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N'ayons qu'un roi : le Christ, et imitons-Le.
De nos jours, on entend
souvent par “roi” un méchant despote qui n'en fait qu'à sa tête et se
plaît à brimer ses sujets. Mais est-ce bien nécessaire d'être roi pour
se comporter ainsi ? Et n'y a-t-il pas eu quelques rois qui surent
administrer leur royaume avec clairvoyance et bonté ?
Commençons par David,
l'ancêtre de Jésus, qu'on connaît par l'histoire fameuse de Goliath.
Oui, il a commis des erreurs que nous racontent les Livres de Samuel,
mais son humilité à demander pardon à Dieu le rend encore plus “royal” à
nos yeux. Son psaume 50 montre la profondeur de son repentir :
l'humilité est une vertu de roi.
C'est David qui établit
l'Arche de l'Alliance à Jérusalem ; le mot “Jérusalem” signifie : cité
de la paix ; c'est là que David prépara tout ce que son fils Salomon
devait utiliser pour y construire le temple. Jérusalem : la ville de
David, la cité de Dieu, “le siège du droit”, que nous chante aujourd'hui
le psaume 121.
Pourquoi Jésus est-il roi ?
Parce qu'il en a reçu de Dieu l'onction, établi “pontife” (qui fait le
pont) entre le ciel et la terre. Cet hymne à la bonté de Dieu que
proclame saint Paul, nous le reprenons chaque mercredi dans la Liturgie
des Heures (le bréviaire).
Aux Chrétiens de la ville
de Colosses (dans l'actuelle Turquie), saint Paul rappelle tous les
bienfaits que nous avons reçus de Dieu : “Il nous a rendus capables
d'avoir part à l'héritage du peuple saint” ; “il nous a arrachés
au pouvoir des ténèbres” ; “il nous a fait entrer dans le royaume
de son Fils (son Église), par qui nous sommes rachetés et nos
péchés pardonnés”.
Cet hymne magnifique chante
ensuite le Christ : “image du Dieu invisible”, “avant tous les
êtres” (en grec : le premier-né de toute créature), “tête du
Corps, de l'Église”, “le commencement”, “premier-né
d'entre les morts” : non content de nous avoir donné tant de grâces
en vue de la béatitude éternelle, il s'est donné lui-même en sacrifice,
après nous avoir “en plus” laissé l'Eucharistie.
Il y a un détail touchant
dans l'attitude du “Bon Larron” (la Tradition l'appelle saint Dismas) :
“il disait...”, à l'imparfait, comme s'il répétait cette prière
avec confiance et insistance, convaincu de son péché et implorant le
pardon de ce Roi innocent qui mourait à côté de lui. Après Jésus, le
premier roi à entrer au Paradis, est bien le Bon Larron, royal pour son
humilité.
L'histoire nous a gardé le
souvenir de ces saints rois. Une trentaine de rois “Saints” sont au
Martyrologe, sans compter les reines et leurs parents. Certains se
firent moines, d'autres furent martyrs : les scandinaves Éric, Knut,
Olaf ; les hongrois Ladislas et Étienne ; les anglais Édouard, Edmond,
Céolwulf, Ina, Oswald, Oswin, Edwin, Richard, Edgar ; nos bretons
Salomon et Gaël...
On a souvent critiqué les
rois pour leurs “richesses” ; peut-être est-ce parfois la jalousie qui
nous a fait parler, mais peu sont ceux qui “jalousent” Louis IX de
France pour avoir lavé les pieds à ses pauvres ou participé à l'office
des moines à cinq heures du matin ; lui-même répondit un jour à ses
proches : “Si j'étais allé à la chasse avec vous, vous ne me
reprocheriez pas d'avoir délaissé les affaires de l'État !”
Tous, nous pouvons être les
rois de nous-mêmes, en sachant nous imposer les vertus que Jésus nous a
données en exemple : esprit de pardon, humilité, douceur. “Heureux
les doux, ils posséderont (=domineront) la terre” (Mt 5:4).
Nous chantons à la Messe :
...“car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la
gloire”. La prière du Seigneur a ces mots que nous répétons sans y
penser : “Que ton Règne vienne”.
Le pape Pie XI, instituant
la fête du Christ-Roi en 1925, n'avait qu'un souci : inviter tous les
hommes à regarder vers le Christ, comme idéal vrai et fondamental.
N'est-il pas vrai que nous nous plaignons de voir tant de désordres, de
violence, d'injustice dans notre monde ? Mais ce monde, c'est nous,
c'est moi, c'est toi ; si moi, toi, chacun, regardons vers le Christ
pour apprendre à être doux, humbles, honnêtes, le monde changera.
N'ayons qu'un roi : le
Christ, et imitons-Le.
Abbé Charles Marie de
Roussy
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