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L'Église est la Vigne bien-aimée de Dieu
Nous l’avions vu durant la
lecture de l’épître aux Romains, saint Paul expliquait comment le Peuple juif
choisi par Dieu, ayant en quelque sorte rrécusé l’appel de Dieu, avait cédé sa
place à l’Eglise universelle, ordonnée autour de son Chef et des Apôtres.
Cette Église est la Vigne
bien-aimée de Dieu. Le Prophète Isaïe chante pour cette vigne un beau cantique,
plein d’amour, mais aussi plein d’amertume, parce que cette vigne n’a pas donné
les fruits attendus : symbole du peuple juif infidèle à l’amour de Dieu. A
l’époque du Prophète, il s’agissait des infidélités répétées du peuple juif et
des rappels incessants de Dieu par l’intermédiaire des Juges, des Rois, des
Prophètes, parfois aussi par le biais d’épreuves politico-sociales (invasions,
déportations). Cette désolation apparaît clairement dans le psaume 79 qui suit.
Jésus, en face des Scribes et des
Pharisiens endurcis, reprend l’image de la vigne et complète l’état des lieux
par une parabole très humaine et très historique : les serviteurs qui viennent
visiter cette vigne représentent les Prophètes qui se sont succédés sur les
places d’Israel et qui furent martyrisés les uns après les autres : Isaïe fut
scié en deux, Jérémie lapidé, Ezéchiel aussi fut mis à mort, Amos expira après
avoir reçu un formidable coup de massue… Puis vint le propre Fils du
Propriétaire de cette vigne, Jésus Fils de Dieu. Curieusement, les
interlocuteurs de Jésus ne comprennent toujours pas ; alors Jésus leur cite le
psaume 117, que nous chantons particulièrement à Pâques : “La pierre qu’ont
rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire.”
En rejetant le Messie divin, les
responsables juifs ont renoncé à leur vocation ; certes, personne ne les
empêchera de se reprendre un jour ; mais en attendant, ce sont les autres
nations qui deviendront la Vigne sainte de Dieu. C’est ainsi que la Parole de
Dieu, la Bonne Nouvelle, a été portée à toutes les nations du monde, grâce au
zèle des missionnaires, des saint François-Xavier ou des saint Pierre-Claver.
Il y a eu dans l’histoire de
l’Eglise des périodes plus heureuses, des périodes moins heureuses. Comment
qualifier la nôtre ? En beaucoup de régions, le christianisme est foulé aux
pieds, il semble que l’indifférence religieuse ait fait beaucoup de ravages, on
entend trop souvent parler de persécutions (en Inde, en Indonésie, en Afrique…).
Que devons-nous faire, nous, chrétiens du XXIe siècle ? Nous vanter ?
Il n’y a pas de quoi. Nous lamenter ? Jamais.
Aux Chrétiens de Philippes, saint
Paul suggère des choses très simples à pratiquer : ne pas être inquiet, prier,
supplier, respecter le vrai et le noble, le juste et le pur, digne d’être aimé
et honoré… En un mot tout ce que peut contenir le mot “vertu”.
“Virtus” en latin exprime tout ce
qui est force, virilité, courage. C’est une grâce de Dieu qui nous est donnée à
tout instant, pour soutenir nos faibles forces. S.Grégoire de Nysse (IVe
s.) écrit que “le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu”.
Relisons, si vous le voulez bien,
notre Catéchisme (Abrégé, nn. 377-388), où il est question des
vertus “théologales” (Foi, Espérance, Charité), des vertus cardinales (prudence,
justice, force, tempérance), des fruits de l’Esprit (charité, joie, paix,
patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie,
continence, chasteté). Tous ces mots ne sont pas facilement prononcés à notre
époque, où nous entendons plutôt parler de vengeance, de revendications, de
plaintes, d’injustices, d’infidélités, d’immoralités de tous genres.
Beaucoup d’entre nous désespèrent
: nos enfants n’apprennent rien, la société est mauvaise, il n’y a plus de ceci,
plus de cela ; de notre temps… Ces mauvaises jérémiades n’ont pas de sens. La
grâce de Dieu est toujours là, et il appartient à chacun d’en profiter et de
grandir sans cesse dans la vie divine. Nous n’avons pas de comptes à rendre pour
les autres, mais chacun devra répondre de sa propre vie, de ses propres efforts,
de ses propres actes.
Et surtout, il nous appartient de
nous appuyer sur l’infinie miséricorde et patience de Dieu : “Tu combles bien
au-delà de (nos) mérites”, dit la prière de ce jour ; “délivre notre conscience
de ce qui l’inquiète, donne-nous plus que nous n’osons demander”. Prière de
confiance, constructive, qui nous élèvera vraiment vers Dieu, en nous redonnant
de l’élan pour notre marche quotidienne. Et surtout, après avoir reçu en nous le
Corps du Christ, ne cachons pas ce Trésor derrière les soucis de monde, mais
considérons bien que c’est avec ce Trésor que nous aurons la force de progresser
toujours plus vers la Perfection.
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