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La
France
n'a
pas
seulement
donné
des
Saints
à
l'Église,
mais
elle
en
a
encore
reçu
des
pays
éloignés,
et
comme
une
terre
promise
aux
âmes
d'élite,
elle
a
toujours
été
la
retraite
des
plus
grands
personnages
de
toutes
les
nations.
Nous
le
voyons
en
saint
Fursy.
Finloga,
qui
gouvernait
la
Momonie
méridionale,
un
des
six
royaumes
de
l'Irlande
au
commencement
du VIIe
siècle,
eut
un
fils
nommé
Fintan
qui
épousa
Gelgès,
fille
unique
du
roi
Aedfind.
Cette
princesse,
élevée
dans
la
foi
chrétienne
à
l'insu
de
son
père,
convertit
celui
qui
aspirait
à
sa
main,
et
reçut
en
secret
avec
lui
la
bénédiction
nuptiale.
C'est
de
cette
union
que
devait
naître
saint
Fursy.
Sa
naissance
fut
précédée
par
des
signes
merveilleux,
qui
donnèrent
assez
à
connaître
que
Dieu
l'avait
élu
pour
combattre
contre
le
péché,
et
pour
ruiner
le
paganisme
qui
régnait
encore
en
ce
temps-là
dans
ces
îles
du
Septentrion.
Aedfind,
s'apercevant
de
la
grossesse
de
sa
fille
et
apprenant
le
mariage
secret
qu'elle
avait
contracté
avec
un
chrétien,
entra
dans
une
si
violente
fureur,
qu'il
ordonna
que
cette
désobéissance
fût
punie
par
le
supplice
du
feu.
Il
voulut
même
assister
à
l'exécution
de
sa
sentence,
et
la
fit
conduire
en
sa
présence
au
bûcher
qui
lui
était
préparé.
On
dit
qu'en
ce
moment
l'enfant
qu'elle
portait
dans
son
sein
parla
d'une
voix
intelligible,
et
reprit
fortement
son
grand-père
de
sa
cruauté
envers
lui
et
envers
sa
mère
Au
moins,
entendit-on
des
paroles
extra-ordinaires
qui
venaient
du
côté
de
la
princesse,
et
l'on
ne
sait
pas
si
ce
fut
un
ange
ou
l'enfant
même
qui
les
prononça.
Ce
qui
est
plus
certain,
c'est
que
Gelgès
fut
délivrée
des
flammes
par
une
pluie
soudaine
et
des
sources
miraculeuses
qui
les
étei-gnirent.
En
présence
de
ce
miracle
et
de
la
joyeuse
exaltation
du
peuple,
Aedfind
n'osa
consommer
sa
vengeance;
il
se
contenta
de
bannir
sa
fille
et
son
gendre.
Les
jeunes
époux
se
réfugièrent
dans
une
île
du
lac
d'Orbsen,
d'où
saint
Brendan
dirigeait
le
monastère
voisin
de
Clunaferte.
Ils
trouvèrent
là
le
sympathique
accueil
que
méritaient
leurs
malheurs,
et
une
résidence
leur
fut
assignée
dans
l'hôtellerie
de
cette
célèbre
abbaye,
où
vivaient
près
de
trois
mille
religieux.
La
nuit
même
de
leur
arrivée,
la
chambre
où
ils
étaient
logés
fut
éclairée
d'une
lumière
extraordinaire,
qui
fit
connaître
aux
insulaires
le
mérite
de
ces
illustres
fugitifs.
Le
terme
de
l'innocente
princesse
étant
arrivé,
elle
mit
au
monde
notre
Saint,
qui
fut
régénéré
dans
les
eaux
saintes
du
baptême
par
le
même
saint
Brendan,
et
nommé
Fursy.
Cet
enfant
donna
bientôt
des
signes
de
sa
sainteté
future,
par
la
douceur
de
son
naturel
et
une
très-forte
inclination
qu'il faisait
paraître pour les exercices de piété, ce qui obligea saint Brendan d'avoir un
soin particulier de son éducation. Il le mit, selon l'usage de ce temps-la,
dans le monastère de Clunaferte, sous la conduite des moines, où il fit, en peu
d'années, un très-grand progrès dans la pratique de la vertu et dans la
connaissance des lettres divines et humaines. Ayant fait profession de la vie
monastique, il s'appliqua, avec beaucoup de fruit, à la prédication de l'Évangile
et la ferveur de son zèle suppléant à la faiblesse de son âge, il gagna
aussitôt grand nombre d'infidèles et de pécheurs au service de Notre-Seigneur
car les païens étaient encore très-nombreux malgré les missions qui s'étaient
succédé en Irlande depuis le IVe siècle.
