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Il a déjà été dit (Année A)
que cette solennité du Sacré-Cœur englobait tout le Mystère de la vie et
de la mission salvifique de Jésus-Christ, depuis l’Incarnation jusqu’à
la Passion et l’Eucharistie. De grands hérauts ont proclamé l’amour de
Jésus dans et par Son Sacré-Cœur, à travers tous les âges.
Huit siècles avant
Jésus-Christ déjà le Prophète Osée proclamait son message en Israël,
sous une forme vraiment frappante : Dieu lui demande d’épouser une femme
prostituée, pour montrer qu’Israël, l’épouse de Dieu, s’est éloignée de
Lui et s’est prostituée vers le mal. Ses enfants auront symboliquement
nom “Mal-aimée” et “Pas-mon-peuple”, pour montrer combien Dieu ne
reconnaît plus ses enfants.
En même temps que Dieu
reproche à Israël son infidélité, Il l’appelle à la conversion car Son
amour demeure : “J’aimerai la Non-aimée”, et “Pas-mon-Peuple” je dirai
“Tu es mon peuple”, et lui, dira “Mon Dieu” (Os 2:25). Ainsi continue le
message d’Osée, assez bref et facile à lire. Faisons même l’effort de le
lire dans son intégralité (il ne comporte qu’une dizaine de pages) et
nous parviendrons à cette conclusion pleine d’espérance du Prophète :
“Je guérirai leur infidélité, je les aimerai de bon cœur ; car ma colère
s’est détournée d’eux” (Os 13:5).
On le constatera, cette
prophétie est toute une histoire d’Amour ; maintenant, le texte de
méditation nous en donne un autre aperçu.
Ici, c’est Isaïe, qui nous
invite à chanter notre Dieu, à Le remercier pour “ses hauts faits” ;
c’est qu’en effet, Dieu n’est pas éloigné de l’homme, comme on l’entend
souvent dire dans les conversations : c’est l’homme qui s’éloigne de
Dieu, qui L’oublie. Mais Dieu est là, au milieu de nous, l’Emmanuel, “le
Saint d’Israël” qui a “fait des prodiges” par l’Incarnation et la
Rédemption.
Saint Paul ensuite montre
aux Ephésiens combien il est infiniment reconnaissant à Dieu pour Son
“projet éternel”, qui s’est réalisé en Jésus-Christ, mort et ressuscité
pour nous. La reconnaissance de Paul se manifeste d’abord par son
humilité à se dire “le dernier de tous les fidèles”, car il a le
douloureux souvenir d’avoir persécuté l’Eglise du Christ ; et il “tombe
à genoux devant le Père” qui nous a enrichis de la “puissance de
l’Esprit pour rendre fort l’homme intérieur”.
En effet, pour donner vie à
l’homme nouveau, il faut faire mourir notre vieil homme, ses habitudes,
ses attachements au négatif. Ce n’est que par la mort qu’on retrouve la
vie ; déjà au baptême, l’immersion dans l’eau symbolise le passage de la
mort à la vie ; ensuite, dans la vie quotidienne, nous avons mille
occasions possibles de faire “mourir” le vieil homme, en renonçant
autant de fois que cela nous est possible, aux mauvaises habitudes, aux
actes imparfaits et aux occasions-mêmes de commettre ces actes. Mais il
y faut parfois - c’est vrai - un cruel effort, qui sera facilité en
recourant à l’Amour de Jésus : plein de miséricorde, Jésus nous
enveloppe de force et de persévérance pour correspondre mieux à tout ce
qu’Il a fait pour nous dans la Rédemption. C’est cette force dont parle
Paul dans l’épître.
La dévotion au Sacré-Cœur
de Jésus voudrait nous aider à comprendre un peu mieux ce don immense de
l’Amour de Dieu en la personne de son Fils, pour introduire les hommes
dans une vie toute nouvelle, dans la vie du Ressuscité.
On peut dire que
l’évangéliste Jean fut le premier héraut du Sacré-Cœur, lui qui parle du
douloureux coup de lance au côté de Jésus, d’où il sort du sang et de
l’eau. Ce sera notre évangile d’aujourd’hui. Cet extrait est connu, nous
le lisons le Vendredi Saint ; il y faut expliquer un détail parfois mal
compris.
Pourquoi briser les jambes
des condamnés ? Si l’on se contentait de fixer en croix les condamnés,
le supplice serait très rapide, car ils mourraient comme asphyxiés, le
poids du corps les empêchant de respirer. Pour faire durer le supplice,
on disposait un tout petit support sous les pieds et/ou sous le périnée,
de sorte que les malheureux condamnés pouvaient respirer un peu plus
longtemps — et souffrir davantage dans cette position écartelée. Quand
enfin on voulait en finir, on ne prenait pas le temps de détacher les
pieds de la croix : on brisait les jambes, dans un raffinement de
cruelle douleur. Les deux larrons du Golgotha eurent ainsi les jambes
brisées, rendirent l’esprit et en un instant.
Mystérieusement, le soldat
présent eut l’idée de transpercer le côté de Jésus qui avait déjà versé
tant de sang. Jean précise qu’en effet, il est prescrit de ne pas briser
les os de l’agneau du sacrifice, figure du vrai Agneau, Jésus (Ex
12:46). De nombreux Pères de l’Eglise ont vu dans l’eau le symbole du
baptême, dans le sang celui de l’eucharistie et dans ces deux sacrements
le signe de l’Eglise, nouvelle Eve naissant du côté du nouvel Adam. On
se rappellera en effet que Dieu (Gn. 2:21-23) “fit tomber un profond
sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma
la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme,
Yahwé façonna la femme”.
Une tradition “parallèle”,
c’est-à-dire non officielle mais comportant plus d’un détail historique
avéré, rapporte que ce soldat — Cassius, appelé ensuite Longin — était
un jeune officier de vingt-cinq ans, dont on se moquait souvent car il
louchait. Or, au moment où il ouvrit le côté du Christ, le sang et l’eau
inondèrent sa face, guérissant extérieurement son strabisme, et
intérieurement son âme. Il se mit à louer Dieu, et ce militaire souvent
prétentieux et hautain devint désormais humble et modeste. Ce qui fit
aussi se convertir les autres soldats présents. Saint Longin mourut
martyr à Césarée de Cappadoce et sa fête est au 16 octobre.
Pour susciter à ceux qui le
voudraient, quelques idées de bonne lecture à propos du Sacré-Cœur, on
mentionnera ici en guise de conclusion, d’autres “Mystiques” de
l’histoire de l’Eglise, dont on retrouvera aisément les noms et les
ouvrages soit sur ce Site de la Nouvelle Evangélisation, soit sur
Internet.
Il y eut, parmi tant
d’autres, sainte Gertrude (†1302), sainte Catherine de Sienne (†1380),
saint Jean Eudes (†1680), sainte Marguerite-Marie Alacoque (†1690), la
sainte Maria Faustina Kowalska (†1938), à l’origine de la fête de la
Miséricorde divine (deuxième dimanche de Pâques), la bienheureuse
Alexandrina Maria da Costa (†1955), outre d’autres âmes peu connues
comme Cecilia Baji en Italie (XVII), l’espagnole Sœur Josefa Menéndez
qui vivait à Poitiers (†1923), Madame Royer en France (†1924), et tout
près de nous Claire Ferchaud (†1972).
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