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POINTS DE RÉFLEXION
L'évangile, que
nous venons d’entendre, nous offre l'occasion de contempler
Jésus tout au long d’une journée de sa vie, durant la
première étape de sa mission en Galilée; un jour comme tant
d'autres, d'une fébrile activité en faveur des malades qui
se bousculent autour de Lui. Ce jésus, guérisseur
inépuisable et efficace, peut aujourd'hui nous sembler
bizarre, étranger à nos préoccupations et éloigné de notre
monde; car, et malgré tout ce que nous puissions savoir sur
Lui et on ait pu nous raconter de Lui, au moins dans notre
cas, il ne nous a guéri aucune fois de quoi que ce soit ;
nos rencontres avec Lui ne nous ont pas tellement soulagés
de nos maux ; tout autour de nous le mal continue à régner,
comme dans nos cœur, d’ailleurs, malgré notre très grand
regret ; les personnes que nous aimons continuent à tomber
malades, et non seulement corporellement, elles sont
emportés, même prématurément, par la mort, ce mal radical
qui paraît dominer, comme l’avait bien exprimé Job, notre
vie.
I. LIRE
Comprendre ce que le texte dit en considérant comme le dit
Notre texte
présente deux scènes et deux thèmes, pourtant, différents.
La première raconte brièvement la guérison de la belle-mère
de Pierre (Mc 1, 29-31). Avec celle-ci on ferme la première
journée du ministère public de Jésus, où Il avait déjà guéri
un possédé (Mc 1, 21-28). On y ajoute un commentaire qui
généralise la lutte de Jésus contre le mal qui domine tant
d’hommes. Il est très important que Jésus consacre la
première journée de son action messianique à combattre, et
vaincre, la maladie et le démon, à qui Jésus réduit au
silence « car il savait qui Il était ». Ce n'est pas le
diable qui doit proclamer l'identité du Messie. La seconde
scène attire plus notre attention : Jésus se réfugie, « bien
avant l’aube » dans la prière, d’où il sera sorti et rendu à
la multitude nécessiteuse par Pierre et compagnons (Mc 1,
35-39) : Ses disciples Le cherchent, parce que tout le monde
Le cherche. Et Jésus quitte la prière et quitte Capharnaüm
pour aller prêcher par tout en Galilée.
La guérison de la
belle-mère de Pierre est la première des huit guérisons qui
nous sont racontées dans l'évangile (Mc 1, 29-31.44-45 ; 2,
1-12 ; 3, 1-5 ; 5, 24-34 ; 7, 31-37 ; 8, 22-26 ; 10, 46-52).
Il n’y a dans le récit aucun détail extraordinaire ; plus
que rehausser le pouvoir thaumaturgique de Jésus, la
guérison nous signale la finalité de la suite de Jésus :
Celui qui est guéri doit se mettre à servir. La belle-mère,
guérie, se met aussitôt à servir ; le service à la
communauté de Jésus – Lui et ses disciples – prouve la santé
récupérée et décrit le comportement qui caractérise le
disciple. Le bien-être qu’on reçoit de Jésus par la guérison
est un bien qu'il faut rendre aux autres par le service. La
première journée de Jésus se ferme plus qu'avec la guérison
d'une femme fiévreuse avec la communauté de Jésus bien
servie.
Jésus commence sa
« deuxième » journée tout seul avec Dieu. Marc n'a pas
l'habitude de présenter Jésus en prière (Mc 6,46 ; 14,
32-42). Ici Marc nous fait savoir que, après une journée
d'intense activité thaumaturgique, Jésus ressent la
nécessité de solitude et de Dieu. Ce n’est pas rien…, mais
bien peu Lui a duré la retraite. Ils sont tellement nombreux
ceux qui Le cherchent – « tous » ! – qu’Il doit retourner au
ministère ; il est averti par ses disciples, qui doivent se
mettre à Le chercher : Pour que tout le monde L’ait, les
disciples doivent savoir où est-ce qu’Il est allé et Le
suivre jusqu'à Le rencontrer. Curieux ! Ceux qui le suivent
sont ceux qui rappellent à Jésus qu'Il a encore beaucoup à
faire, qu’en Galilée L'attendent, et nombreux, des possédés…
II. MÉDITER
Appliquer ce que le texte dit à la vie
En résumant
l'activité d'une journée, l'évangéliste présente Jésus en
guérissant et en prière, parmi les gens nécessiteux de Lui…
et en nécessitant Lui-même de Dieu pour revenir à nouveau à
la multitude. La guérison de la belle-mère de Pierre a été
possible par le suivi de Simon, qui Lui a permis de compter
avec un foyer. Jésus ne peut pas cohabiter avec le mal et,
entré dans la maison, non seulement libère la femme de la
fièvre, mais la rend, en plus, au service de la maison.