« Or, il advint
que le roi Brendin, qui gouvernait l'Ultonie méridionale, eut deux enfants
jumeaux, un fils et une fille qui moururent en même temps de quoi furent
attristés tous ceux du pays on ne put les mettre en terre les païens irlandais
eussent voulu démembrer les cadavres pour les manger. Le roi Aelfind, par le
conseil des sages, les confia à des écumeurs de mer pour les emmener de nuit et
les faire enterrer en cachette. Mais ils ne parvinrent pas au lieu où ils
s'étaient proposé d'aller il plut à Dieu qu'ils abordassent devant l'ermitage
que saint Fursy s'était construit près du monastère.
Le matin, quand
le jour fut venu, voici le saint jeune homme Fursy qui s'en va à l'église comme
il avait coutume quand il ouvrit la porte, il vit les corps de son cousin et de
sa cousine tout nus, de quoi il fut très-surpris et commença à pleurer de pitié
et pria Notre-Seigneur, en disant Beau sire Dieu, faites que les âmes
reviennent dans ces corps. A peine eut-il achevé sa prière que les enfants se
levèrent tout joyeux; puis ils furent émerveillés et eurent grande honte. Le
saint jeune homme Fursy eut pitié d'eux. Après leur avoir trouvé des vêtements
convenables, il prit un bâton, le jeta en la mer, lui commanda de s'en aller
droit au port d'où les enfants étaient venus et fit signe aux enfants de le
suivre sans crainte. Or, écoutez une chose qui doit émerveiller et qui doit
être racontée pour la gloire de Nôtre-Seigneur le bâton s'en alla devant comme
s'il eût eu de l'entendement; les enfants marchèrent hardiment à sa suite dans
le sillage qu'il traçait, jusqu'à ce qu'ils arrivèrent en leur pays et
reconnurent leurs gens ».
En apprenant ce
double miracle de saint Fursy, les parents des deux jumeaux résolurent d'aller
lui témoigner leur reconnaissance. Pendant ce temps-là, le démon prévoyant
combien la vie de saint Fursy serait glorieuse et utile à l'Église, entreprit
de le persécuter par les religieux de son monastère. Ils commencèrent donc à
médire de lui, à l'injurier et à le maltraiter; de sorte que pour céder à leur
envie, il fut obligé de quitter ce lieu et de se retirer, avec la permission de
saint Brendan, dans une autre île du lac d'Orbsen nommée Ratimath. Ce fut sans
doute un coup de
Aedfind aurait
voulu ramener avec lui Fintan et Gelgès mais Finloga venait de mourir, et son
fils devait se rendre aux désirs des Momoniens méridionaux, en allant régner
avec sa femme sur cette partie de l'Irlande. Fursy, après le départ de ses
parents, redoubla de ferveur dans le service de Dieu. Il priait continuellement
pour la conversion des pécheurs et pour le salut de tous les membres de sa
famille. Ses vœux les plus chers furent exaucés, quand il vit ses jeunes
frères, Foillan et Ultan renoncer aux honneurs du monde et venir embrasser,
sous sa direction, la règle monastique.
Notre Saint
s'arrachait parfois à la solitude, pour aller évangéliser les contrées
voisines. Un jour qu'il partait pour aller prêcher dans le royaume de son père,
il tomba subitement malade et fut ramené dans son monastère. C'est alors qu'il
eut une série d'extases et de ravissements dont le vénérable Bède, dans son
Histoire nous a laissé le récit qu'a reproduit Ribadeneira nous n'en donnerons
que l'abrégé. Dans ces suspensions de ses sens, il vit des choses merveilleuses
pour son instruction et pour celle de ses religieux et de ceux à qui il devait
prêcher l'Évangile. Des anges lui apparurent et le défendirent contre diverses
accusations des démons qui poursuivaient sa condamnation. Ils lui firent
connaître qu'il y avait principalement quatre feux qui enflammaient le monde et
perdaient les chrétiens, savoir l'infidélité aux promesses de leur baptême, la convoitise
des richesses de la terre, l'esprit de dissension et la dureté envers le
prochain. Il les entendit chanter alternativement ces deux premiers versets du
psaume LXXXIII « Les Saints iront de vertu en vertu; le Dieu des dieux sera vu
dans Sion » et le trisagion « Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu des
armées ». Il aperçut aussi en trois de ces anges une figure admirable de
Saint Fursy pria
Dieu de ne lui jamais ôter ses cicatrices afin de se souvenir, tout le temps de
sa vie, combien il est redoutable de tomber entre les mains de la divine
justice. Depuis ce temps-là, lorsque le saint abbé parlait en conférence avec
ses moines de ce qu'il avait vu et ouï des peines de l'enfer, il tremblait et
suait d'appréhension.
