Valérien de Turnus Laïc

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Valérien de Turnus
Laïc, Martyr, Saint
+ 177 ou 178

Les actes de S. Marcel [1] nous ont appris que S. Valérien, son compagnon de captivité, avait vu comme lui tomber ses chaînes, et qu'ensemble ils étaient sortis de Lyon pour annoncer la bonne nouvelle à d'autres peuples. Tandis que S. Marcel allait à Châlon par les forêts qui servaient de limites à la Séquanie, S. Valérien prenait la voie romaine qui longeait la rive droite de la Saône, et s'arrêtait à Trenorchium, Tournus, lieu fortifié, station et grenier des légions romaines. Il entrait dans les rues de la divine Providence que ces deux villes éduennes parvinssent à la connaissance de la vraie religion, et qu'elles eussent chacune leur martyr et leur protecteur.

S. Valérien exerçait donc à Tournus les saintes et périlleuses fonctions de l'apostolat. Le zèle dont il était embrasé appelait tous les jours de nouveaux combattants sous les étendards de Jésus-Christ. Mais, comme son généreux compagnon, il devait arroser de son sang la semence bénie qu'il avait jetée dans cette terre.

Quelques jours après le martyre de S. Marcel[2], le président Priscus descendait à Lyon. Précédé d'un héraut, il voguait sur la Saône ; un nombreux cortège le suivait sur la voie romaine. Il s'arrête vers le soir à Tournus, y publie la mort récente de Marcel, et apprend, de la bouche des païens, que dans une grotte ou chaumière peu éloignée des murs de Tournus, un autre fugitif de Lyon avait élevé un autel au Christ, et converti plusieurs personnes.

Dès le lendemain, Priscus fait arrêter S. Valérien. On le trouve dans une cellule décorée d'une croix. Reconnu à ce signe auguste, on le conduit au président.

Il paraît devant lui chargé de chaînes et les mains liées comme un criminel. Priscus lui dit : « Est-ce toi, Valérien, qui t'exposes à la mort, en prêchant le nom du Christ ? Ignores-tu le sort de ton ami Marcel abusé par la même erreur ? Songe à te sauver en honorant les dieux immortels. Reconnais ces divinités que les édits sacrés de l'empereur ordonnent d'adorer. Nos pères les ont vues, nous vénérons leurs saintes images, et leur postérité règne dans les deux. Adore donc Jupiter tout-puissant, Junon, son épouse cl sa sœur, Vénus, sa fille, Vulcain et Mars, frères et époux de Vénus. Si tu ne le fais, tu seras puni avec plus de rigueur encore que ton compagnon Marcel. »

S. Valérien répondit : « Le cortège qui vous entoure m'annonce que vous êtes président et juge de ces provinces. Mais l'erreur commune aux païens vous obscurci l'intelligence. Pourquoi la superstition de votre empereur détruit-elle les décrets de ceux qui l'ont précédé. Quelles sont les divinités dont vous parlez ? Les lois ordonnent de punir l'inceste, et vous adorez des dieux coupables de ce crime ! Ce qui est condamnable dans l'homme, peut-il être honoré dans la divinité ? Vous êtes en contradiction avec vous-même.

Vous me menacez du supplice que mon frère Marcel a glorieusement enduré. Ah ! Plutôt, avouez-vous vaincu par son courage. Confessez, adorez le Dieu du ciel et de la terre, créateur et souverain maître de tout ; ce Dieu qui a souffert innocent pour nous délivrer par sa mort de la damnation éternelle, et qui par sa résurrection assure pour toujours notre salut. Son règne n'a ni fin ni commencement ; c'est lui qui est le vrai Dieu ; on ne le trouve ni dans le métal ni dans la pierre, mais dans le temple de la foi et dans le sein de l'éternelle félicité. »

Le président lui dit : « Quoi ! tu n'es pas effrayé de l'appareil des supplices ! Tu me réponds par de vaines rêveries, comme pour faire le procès à ton juge ! Tout-à-l'heure, quand tu succomberas dans les tourments, tu reconnaîtras la puissance de nos dieux et la faiblesse du tien. » Valérien répondit : « Les tortures dont, vous me menacez n'ont pas ébranlé le courage de mes compagnons. »

Irrité de la fermeté de notre saint confesseur, Priscus le fait attacher à un poteau et déchirer avec les ongles de fer. Soutenu par une foi inébranlable, ce généreux athlète bravait ce cruel supplice. Le président, craignant qu'une constance si merveilleuse n'attirât à la foi chrétienne quelques-uns des assistants, ou pressé lui-même de partir ce jour-là, le fit délier et le condamna à avoir la tète tranchée. S. Valérien fut aussitôt conduit au lieu du supplice, hors de l'enceinte fortifiée qu'habitaient les Romains[3]. Il est marqué dans ses actes que, rendant grâces à Dieu pendant qu'on le conduisait à la mort, et tenant les yeux élevés vers le ciel, il aperçut Jésus-Christ s'offrant à lui avec une couronne. Déjà certain de la récompense annoncée par cette vision, il marchait si vile qu'il devançait môme les exécuteurs. A peine fut-il arrivé au lieu du supplice, qu'il se mit à genoux et reçut dans celle posture le coup qui l'associait à la gloire des martyrs.


[1] Horreum castrense. Acta S. Valeriani. — Les actes de S. Valérien se trouvent dans les histoires de Tournus, par Chifflet et Juénin, et dans celle de Châlon. Ou les croit plus anciens que le Martyrologe d'Âdon et que les écrits de S Grégoire de Tours. On en trouve l'abrégé dans presque tous les historiens ecclésiastiques.
[2] Tous les Martyrologes mettent au 18 septembre le martyre de S. Valérien.
[3] Chez les Romains, les exécutions et les inhumations se faisaient toujours hors des villes.

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