Guérir en samedi (Mc 1, 21) et en touchant une femme (Mc 1,
31) n'était pas la meilleure façon de faire miracles. Pour
faire le bien là où Il va, Jésus ne se sent pas obligé à
suivre les préventions sociales.
Sa lutte contre le mal dure jusqu'au soir. Et quand Jésus se
voit libre des malades, cherche à se retrouver tout seul
avec Dieu. De sa solitude et de sa prière Le sortiront ses
disciples, puisque, même à l'aube, déjà tout le monde le
cherche. Et Jésus reconnaîtra en ce fait l'urgence de
continuer sa mission. Dieu ne Le distrait pas de sa tâche ;
la solitude cherchée est temporaire ; le besoin de son monde
Lui rappelle sa tâche. Il n'y a pas de repos pour celui qui
se sait envoyé : Pendant que l'évangile a d’auditeurs et
Dieu un peuple qui Le cherche, son apôtre n'a pas de temps
pour se reposer ni un lieu où se réfugier. Même pas la
prière sera un bon prétexte.
Aujourd'hui nous
pourrions nous demander pourquoi nous, les croyants en Lui
depuis longtemps, nous n'avons pas encore découvert ce
Jésus-là qu'ont vu ces hommes de Galilée dans une journée
normale de leurs vies. Le récit évangélique offre trois
pistes de réflexion à celui de nous qui se pose sérieusement
la question ; regarder le comment ces hommes-là ont réussi,
nous offrira la possibilité d’y réussir nous-mêmes.
Jésus fut invité à
la maison d'un disciple et, tout de suite, lui ont parlé de
qui était là prostré dans le lit, malade de fièvre. Il a
suffi à Jésus de savoir que quelqu'un était malade pour se
disposer à le guérir. Voilà une des possibles raisons par
laquelle Jésus ne trouve pas la forme de nous libérer de nos
maux, comme cela serait sa volonté : Nous ne L’invitons pas
à nous visiter et nous ne Lui parlons pas, non plus, du mal
qui habite chez nous. L’inviter dans maison, quoique nous
sachions qu’il n’y soit pas tout bien disposé ; ouvrir les
portes au Christ qui vient à nous, sans crainte de qu’il
découvre notre mal, cette malaise qui nous dépasse et domine
; L’animer à qu’Il partage toit et famille avec nous, en
sachant que pas tous dans la maison puissent bien
L’accueillir, cela serait le premier pas à faire, si
réellement nous désirons la guérison.
Le mal qui peut
exister en nous ou chez les nôtres, indépendamment de la
forme sous laquelle il se présente, n'est pas une bonne
excuse pour maintenir Jésus loin de nous ni éloigné de notre
famille : L’inviter à la maison, avec les nôtres, Lui
donnera l'occasion de se rapprocher de notre mal et de nous
guérir. Avec Jésus chez nous, le mal ne sera pas tellement
oppressant, tellement insupportable ; et notre famille
demeurera à l'abri du malheur. Mais il faut avoir le courage
d'introduire Jésus chez nous, comme Pierre, sans trop nous
importer s’il y a de l’ordre ou si tous Le veulent ou
peuvent se mettre à son service. Nous devrions perdre la
peur d’avoir à parler avec Lui de nos maux, de ces maux que
nous occultons autres, mais que nous nourrissons en nous ;
découvrir ces maux à Jésus nous permettra de découvrir Jésus
comme notre Sauveur ; notre guérison, comme celle de la
belle-mère de Simon, dépendra de notre sincérité envers
Jésus : Dissimuler à Jésus nos maux, nous condamne à vivre
avec eux, et les fomenter en secret.
Le soir venu,
après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades,
et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais… Il
guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup
d’esprits mauvais. Il est vrai que tous n’ont pas eu la
possibilité de L’inviter chez eux, de Le rapprocher de leurs
maux et de leurs malades. Mais il sera toujours possible
d’aller vers Lui avec les propres malades et avec les maux
personnels ; à la fin de notre journée, quand nous nous
serons libérés de nos occupations, avec du temps à disposer,
nous pouvons aller près de Lui, précisément parce que nous
n'avons personne d’autre à qui présenter le mal qui habite
en nous avec l'espoir de qu’Il nous en libère d’une fois
pour toutes. Bien qu’il semble bizarre, c’est ainsi : Nous
perdons trop d'occasions de nous retrouver avec Jésus, parce
que nous nous ressentons indignes de Lui ; et en réalité
nous le sommes, mais ceci n'est pas une bonne raison pour
rester loin de Lui, plutôt celle-là est la meilleure raison
que nous avons pour aller Le chercher, Lui qui est venu pour
les pécheurs et non pour les justes.
