XXII DIMANCHE DU TEMPS COMMUN

SOYEZ LES BIENVENUS SUR LE SITE DES AMIS D'ALEXANDRINA - SEDE BEM-VINDOS AO SITE DOS AMIGOS DA BEATA ALEXANDRINA

     

XXII du temps commun
— B —

 

Lecture du livre du Deutéronome (IV 1-2, 6-8).

Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne, pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. Vous n'ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n'y enlèverez rien, mais vous garderez les ordres du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements, ils s'écrieront : Il n'y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ! Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l'invoquons ? Et quelle est la grande nation dont les commandements et les décrets soient aussi justes que toute cette Loi que je vous présente aujourd'hui ? »

 

Psaume 14

Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice,
et dit la vérité selon son cœur.

Il ne fait pas de tort à son frère
et n'outrage pas son prochain.
A ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il prête son argent sans intérêt,
n'accepte rien qui nuise à l'innocent.
L'homme qui fait ainsi
demeure inébranlable.

 

Lecture de la lettre de saint Jacques (I 17-18, 21-22, 27)

Frères bien-aimés, les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d'en haut, ils descendent tous d'auprès du Père de toutes les lumières : lui qui n'est pas, comme les astres, sujet aux mouvements périodiques ni aux éclipses passagères. Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de toutes ses créatures. Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver. Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c'est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon saint Marc (VII 1-8, 14-15, 21-23).

Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunirent autour de Jésus et virent quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées. - Les pharisiens, en effet, comme tous les Juifs, se lavaient toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangeaient pas avant de s'être aspergés d'eau, et ils étaient encore attachés par tradition à beaucoup d'autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. - Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leur repas sans s'être lavé les mains ». Jésus leur répondit : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l'Ecriture : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile, le culte qu'ils me rendent ; les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes ». Puis Jésus appela la foule : « Ecoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l'homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur ». Il disait encore à ses disciples : « C'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur ».

 

A toutes les époques Dieu a suscité des figures éminentes de sainteté

Profitons de la lecture de l’épître de Saint Jacques pour dire quelques mots de cet Apôtre. Comme deux Apôtres ont porté le même nom, on les a distingués par “majeur” et “mineur”, mais on les confond souvent quand même.

L’auteur de l’épître en question est Jacques “le Mineur”, proche cousin du Seigneur lui-même. Après l’Ascension, il fut le premier évêque à Jérusalem. Son martyre eut lieu en 62 : il fut précipité du haut du Temple de Jérusalem, lapidé et achevé à coups de foulon. Ce n’est donc pas de lui qu’il s’agit à propos de Compostelle.

Son épître, une des plus brèves du Nouveau Testament et en même temps une des moins lues, va attirer notre attention pendant cinq dimanches de suite. L’Eglise n’a retenu dans ces lectures que quelques éléments marquants de l’épître. Aujourd’hui, l’Apôtre rappelle aux chrétiens qu’après avoir entendu la Parole de Dieu, ils doivent la mettre en pratique : “Ne vous contentez pas de l’écouter, ce serait vous faire illusion”. Il a même cette comparaison amusante — non reprise dans la péricope d’aujourd’hui — que celui qui écoute la Parole sans la mettre en pratique, ressemble à un homme qui se regarde dans le miroir et qui, aussitôt après, oublie comment il était.

On pourra s’étonner tout de même de “la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion” dont parle saint Jacques. Suffit-il de “venir en aide aux orphelins et aux veuves” et de se “garder propre eu milieu du monde”, en d’autres termes, apparemment, de pratiquer quelques œuvres de bienfaisance et d’être un honnête homme ?

Il faut déjà souligner que, dans les débuts de l’Eglise, à l’époque où écrit notre Apôtre, la foi, le baptême, l’eucharistie, l’effusion de l’Esprit, l’obéissance à l’Eglise, étaient la condition incontournable de l’admission dans la communauté, de sorte que saint Jacques ici n’en parle simplement pas parce que ce sont des éléments évidemment sous-entendus. Son souci, en revanche, est de rappeler que cette foi chrétienne ne doit pas être un vase clos en notre cœur, mais qu’elle doit s’épanouir en large témoignage de vie dans la société.

