Ce Saint
était natif du village de Mammerath, dans l'archevêché de
Trèves. Quoique enfant et pauvre lui- même,
il avait le cœur si compatissant, qu'il donnait aux pauvres le
gain de sa journée. Il se fit remarquer de bonne heure par sa
naïve simplicité, son admirable humilité, par une pureté
angélique, par une piété et une dévotion qui excitèrent un
étonnement général et lui gagnèrent tous les cœurs, excepté
celui de son beau-père. Ce dernier le tourmentait et le
maltraitait de toutes les manières, au point qu'il se vit forcé
de se mettre en service chez des étrangers. Il vint à OberWesel,
sur la rive gauche du Rhin, entre Mayence et Coblence, où il
travailla chez des juifs. Le jour du Jeudi-Saint, le jeune
garçon ayant fait ses dévotions et étant rentré à la maison, les
juifs l'attirèrent dans un appartement, où ils le suspendirent
par les pieds, pour lui faire rendre la sainte Hostie. Se voyant
trompés dans leur attente, ils firent éprouver à cet enfant les
supplices les plus horribles. Une jeune chrétienne s'en aperçut
et en donna avis au bourgmestre : mais les juifs gagnèrent cet
homme, et jetèrent leur martyr pendant la nuit dans un bateau,
avec ordre de monter le Rhin jusqu'à Mayence et de le
transporter dans un endroit caché. Mais la vengeance de Dieu les
poursuivit, et à la pointe du jour ils ne purent plus avancer.
Après plusieurs tentatives inutiles, pour jeter le cadavre dans
l’eau, ils le mirent dans une caverne entourée de buissons, non
loin de Bacharach, près de l'endroit où s'éleva dans la suite
Winsbach. On ne tarda pas à découvrir son corps et on l'enterra
honorablement dans
la chapelle de saint Cunibert, près de Mayence. Ceci arriva le
18, ou plutôt le 19 Avril 1287. Dieu confirma sa sainteté par
beaucoup de miracles opérés sur son tombeau ; ils furent
d'ailleurs judiciairement examinés et homologués. Werner est un
Saint diocésain de l'évêché de Trêves, et les gens de la
campagne entre Bingen et Coblence,
ainsi que les habitants
de ce qu'on appelle le Hunsrûek,
ont pour lui une grande dévotion.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |