Alix Le Clerc, Religieuse

Alexandrina
de Balasar

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Alix Le Clerc
Religieuse, Fondatrice, Bienheureuse
1576-1622

Il y avait alors à Mattaincourt une jeune fille de vingt-deux ans, originaire de Remiremont, nommée Alex le Clerc. Elle y était élevée dans la piété et la civilité, selon l’usage des meilleurs maison du lieu.

« Elle était, dit son historien, d’un naturel doux et accommodant, d’un abord agréable, avec une modestie qui donnait de l’admiration, accompagnée d’une certaine gravité, grâce et douceur, qui la faisait craindre et aimer. Sa présence donnait du respect et de la retenue à ceux qui conversaient avec elle. Elle était grande, droite et bien faite, la taille et le port excellent excellents, un peu blonde, le teint blanc et délicat, les yeux bleus, le nez assez long, la bouche belle, mais un peu plate ; l’esprit et le jugement sains ; fort retenue et avisée en ses paroles, d’une humeur tranquille et toujours égale. »

Par sa beauté et les grâces de son esprit, Alix le Clerc plaisait au monde et elle avait senti naître en elle le désir de plaire. Mais soupçonnant qu’elle n’était pas dans sa voie, et poursuivie de retranchement en retranchement, tantôt par des inspirations secrètes, tantôt par des visions pleines de sens, elle se rendit enfin, et, foulant aux pieds la vanité du siècle, elle voua à Dieu sa virginité.

« Quand je priais Dieu, dit-elle dans la Relation de sa vie, il me tombait toujours en l’esprit qu’il me faudrait faire une nouvelle maison de filles pour y pratiquer tout le bien qu’on pourrait. »

Plus tard, elle eut une vision dans laquelle il lui sembla qu'elle ramassait de petites pailles abandonnées que d'autres regardaient avec mépris, et elle entendit intelligiblement une voix qui lui dit: « Je veux que ces petites âmes, qui sont comme des enfants bâtards, délaissées de leur mère, en aient une désormais en toi. »

Les véhémentes prédications de Pierre Fourier achevèrent de fixer cette âme et lui ouvrirent ses véritables horizons.

Elle confia ses attraits au saint Curé, qui dut, par prudence, la laisser quelque temps en suspens, alléguant pour premier obstacle l'impossibilité de commencer seule une telle oeuvre.

— « Où trouverez-vous, lui dit-il, des compagnes qui voudront se joindre à vous? »

Alix, néanmoins, persistait dans ses pensées, demandant à Dieu avec confiance une manifestation plus claire de ses desseins sur elle.

Elle en était là, lorsqu'une jeune fille, nommée Gante André, touchée de sa vie édifiante, vint lui confier le désir qu'elle avait de se consacrer à Dieu avec elle.

Gante n'avait que dix-sept ans. Mais c'était une nature riche, généreuse et expansive. A une complexion robuste, à une santé de fer, elle joignait un esprit viril, un caractère décisif, des idées nettes, un bon sens que rien ne déconcertait, et un courage à l'épreuve de toutes les difficultés. Depuis sa tendre enfance elle n'avait vécu que pour Dieu et pour les pauvres, et son rêve était de se livrer tout entière à l'action, pour étendre sur la terre le règne de Jésus-Christ.

Un jour du mois d'octobre 1597, Alix, suivie de cette première compagne, se présenta au presbytère de Mattaincourt, et renouvela instamment au Père Fourier son intention de quitter le monde et de servir Dieu sous sa direction, comme elle le lui avait déjà exposé une première fois. Ému de cette déclaration, qui répondait au secret désir de son zèle, Pierre Fourier bénit Dieu dans son coeur; mais il se tut prudemment et ne les accueillit qu'avec réserve.

Bientôt trois autres jeunes filles, apprenant leur démarche, vinrent successivement trouver Alix et s'ouvrirent à elle du même dessein qu'elles nourrissaient en silence.

La jeune apôtre les conduisit de nouveau au saint Curé, pour qu'il leur fit connaître la volonté de Dieu à leur égard. Tout en les écoutant, Pierre Fourier les modérait, ajournait leur résolution, et les en détournait même, afin de les éprouver.

Assuré enfin de leur vocation, il leur permit de paraître à l'église, la nuit de Noël 1597, vêtues de noir et couvertes d'un voile. Puis, quelques semaines plus tard, dans une nuit d'oraison et d'extase, du dix-neuf au vingt janvier 1598, veille de saint Sébastien, il prit devant Dieu sa résolution définitive.

Ému des dangers que faisait courir aux bonnes moeurs la réunion dans les mêmes classes des garçons et des filles, il jugea qu'il serait nécessaire d'avoir une Religion d'hommes pour instruire des garçons et une Religion de femmes pour instruire les filles, et il se décida à instituer simultanément deux Ordres, l'un de Religieux et l'autre de Religieuses, qui seraient voués à l'enseignement gratuit des enfants du peuple.

A peine sa résolution prise, il se mit à l'oeuvre pour fonder d'abord l'Ordre des hommes. Il choisit donc cinq ou six jeunes garçons, qui avaient déjà fait quelques études, et les réunit dans son presbytère, pour essayer de les former à l'enseignement. Mais l'heure n'était pas encore venue. L'un s'échappa, l'autre demanda son congé, un troisième se dégoûta, à tel point qu'en moins de trois mois, l'entreprise s'évanouit. C'est au chanoine rémois, Jean-Baptiste de la Salle, qu'était réservée la gloire de reprendre et de réaliser ce noble dessein.

Toute l’activité de Pierre Fourier se retourna aussitôt vers les cinq jeunes filles, qui n’attendaient, pour agir, qu’un mot de sa bouche.

Après quelques épreuves, suscitées par la nouveauté du projet, il leur permit de se rassembler, avec approbation provisoire de l’évêque de Toul, au village de Poussay, près de Mattaincourt, sous la protection de Madame d’Apremont. C’était la veille de la fête du Saint-Sacrement de l’an 1598.

Ce fut donc à Poussay que ces généreuses filles jetèrent les premiers fondements de la Congrégation de Notre-Dame, se livrant à des prières et à des pénitences continuelles, afin de connaître et d’accomplir la volonté de Dieu. En attendant, elles se mirent à instruire les jeunes filles du village.

Le bon Père allait les voir deux ou trois fois la semaine. Jamais il n’entrait dans leur maison, mais il les écoutait à l’église, où elles lui rendaient compte de ce qu’elles faisaient ; et lui, de son côté, les formait à la vie spirituelle, et leur communiquait les méthodes les plus propres à l’instruction des filles. Il ne craignait pas de s’abaisser aux plus menus détails, leur enseignant à bien lire, leur traçant les principes de l’orthographe et les règles de l’arithmétique.

En 1600, elles rentrèrent à Mattaincourt, grâce à la générosité de Madame d’Apremont, qui leur acheta un local. Alix reçut du Père Fourier la direction de la maison, et là, comme à Poussay, les élèves affluèrent en si grand nombre dans leur école, qu’à peine les maîtresses y pouvaient-elles suffire, bien qu’elles eussent déjà reçu quelques compagnes.

« Le R. Père en était le directeur, et il ordonnait à chacune ce qu’elle y devait faire. Il voulait qu’outre les leçons et les prières, on fit tous les jours répéter aux enfants une partie du catéchisme, et des dialogues qu’il composait lui-même, contre les vices qu’il savait régner le plus dans sa paroisse et dans les villages voisins ; et, tous les dimanches, après les vêpres, il faisait le catéchisme, interrogeait les petites filles et leur faisait dire des dialogues, avec diverses questions utiles pour instruire le peuple qui venait de tous côtés. »

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