Saint Fursy
étant entièrement revenu à lui-même, s'appliqua à la prédication de l'Évangile,
suivant l'ordre qu'il en avait reçu du ciel, et prêcha encore douze ans dans
les royaumes d'Irlande, d'Écosse et d'Angleterre. Il y convertit grand nombre
d'idolâtres et de pécheurs par la force de ses paroles et par l'exemple
admirable de sa vie, et gagna entièrement à Dieu Sigisbert, roi de
l'Est-Anglie, un des sept royaumes fondés successivement du V au VIe
siècle par les Angles et les Saxons dans
Quelle que fût
la générosité du roi Anne, successeur de Sigisbert, il ne put procurer une
cloche à l'église de la nouvelle abbaye « Alors l'ange de Notre-Seigneur en
apporta une à travers les airs, laquelle existait encore en i 468 B. Il est un
autre miracle de cloche dans la vie de saint Fursy les moines de Lismore, en
Irlande, en aperçurent un jour une qui voltigeait dans l'espace. Ayant interrogé
saint Cuanne, leur abbé, sur ce prodige, celui-ci leur répondit que c'était la
cloche de saint Fursy qui, ne pouvant venir resserrer avec eux les liens de la
fraternité monastique, avait envoyé la cloche de son monastère pour le
représenter. A défaut d'autre chose, ces anecdotes ont leur importance au point
de vue de l'histoire des cloches.
Un des points
principaux de sa piété était la sanctification des fêtes. Il commençait la
célébration du dimanche aux Vêpres du samedi, et employait le reste du jour et
le suivant en oraison ou en des pratiques de vertu, afin de remplir le sabbat
d'œuvres dignes de Dieu. Il avait une charité extraordinaire pour les pauvres,
et ne faisait point difficulté de leur distribuer, dans les temps de cherté,
toutes les provisions de son monastère. Un murmure s'étant élevé à ce sujet
parmi les frères, qui craignaient de tomber dans le besoin, il leur apprit à
mettre leur confiance en Dieu par une moisson miraculeuse qu'il fit naître dans
une de leurs terres, peu de jours après y avoir semé du grain.
Après avoir
ainsi gouverné quelque temps ce monastère, saint Fursy, désirant vivre dans une
plus grande retraite, se démit de sa charge d'abbé entre les mains de son
frère, saint Foillan, lui donna pour associés deux prêtres d'une éminente
vertu, et se retira dans la solitude avec saint Ultan, son second frère, qui
menait déjà une vie érémitique. Ils passèrent une année ensemble, avec une
douceur incomparable, traitant souvent avec Dieu par l'oraison, et travaillant
quelquefois des mains pour se délasser l'esprit. Mais au bout de ce temps, il
fut contraint de quitter la vie contemplative par l'irruption du roi de Mercie
(un des sept royaumes anglo-saxons), le violent et turbulent Penda, qui faisait
la guerre au roi d'Est-Anglie. Il quitta même la Grande-Bretagne, et vint en
France vers 646 où il fit, de tous côtes, d'insignes miracles~. Dans le
Ponthieu, il ressuscita le fils du duc Haymon ce dernier, admirant une si
grande merveille, n'épargna rien pour l'arrêter auprès de lui mais il n'en put
venir à bout, parce que le dessein de Fursy était d'aller à Rome il promit au
duc que si Dieu lui conservait la vie, il le viendrait revoir et que, si cela
ne se pouvait pas faire, il lui en donnerait avis. Au village d'Authuille, sur
la petite rivière d'Ancre, il chassa le démon du corps d'un misérable qui
l'avait volé sur le chemin, et qui, en punition de ce crime, était cruellement
tourmenté avec toute sa famille, par ce malin esprit. Il le convertit, avec
tous les siens, à notre sainte religion, et par cette charité qui n'a point de
fiel, de son persécuteur il fit son frère en Jésus-Christ. A Grandcourt, près
d'Arras, il délivra d'une semblable possession une dame de qualité, nommée Ermannède,
qui était tombée dans ce malheur, pour l'avoir éconduit sans lui vouloir donner l'hospitalité.
