Quirin de Siscie Évêque

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Quirin de Siscie
Évêque, Martyr, Saint
+ 308

Saint Quirin était un saint évêque ; il vivait sous l'empire de Dioclétien et de Maximien, qui excitèrent une très cruelle persécution contre les chrétiens : ce fut la dixième. Il était évêque de Siscie, ville de Sclavonie en la province Illyrique.

Il arriva donc, comme on faisait ainsi la guerre aux chrétiens, qu'on ruinait les églises de fond en comble, qu'on brûlait les Écritures saintes en pleine place, que le président Maximin, qui depuis fut créé César et succéda même à Maximien en l'empire, vint en la ville de Siscie pour faire exécuter les édits des empereurs, et particulièrement pour y trouver et faire saisir saint Quirin; car c'était aux prélats et aux pasteurs que l'on en voulait sur tous les autres. Ce saint évêque, entendant parler de son dessein, voulut pratiquer l'avis que Notre-Seigneur donnait à ses disciples, que si on les persécutait en une ville, ils s'enfuissent en une autre; mais il ne sut si bien faire qu'il ne fût découvert, appréhendé, et mené devant ce tyran.

Ce qui rendait encore pins obstinés tous ces tyrans en leur persécution, était que plusieurs évêques, principalement en Afrique, tournèrent lâchement le dos à Dieu pour obéir à l'édit impie, livrèrent perfidement les livres sacrés, et conspirèrent ensemble contre les bons qu'ils avoient opprimés par calomnies, déchirant ainsi l'Église par un schisme cruel. Cela les rendait encore plus fiers, s'imaginant venir plus facilement à bout des autres. Mais eu cela ils furent bien trompés en notre saint Quirin, parce que sur la première question qu'on lui fit touchant sa religion, il confessa hardiment qu'il était chrétien, reconnaissant et adorant Jésus-Christ pour le vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et qui par sa mort avait racheté le monde du démon : que pour lui, le plus grand bonheur et la plus grande faveur qui pouvaient lui arriver seraient de répandre jusqu'à la dernière goutte de son sang pour la défense de son saint Nom. Là-dessus, par le commandement du tyran, il fut cruellement battu à coups de bâton et ensuite mené en prison, enchaîne comme le plus scélérat des hommes.

Mais la nuit suivante, Dieu, qui ne laisse jamais ses fidèles serviteurs sans consolation, au milieu même de leurs plus grandes oppressions, ne manqua pas aussi de consoler le saint prélat en sa prison, le remplissant d'une grande lumière céleste. Cette lumière ayant été aperçue par le geôlier, qui s'appelait Marcel, il reconnut aussitôt que cela ne pouvait être un effet que du vrai Dieu, qu'il crut pour lors être celui que saint Quirin adorait. Ainsi il lui ouvrit la prison, et lui donna la liberté de sortir s'il le désirait; puis s'étant jeté à genoux devant lui, il se convertit à la foi de Jésus-Christ et reçut le baptême par les mains du saint évêque.

Trois jours après, Maximin commanda que l'on menât saint Quirin garrotté au président Amant, en une ville de la Pannonie, où il était, et après l'avoir fait rudement traiter à coups de bâton, il l'envoya prisonnier. Il lui arriva encore une faveur particulière que Notre-Seigneur lui fit : c'est que quelques honnêtes femmes chrétiennes l'étant allé visiter et le consoler, et lui ayant porté quelque chose pour boire et manger, sitôt qu'il eut fait la bénédiction sur les viandes, ses chaînes lui tombèrent des pieds et des mains, afin que plus commodément et sans peine il pût prendre sa réfection.

Enfin il fut présenté le lendemain pour la dernière fois à ce président, qui, tâchant de le gagner par de belles paroles, lui apporta toutes les raisons possibles pour lui persuader de sacrifier aux idoles. Mais tout cela fut en vain, et sa rhétorique n'eut pas assez de force pour émouvoir cette âme généreuse. Amant, voyant que la douceur ne lui avait de rien servi, changea de propos, et voulut essayer de l'intimider par les menaces de toutes sortes de supplices, croyant peut-être que la rigueur ferait ce que la douceur n'avait pu faire. Mais saint Quirin, méprisant ses discours également remplis de promesses et de menaces, demeura ferme en sa foi, comme un rocher qui est au milieu de la mer.

Là-dessus ce tyran, ne pouvant plus supporter cette sainte constance, écumant de colère comme un enragé, commanda que promptement il fût jeté au milieu du fleuve, avec une meule de moulin attachée à une de ses mains, afin qu'en mourant par ce moyen il fût privé de la sépulture des chrétiens, et que la mémoire en fût perdue, en le faisant servir de pâture aux poissons. Ainsi donc du haut d'un pont il fut précipité en l'eau.

Chose admirable ! que ce qui devait lui servir pour avancer sa mort, servit au contraire pour conserver et prolonger sa vie ! Car cette meule de moulin, par un secret de l'adorable providence divine, nageant sur l'eau, conservait la vie à celui à qui on la voulait faire perdre; et le saint évêque, contre l'ordre de la nature, trouva plus d'assurance en l'eau que sur la terre. Ce spectacle donnait bien de l'étonnement aux païens qui étaient là présents; mais il donnait aux chrétiens une grande consolation, qui les confirmait merveilleusement en la foi, et leur faisait admirer la toute-puissance divine.

Saint Quirin de son côté, flottant ainsi sur l'eau, louait et glorifiait la majesté de Dieu, qui le conservait de la sorte à la grande confusion de ses ennemis, et s'adressant aux chrétiens qui accouraient de tous côtés sur le rivage de l'eau, et qui eussent très volontiers sauvé leur saint prélat s'ils eussent osé, il leur fit une dernière exhortation, par laquelle il les consola et les confirma en la foi de Jésus-Christ. Mais craignant qu'une si grande longueur de martyre lie donnât de la terreur à quelques-uns d'eux, qui étaient encore faibles, il fit prière à Dieu de lui donner la couronne de victoire, comme il arriva bientôt après, son corps s'en allant doucement au fond de l'eau, pendant que son âme s'envola au ciel, le quatrième jour de juin, l'an de Notre-Seigneur 308.

Les chrétiens, consolés d'une part de la constance et du grand courage que saint Quirin avait eus jusqu'à la mort, et d'autre part fâchés de la perte d'un si bon prélat, ne savaient comment se résoudre. Ils allaient sur le rivage cherchant son saint corps, et quelques jours après l'ayant trouvé à bord, où l'eau l'avait jeté, ils l'ensevelirent en une chapelle qui était là auprès, hors de la ville. Mais depuis, comme les barbares ravageaient ce pays-là, les chrétiens furent contraints de s'enfuir et de se retirer à Rome, où ils portèrent aussi en même temps le corps de saint Quirin, et le mirent en la voie Appienne, en l'église nommée aux Catacombes, où reposait aussi le corps de saint Sébastien, avec les reliques de plusieurs autres saints martyrs. Toutefois il se trouve que quelques temps après ce saint fut transporté à Milan par l'évêque du lieu, nommé Angilbert. Mais Molan assure que quatre cents ans après son martyre, sous le règne de Pépin, les reliques de saint Quirin furent transportées en Bavière au monastère de Tégorin.

Tous les Martyrologes font une honorable mention de saint Quirin.

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