Si nous n'avons
pas de meilleures motivations, nous avons au moins notre
mal, le péché dans lequel nous vivons et avec lequel vivent
les nôtres ; celles-ci ce sont de bonnes raisons pour aller
à sa recherche en désirant nous voir libres de nos démons
personnels. Nous remplissons nos vies d'occupations qui
peuvent encore attendre un jour, de préoccupations qui ne
durent pas un an ; nous angoisse notre incapacité de faire
quelque chose qui vaille la peine : pourquoi ne pas trouver
un temps de tranquillité pour nous occuper de Jésus et Lui
donner l’occasion de qu'Il s’occupe de nos maux ? Rien de
honteux dans le fait de Lui reconnaître notre méchanceté :
Seulement celui qui connaît sa maladie peut chercher celui
qu’il faut pour être guéri ; ne pas reconnaître nos maux,
les ignorer, au lieu de nous en guérir nous les fomentons,
nous les faisons plus grands et plus redoutables.
Le lendemain, bien
avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un
endroit désert, et là il priait. Simon et ses compagnons se
mirent à sa recherche. Quand ils l’ont trouvé, ils lui
disent : « Tout le monde te cherche. » Ce n’est pas
surprenant qu'un Jésus qui n'a pas été invité à entrer dans
la maison, que personne n'est allé Le chercher sur la place
publique, tombe dans la tentation de se retirer et se
cacher. Des fois il faudra aller Le chercher, sans se
laisser décourager par sa disparition ; et ils Le trouvent,
comme ce jour-là, ceux qui savent où Le chercher, dans un
lieu désert, et savent qu’est-ce qu’il y fait, prier. La
prière est le chemin pour Le rencontrer à nouveau : Plus
loin Il est parti plus chaleureuse elle sera, plus difficile
par son absence, plus efficace par pénible. Qui sait prier
ainsi, devine où est-ce qu’Il est parti, son Dieu, et Le
convainc pour qu’Il revienne vers tous ceux qui Le
cherchent, vers tous ceux qui Le nécessitent, comme il
arrive encore aujourd'hui. Celui qui prie ne désespère pas
de se rencontrer avec son Dieu ; et quand il Le trouve, Le
convainc pour qu’Il retourne au monde et se rapproche de
tous ceux qui Le cherchent.
Le monde a besoin
de ces hommes qui savent où trouver Dieu, car ils se sont
mis à Le suivre, ils connaissent bien les lieux où Il
demeure, car ils ont resté avec Lui en prière. Celui qui
sait prier sait où s’adresser pour demander sa guérison et
celle des siens. Et il ne faut pas oublier que furent les
disciples, Simon et ses compagnons, qui savaient où s’était
retiré Jésus et qui Le rendirent à sa mission. C’est, donc,
la tâche de disciples, trouver Jésus et Le remettre à ceux
qui Le cherchent. Voilà pourquoi les chrétiens nous nous
trouvons parmi ceux qui, aujourd'hui, le sachent ou pas,
nécessitent le Christ : Pour Lui faire comprendre qu'Il est
encore aimé et qu’Il doit retourner à notre monde.
Il parcourut donc
toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs
synagogues, et chassant les esprits mauvais. Qui de nous
voudra consacrer un temps pour demander à Jésus qu’Il
revienne décidément à nous, puis qu’ils sont tellement
nombreux ceux qui Le cherchent, qui Le cherchons ? Qui
réussira à Le convaincre de que nous avons encore besoin de
Lui ? Ça vaut la peine d’être disciple, de vivre avec Lui,
Le connaître de tout près, savoir où Il est allé se cacher,
pour Le rendre aux nôtres. Cela signifierait pour beaucoup
le salut, s’il y avait quelqu'un, quelque apôtre, qui sache
où est Jésus et nous Le rendrait. Il est déjà arrivé une
fois en Galilée ; pourquoi ne serait-ce pas aussi possible
parmi nous ?
Juan José Bartolomé
(P. Txema Martínez, traducteur)
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