la Mère du Sauveur. Ses yeux se
voilèrent alors de tristesse et sa voix trembla, sans doute sous l'effet
d'une vive commotion:
«Cet enfant doit causer
la chute et le relèvement pour beaucoup d'hommes en Israël et devenir un
signe qui provoquera la contradiction; et vous-même, un glaive vous
transpercera l'âme».
Le dernier des prophètes
avait parlé, dépeignant la vraie figure du Messie et décrivant le drame
divin; il avait contemplé la Rédemption de l'humanité à travers un voile
de douleurs et de sang!
Marie reprit son enfant des
bras tremblants de Siméon et le pressa sur son cœur dans un geste
d'amour douloureux. Elle commençait à réaliser maintenant l'étendue de
son Fiat mais en même temps elle sentait naître en elle une nouvelle
maternité, celle du plus grand amour d'un cœur de mère.
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