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Pour écouter le Christ, il faut écouter l’Eglise
Aujourd’hui
s’achève le “Discours du Pain de Vie” que nous a relaté
l’évangéliste Jean depuis plusieurs dimanches.
Apparemment,
l’enseignement de Jésus n’a pas emporté l’adhésion massive
des Juifs, tant s’en faut. On se scandalise de devoir manger
la Chair et boire le Sang de ce Jésus qui parle, sans
chercher à mieux comprendre ce qu’Il veut dire ; pourtant
Jésus a bien dit que le Pain qu’il donnera sera Sa chair
(Jn. 6:51).
Si nous y
faisons un peu attention, il nous apparaîtra on ne peut plus
clairement que Jésus parle bien de Pain, et non de viande
crue, et que ce Pain sera Sa chair, donc qu’il se passera
quelque chose d’extraordinaire à ce moment-là pour que du
pain soit en même temps chair.
Pas un instant
Jésus ne demande qu’on vienne lui mordre les bras ou les
jambes ; simplement, cette nourriture eucharistique est une
Réalité tellement nouvelle, tellement inattendue, qu’Il doit
peu à peu l’expliquer à son entourage, à ses auditeurs, pour
qu’au moment voulu, tous reconnaissent Ce qui leur fut
expliqué et annoncé un ou deux ans auparavant.
Il n’empêche
que “beaucoup s’en allèrent” parmi les disciples ; ici il ne
s’agit pas encore de Judas, même si l’évangéliste dit
explicitement que “Jésus savait depuis le commencement
qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le
livrerait”, car juste après Jésus questionne “les
Douze”, ce qui nous vaut cette si belle déclaration de
Pierre : “Vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les
paroles de la Vie éternelle”.
L’enthousiasme
de Pierre ce jour-là ne l’empêchera pas, plus tard, d’avoir
ses moments moins heureux. Pierre est un homme, avec ses
hauts et ses bas, comme chacun d’entre nous. Dieu connaît
nos hésitations, nos épreuves et reste patient et
miséricordieux. Autre chose est notre ferme volonté, autre
chose nos petites faiblesses quotidiennes.
Une des façons
par laquelle nous pouvons chasser les tentations ou les
doutes, c’est de répéter avec quelque solennité nos
engagements profonds, notre foi, notre promesse, comme par
exemple quand nous proclamons le Je crois en Dieu à la
Messe. Certaines âmes saintes et mystiques, craignant d’être
victimes d’illusions mauvaises, renouvelaient leurs vœux de
religion : si c’était le diable qui les tentait, il
disparaissait aussitôt !
Dans la
première lecture, Josué demande au peuple israélite une
telle Profession de Foi : après les tergiversations répétées
durant l’exode dans le désert, après les multiples
défections, après les déviations vers les divinités
païennes, Josué était entré en Israël avec ce peuple et
avait reconquis cette Terre promise. Tous les épisodes en
sont racontés dans le Livre de Josué. Au dernier chapitre,
nous entendons donc Josué faire promettre à ce peuple de
rester fidèle à Dieu. Il les “tente” même, leur disant
qu’ils ne seront sans doute pas fidèles, mais tous répondent
qu’ils seront fidèles à leurs engagements. C’est alors que
Josué peut mourir en paix, ayant accompli sa mission.
Des tentations
de toutes sortes surgissent aussi dans toutes les familles.
Là aussi peut valoir le conseil précédemment proposé, de
renouveler nos engagements profonds. Saint Paul donne encore
d’autres avis pour ce qui concerne l’harmonie entre l’homme
et la femme dans le mariage. Mais que d’encre a été
gaspillée, et que de propos inutiles ont été tenus à propos
de cette “soumission” de la femme à son mari ! Cela vaut
qu’on s’y arrête quelques instants.
Il est bon de
noter que Paul parle d’abord d’être “soumis les uns aux
autres”, sans distinction de sexes, rappelant par là que
chacun doit respecter humblement les autres, sans chercher à
imposer sa personne, sa volonté, sa voix, ses préférences.
Discrétion.
Mais même
lorsque, selon l’expression de Paul, la femme doit être
soumise à son mari, l’apôtre précise bien — ce qu’on oublie
presque toujours — qu’elle doit l’être “comme au Seigneur
Jésus”, comme l’Eglise se soumet au Christ. Une soumission
qui n’a rien d’un esclavage, mais qui se passe simplement
dans le plein respect de Celui qui a fondé l’Eglise. Jésus
veut être aimé, et ne demande que l’Amour. L’esclavage est
une soumission sans amour.
D’ailleurs,
Jésus lui-même se soumet à l’Eglise, à Sa propre Epouse,
quand Il dit à Pierre : “Ce que tu auras lié sur terre,
sera lié aussi aux cieux ; et ce que tu auras délié sur
terre, sera aussi délié dans les cieux” (Mt 16:19).
Quand le prêtre dit “Je te baptise”, c’est le Christ qui
baptise ; quand le prêtre dit “Je vous remets tous vos
péchés”, c’est le Christ qui remet les péchés ; quand le
prêtre dit “Ceci est mon corps”, c’est le Christ qui nous
donne Son Corps, le Pain Eucharistique dont il était
question plus haut.
Jésus est
entièrement soumis à l’Eglise, parce qu’Il l’aime et ne fait
qu’Un avec elle ; qui aime vraiment, respecte tellement
l’Autre, qu’il s’y soumet amoureusement, et l’Autre répond à
son tour avec le même respect ; aucune humiliation ici,
aucune injustice, aucune blessure, aucune souffrance ; au
contraire, dans l’esprit de cette sainte soumission,
l’harmonie devient sans cesse plus parfaite ; l’amour se
dilate et s’épanouit.
Pour écouter le
Christ, il faut écouter l’Eglise. Quand on respecte l’Eglise
et qu’on accomplit fidèlement ce qu’elle nous demande, on
est sûr d’être avec le Christ.
Abbé Charles
Marie de Roussy
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