Rosa Francesca Maria
Dolores Molas y Vallve naît à Reus en Catalogne (Espagne) en 1815
dans une famille d’artisans. Des habitants de sa ville natale, elle
prendra les caractères fondamentaux : sagesse terrienne,
énergie,
esprit entreprenant. À partir de sa première communion, elle vit une
expérience mystique profonde. À seize ans, elle manifeste le désir
d’entrer au couvent, mais son père s’y oppose résolument. Du moins
exerce-t-elle la charité en allant à l’hôpital le Dimanche.
À vingt et un ans, en
janvier 1841, elle quitte secrètement sa maison et entre à
l’hôpital de Reus où elle revêt l’habit d’une corporation de femmes
pieuses qui travaillent dans cet hôpital et elle prend le nom de
‘sœur Maria Rosa’. Là, elle se met au service des malades et devient
responsable des fillettes de la maison de charité. Amour humble qui
prend un jour une tournure héroïque: Le 11 juin 1844 la ville de
Reus est assiégée et bombardée par les troupes du Général Zurbano.
Maria Rosa, avec deux autres sœurs, traverse la ligne de feu et va
s'agenouiller aux pieds du Général, en implorant et en obtenant la
paix pour les gens de la cité.
En 1849 elle est
envoyée à Tortosa avec quatre sœurs, comme supérieure de la Maison
de la Miséricorde de Jésus, située dans la banlieue de la ville.
Elle y ouvre une école pour les enfants pauvres. C’est près de cette
école que se constitue une communauté de onze sœurs venues de Reus
qui se consacre aux enfants et aux malades. Stupéfaite, elle apprend
que la corporation où elle était entrée avec tant d’enthousiasme
n’était pas une véritable congrégation religieuse mais en fait, une
branche dissidente des Filles de la charité. À partir de ce
moment-là, elle met tout en œuvre pour ramener ce groupement de
sœurs à la légalité canonique, mais on la met à l’écart. Après en
avoir débattu avec les sœurs qui vivent avec elle, elle se met en
1857 sous l’obédience de l’autorité ecclésiastique de Tortosa et
c’est ainsi que l’année suivante, le 14 novembre 1858, naît la
Congrégation des “Sœurs de Notre-Dame de la Consolation”. Ce nom
définit leur programme ; elles veulent imiter le Rédempteur,
consolateur de l’humanité, lequel dans la désolation suprême de sa
Passion, a été au plus haut point “source de toute consolation”.
Leur finalité est donc de consoler leur prochain. Aussi les témoins
ont-ils pu dire : « Il n’est pas possible de se faire une idée
exacte de sa charité ». Amour qui s’étend à tous avec une
« sollicitude maternelle, pour le vieillard, l’orphelin, le jeune,
le malade, pour chaque homme : prisonnier ou moribond dans un
lazaret, marginal ou désorienté, car tout homme a besoin de
connaître et d’expérimenter la miséricorde du Père » (homélie de
canonisation). Elle lutte pour la justice, favorise la promotion de
la femme, panse les blessures du corps et de l’âme, construit la
paix ; bref, elle ne cesse de consoler avec la liberté des enfants
de Dieu qui n’ont peur de rien ; car la charité n’exclue pas le
courage. En effet, elle accepte de subir des calomnies qui la
concernent, mais elle s’oppose à un maire qui exige d'elle le
serment à une Constitution espagnole contraire aux intérêts de
l'Église, ainsi qu’à un médecin qui veut expérimenter certaines
interventions chirurgicales sur ses enfants trouvés.
Mère Maria Rosa fonde
dix-sept maisons, trois écoles, des hôpitaux et des maisons
d’accueil pour les pauvres. A 61 ans, elle sent que le Seigneur va
l’appeler. Après une brève maladie, plus blessée par le désir de
Dieu que par l'infirmité, davantage usée par le service inlassable
des pauvres que par les ans, elle demande à son confesseur la
permission de mourir: “Laissez-moi partir”; et après avoir eu son
consentement elle ajoute : “Que la volonté très sainte de Dieu
s'accomplisse.” Elle meurt à Tortosa le 11 juin 1876, en la fête de
la Sainte Trinité. Notons que c’est un 11 juin aussi qu’elle avait
sauvé sa ville de Reus du bombardement.
« La Mère Maria Rosa
est une de ces personnes élues par Dieu pour annoncer au monde la
miséricorde du Père. » (Jean Paul II) |