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Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
dit le
commandement de Dieu.
Pour comprendre à quel point
l'adultère est un péché qui provoque la colère de Dieu, il faut lire le livre du
prophète Osée, où Dieu montre l'importance de l'Alliance avec son peuple : en
quelque sorte, Dieu a épousé la nation d'Israël selon une union indissoluble.
Trahir cet amour est une transgression fondamentale, comme si l'on disait à
l'être aimé : tu n'existes pas, alors que par amour chacun des deux a tout
laissé pour se donner entièrement à l'autre.
Dans le livre du prophète Osée,
Dieu compare Israël à une femme adultère, parce que le peuple s'est détourné de
Dieu pour adorer de faux dieux, parce qu'il a perdu la foi au Dieu unique. Cet
adultère spirituel est comme l'hérésie, ou l'idolâtrie.
Dieu impose même un châtiment
terrible à ceux qui pèchent par adultère : la lapidation, "pour enlever le
mal du milieu du peuple" (Dt. 22:21). Cette loi terrible se comprend pour le
Peuple choisi, que Dieu veut préserver de toute souillure et donner en exemple à
tous les peuples alentour. Il doit être un Peuple saint, parfait.
Quand Jésus parle aux foules, cette
Loi est bien loin d'être vécue ; beaucoup l'ont oubliée ; ceux qui la
connaissent, veulent l'imposer aux autres, sans chercher d'abord à la vivre
eux-mêmes : c'est une loi sans vie, morte, inutile. En un mot, vivre selon la
Loi n'a plus de sens, pourrait-on dire en résumant saint Paul. Et Jésus apporte
sa Loi nouvelle : le Pardon, accordé à tous ceux qui savent humblement se
reconnaître pécheurs.
Demander pardon à Dieu est le
premier acte de foi qu'on Lui doit, car c'est le reconnaître comme Maître de la
vie et de la mort, Maître du pardon de tout péché, plein de miséricorde.
De cette femme pécheresse qui vient
pleurer sur ses pieds et y répandre cette huile précieuse, Jésus voit le cœur
repenti, et lui dit en effet : "Ta foi t'a sauvée" (Lc 7:50). Remarquez
bien que Jésus ne dit pas : Ce que tu as fait n'est pas grave, mais pour Lui, un
vrai amour repentant efface toute transgression, si grande soit-elle.
Le pardon existait dans l'Ancien
Testament. "Je ne veux pas la mort de l'impie, mais que l'impie quitte sa
voie et qu'il soit en vie" (Ez. 33:11) ; mais le sacerdoce de l'Ancien
Testament ne pouvait pas remettre les péchés en offrant seulement des sacrifices
d'animaux. Jésus, lui, prend sur lui nos fautes, s'immole lui-même, et nous rend
vraiment libres. Par son Sacerdoce nouveau, il donne aux prêtres le pouvoir de
remettre les péchés, en Son nom.
David, tout chef d'Etat qu'il était,
a organisé la mort de son général au combat, pour en introduire la femme chez
lui ; quand le prophète Nathan vient lui reprocher son attitude, David répond
très humblement : "J'ai péché contre le Seigneur" (2Sam 12:13). Il aurait
pu chercher une quantité de justificatifs, d'inutiles excuses ; il s'abaisse
devant Dieu : j'ai péché.
La Messe commence toujours par un
acte pénitentiel : ne passons pas sur cet instant de façon indifférente, parce
que "c'est toujours pareil" ; vivons intensément ce moment-clé du
dialogue avec Dieu ; ouvrons-nous à Lui humblement, sincèrement, avant de Lui
présenter notre louange, notre offrande, et de recevoir l'Eucharistie.
Cette année, ce dimanche fait
immédiatement suite à la solennelle fête du Sacré-Cœur. L'Eglise aurait bien pu,
comme pour la Fête-Dieu, transférer cette fête au dimanche suivant, mais alors
on n'aurait pas eu l'occasion de lire ces si belles pages de l'Écriture. De plus,
traditionnellement, c'est tout le mois de juin qui est consacré à la dévotion au
Sacré-Cœur.
Le Sacré-Cœur de Jésus, ce n'est
pas un viscère que l'on adore, ce n'est pas un Jésus sentimental qu'"on aime
beaucoup" (soi-disant) : c'est l'expression de l'Amour total du Fils de Dieu
qui a tout donné pour moi, pour chaque être, pour chacun de ces milliards
d'êtres humains qui ont vécu et vivent sur cette terre.
Le Sacré-Cœur de Jésus, c'est la
synthèse de toute la théologie christologique : ce Cœur est celui d'un Homme
véritable, c'est l'expression de l'amour, c'est l'origine de l'Eau et du Sang
qui nous purifient pour la vie nouvelle. En un mot, le Cœur de Jésus nous
rappelle l'Incarnation, la Rédemption, la Résurrection, l'Eucharistie.
Que notre conversion soit totale,
en retour, pour correspondre toujours un peu mieux à cet Amour divin.
Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance
en Toi.
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