Parlons des orphelins. Il en existait déjà à l’époque de Jésus ! Enfants sans parents, abandonnés, ignorés, laissés dans la rue, victimes de toutes les corruptions, cette plaie n’est pas d’aujourd’hui. Mais il n’y a pas que les orphelins naturels : il y a tous ceux qui ignorent la paternité de Dieu, Père de tous les hommes, soit qu’ils n’en aient jamais entendu parler, soit qu’ils l’aient oublié. Et là, nous rappelle saint Jacques, les chrétiens ont une immense et profonde responsabilité, pour ramener dans la famille des enfants d’Abraham tous les hommes en leur montrant la bonté de leur Père commun, du Dieu Bon et Créateur, Tout-puissant et miséricordieux, qui a envoyé Son Fils pour nous exprimer cet Amour.

Les veuves aussi peuvent s’entendre de deux façons. Celles qui ont perdu leur mari prématurément (à la guerre, souvent, et cette plaie aussi n’est pas d’aujourd’hui…) ou par quelque autre épreuve, ont perdu le soutien de leur vie et de leur affection. Les veuves sont beaucoup plus nombreuses que les veufs. Mais élargissons notre considération : les veuves peuvent aussi, dans l’esprit de saint Jacques, être toutes ces âmes privées de tout soutien immédiat, les faibles, qui ne savent à quoi se raccrocher, à quoi se référer, à qui s’adresser, qui n’ont plus de repères, comme un émigré qui a perdu famille, maison, travail et santé… Ici aussi le travail apostolique est immense ; comme disait le Christ : “La moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux”.

Autrement dit, l’apôtre saint Jacques étale sous nos yeux le champ pratiquement sans limite du travail apostolique qui incombe à tous les Chrétiens. C’est le travail d’évangélisation qui fut celui des premiers Apôtres, qui a continué dans tout l’empire romain, qui s’est étendu dans le monde entier, durant tous les siècles. A toutes les époques Dieu a suscité des figures éminentes de sainteté pour éclairer avec la lumière de la Vérité le monde enténébré. Saint Paul n’a pas converti l’empire romain en quelques jours, mais son zèle à laissé une empreinte qui a conduit cet empire à la conversion générale. Saint Giovanni Bosco (1815-1888) a laissé en Italie une œuvre immense qui s’est étendue jusqu’en Amérique du Sud. Et ce ne sont là que deux exemples parmi des centaines d’autres.

Nous sommes donc bien loin des petites “traditions”, des petits “rites” de lavage des mains ou des verres, dont se contentaient les pharisiens, et Jésus nous rappelle que de notre cœur sortent la plupart des tentations qui menacent à tout moment notre vie spirituelle, et de citer des mots que nous oublions si facilement ; le texte grec et les traductions les reportent dans les ordres les plus variés : adultères, fornications, meurtres, vols, avarices, méchancetés, fraude, impudicités, envie, calomnie, orgueil, folie. On notera les pluriels, montrant que nos pensées sont malheureusement fertiles en nombreuses déviations : les péchés du cœur précèdent de beaucoup les péchés réellement commis.

On comprend mieux ici l’invitation de saint Jacques à nous “garder propre au milieu du monde”. Le psaume 14 l’exprime avec des expressions non moins exigeantes, qui sont autant d’invitations à la sainteté : agir avec justice, dire la vérité, ne pas outrager le prochain, prêter sans intérêt ! Que nous sommes là bien loin du l’esprit du monde !

Beaucoup ont cette remarque qui leur sert de refuge : Quand on commence de donner un peu, on se fait manger complètement. C’est un peu vrai, et le Seigneur s’est ainsi donné complètement. Ce qui n’empêche pas la sainte vertu de Prudence de s’exercer : tant que l’heure n’était pas venue, le Seigneur ne s’est pas exposé inutilement. L’être humain ne peut pas se donner à tout, à tous, sans s’occuper primordialement de soi-même et de son équilibre personnel : par son amour de Dieu et par la prière il reçoit la lumière qui lui indique où se diriger, et comment témoigner de la Vérité dans l’amour du prochain, comme saint Maximilien Kolbe, bienheureuse Teresa “de Calcutta”, et tant d’autres.

C’est ce don de soi qui fait reconnaître la Royaume de Dieu ; c’est ainsi que les peuples s’écrieront “Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !” (première lecture).

Que l’Eucharistie “fortifie l’amour en nos cœurs, et nous incite à servir Dieu dans nos frères” (Prière finale).

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :

alexandrina.balasar@free.fr