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“Ce sera pour vous l'occasion de rendre témoignage”
Jésus ayant parlé de la
destruction totale du Temple, on lui demande la date de l'événement :
rien de plus naturel qu'une telle réaction. Imaginons qu'on nous ait
annoncé la destruction d'une grande basilique romaine, qu'il ne
resterait plus pierre sur pierre de la basilique Saint-Pierre...
Mais Jésus ne répond pas à
cette question. Beaucoup plus importante est notre construction
intérieure, notre vie spirituelle, qu'il faut sans cesse consolider.
C'est pourquoi Jésus dit tout d'abord : “Prenez garde de ne pas vous
laisser égarer”, veillez à votre foi, gardez l'espérance, ne vous
laissez pas abattre par les événements historiques, si douloureux
soient-ils.
Et d'annoncer des guerres,
des tremblements de terre, des épidémies de peste, des famines, des
faits terrifiants, de grands signes dans le ciel ; conflits nationaux et
internationaux, explosions et attentats, déportations massives, maladies
graves : il semble que nous vivions bien au milieu de tous ces malheurs.
Tout cela non plus ne doit pas nous abattre.
Combat beaucoup plus grave
sera celui de rester debout avec la foi, même dans les persécutions. Là,
Jésus revient à ses auditeurs — et nous sommes de leur nombre — nous
invitant à conserver toute notre confiance en l'assistance de l'Esprit
Saint au moment où même nos proches nous accuseront. Les persécutions
n'ont jamais cessé ; bien mieux, le XXe siècle écoulé a peut-être vu
tomber autant et plus de martyrs que durant les dix-neuf autres siècles
écoulés.
“Pas un cheveu de votre
tête ne sera perdu” : même poursuivis, accusés, torturés, mis à
mort, les martyrs sont gagnants, parce qu'ils sont sûrs d'avoir la Vie
éternelle en échange de ce qu'ils laissent, car ils échangent le
secondaire pour l'essentiel. Dans cette perspective, on comprend que
chacune de nos actions, de nos pensées (“chaque cheveu”), soit précieuse
aux yeux de Dieu ; c'est que nous ne sommes pas des égarés au milieu de
galaxies : Dieu aime chacun de nous.
C'est pourquoi saint Paul
nous rappelle dans la lecture d'aujourd'hui de ne pas céder à la
paresse, sous prétexte que bientôt tout sera fini. Chaque instant nous
est donné pour conquérir le Royaume de Dieu. Lui, Paul, qui se voyait
persécuté presque à chaque étape de ses voyages, et proche de sa
condamnation à mort, continuait à opérer : “Nous (lui et ses
disciples, Timothée, Epapharas, Tite, Luc, et d'autres), nous avons
travaillé pour n'être à charge d'aucun de vous”.
Récemment, une cause de
béatification semble avoir été définitivement abandonnée, quand on sut
qu'un jeune homme condamné par la maladie avait cessé d'étudier. Et Paul
est sévère sur l'inactivité : Qui ne veut pas travailler, n'a pas droit
à sa nourriture. Il ne pensait certainement pas aux trente-cinq heures,
ni aux quarante heures, mais à cette attitude irresponsable de tous ceux
qui se contentent de profiter des autres. Le livre des Proverbes avait
déjà cette remarque savoureuse : “Le paresseux dit : Un lion sur la
route ! Un lion sur la place” (Pr 26:13).
Nous nous préparons donc au
Retour du Christ. Cela pourrait historiquement arriver tout-à-l'heure,
demain, après-demain... Qu'ai-je fait de ma vie ? Quelle belle plante
ai-je semée, pour faire éclore bientôt une fleur magnifique ? Ou au
contraire, à quelle activité sans lendemain ai-je donné tant de temps ?
Quand Jésus sera là, où
serai-je ? Avec “ceux qui commettent l'impiété”, qui seront de la
paille, ou avec ceux qui respectent le Nom de Dieu, pour qui “se
lèvera le Soleil de justice”. C'est le prophète Malachie qui nous le
demande, déjà avant la naissance de Jésus. Mais nous savons que
l'avènement que nous attendons est cette rencontre avec le Fils de Dieu,
quand de toutes façons nous laisserons cette terre.
Tous ceux qui seront restés
fidèles dans leur cœur acclameront le Christ, “sur tous les
instruments” de musique. Oh, qu'il est beau ce psaume 97 ! Il est
plein de joie, plein d'harmonies célestes, c'est tout le créé qui joue
pour Dieu : que ce sera beau !
Abbé Charles Marie de
Roussy
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