Sainte Marie-Euphrasie Pelletier était la fille d'un médecin
bienfaisant; elle naquit le 31 juillet 1796 dans la petite île de Noirmoutiers,
sur la côte de Vendée.
Pendant
qu'elle était au pensionnat à Tours, elle connut le "Couvent du Refuge" où de
jeunes femmes, qui
n'avaient pas su diriger leur vie et étaient sorties du droit
chemin, étaient reconquises pour Jésus-Christ, le Bon Pasteur, par des
religieuses vêtues de blanc. Elle entra dans cette maison et en fut la
supérieure à 29 ans.
Elle était si accoutumée à voir toutes choses dans la lumière
de Dieu, et elle avait aussi une telle intuition de l'oeuvre de Dieu dans les
âmes, qu'elle eut le courage, surmontant la résistance bien compréhensible de sa
maison, de réunir en communauté religieuse à l'intérieur du couvent ces filles
et ces femmes du Refuge, auxquelles beaucoup avait été pardonné et qui ne
cherchaient plus maintenant qu'à aimer Dieu.
Ces pénitentes ou Madeleines vivent selon la règle des
Carmélites sous la direction d'une des religieuses. En 1829, l'évêque d'Angers
demanda au couvent de Tours des religieuses pour une maison d'éducation destinée
à des jeunes filles moralement égarées. La jeune supérieure accepta la fondation
et y fut bientôt envoyée elle-même pour surmonter les difficultés qui n'étaient
pas petites au début.
Elle avait dit un jour: "Dieu m'a donné une double tâche:
développer l'oeuvre des repenties et éveiller des vocations religieuses". Vers
elle accoururent des troupes de jeunes filles. Mère Marie-Euphrasie débutait
alors la réalisation de ce que le Seigneur lui avait montré un jour dans la
prière au moyen de l'image d'une ruche d'où s'envolent de nombreux essaims.
L'oeuvre appelée à prendre une si extraordinaire expansion ne
devait pas se faire sans la souffrance mais la force de la supporter lui fut
donnée par la grâce de Celui qui, au commencement de ces épreuves, lui avait
dit: "Attends, tais-toi, prie, souffre et espère." Ces mots devinrent sa devise.
"Notre institut, disait-elle, ne doit connaître que la voie
de l'amour." Cet amour lui gagna les coeurs des "enfants" et des "mères",
qu'elle réunit en si grandes troupes pour le bien des âmes qu'il dut être fondé
des Provinces avec leurs propres maisons-mères et leurs propres noviciats.
A sa mort, l'association comptait 2,760 membres, 962
Madeleines, 14,755 élèves et enfants, réparties en 110 maisons et en 16
provinces religieuses. L'intrépide fondatrice mourut du cancer le 24 avril 1868.
Mère Marie-Euphrasie Pelletier a été canonisée le jour de l'Ascension 1940 par
sa Sainteté Pie XII.
W. Schamoni, Le Vrai Visage des Saints, Desclée de
Brouwer, p. 281-282
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