Il ne revint pas néanmoins chez elle mais, touché des larmes des domestiques qui coururent après lui et lui représentèrent
l'état déplorable
de leur maîtresse, il lui envoya un de ses disciples, avec son bâton, ce qui fut suffisant pour
Notre Saint, continuant ainsi son voyage par la France et l'Italie, arriva enfin à Rome, où saint Martin tenait le siège apostolique.
Du plus loin qu'il aperçut cette ville consacrée par le sang des deux plus grands Apôtres et d'une infinité d'autres
Martyrs, et
ornée des mérites de tant d'illustres Confesseurs et de saintes Vierges, il se mit à genoux et la salua avec beaucoup de respect et de dévotion. Y étant entré, il en visita avec une ferveur extraordinaire tous les lieux de piété, et versa beaucoup de larmes pour apaiser la colère de Dieu irrité contre les pécheurs, et pour attirer sa bénédiction sur toute l'Église. Comme il pensait à son départ, Dieu lui fit commandement de parler au Pape, et de prendre mission de lui pour l'exercice de la prédication et des fonctions apostoliques
parmi les peuples. Le Pape eût été ravi de le retenir auprès de lui il lui offrit pour cela des dignités ecclésiastiques mais voyant qu'il était appelé ailleurs, il lui accorda bien volontiers la mission qu'il lui demandait. On dit même qu'il le sacra évêque régionnaire pour toute la France, afin d'assister les prélats de ce royaume dans la grande mission qu'ils avaient à accomplir, et qu'il lui donna pour bâton pastoral une crosse de bois dont plusieurs saints Papes ses prédécesseurs s'étaient
servi.
Enfin, après plusieurs voyages,
ce fervent prédicateur vint à Paris, où le roi Clovis II, frère de Sigebert, et sainte Bathilde, son épouse, lui firent de grands honneurs. Ils le recommandèrent particulièrement
à Erchinoald
ou Archambaud,
leur maire du palais.
Ce personnage écoutait avec déférence les avis apostoliques
que notre Saint prodiguait aux moines, aux évêques, aux courtisans et au roi lui-même. Plein de vénération pour le saint missionnaire,
il le pria d'aller baptiser son fils au château de Péronne. Après le baptême de l'enfant que l'on croit être Leudèse, maire du palais sous Thierry I", Fursy fit sortir miraculeusement de prison six criminels dont ce seigneur lui avait refusé la délivrance ce qui lui acquit tant d'estime auprès de lui qu'il voulait absolument le retenir dans ses terres. Il lui fit bâtir pour cela un oratoire auprès du palais qu'il avait en cette ville, sur le mont qu'on appelait le Mont-des-Cygnes Fursy
y allait souvent prier. Il fit présent à ce sanctuaire des corps de saint Béodan, de saint Meldanet de saint Patrice, qu'il avait rapportés d'Irlande.
Erchinoald, sachant
que saint Fursy désirait fonder un monastère en Neustrie, chargea
trois de ses officiers de parcourir avec lui les terres qui appartenaient
à son domaine, pour que le moine celte y fît son choix. La préférence du Saint tomba sur Lagny-en-Brie, dans
le voisinage
de Chelles,
terre fertile baignée par la Marne et
dépendant alors du diocèse de Paris Grâce aux libéralités réunies d'Erchinoald,
de Clovis II et de son épouse sainte Bathilde, saint Fursy put bâtir, vers 648,
un monastère et trois chapelles, dont l'une devait plus tard prendre son nom.
II y assembla en peu de temps, sous la règle de Saint-Benoît, un grand nombre
de religieux qui édifièrent toute la France par la pureté de leur vie. Ce fut
là que le Saint obtint une fontaine miraculeuse qu'il fit naître en fichant son
bâton dans
Cette fontaine
existe encore, et est plus que suffisante pour alimenter toute
La sainteté de
ce bienheureux abbé éclatait encore par la puissance qu'il avait sur les
démons, car il n'y avait point de possédé qui ne trouvât dans sa prière un
remède assuré contre ce malheur.
C'est pendant
son séjour à Lagny que saint Fursy prêta son concours à Audobert, évêque de
Paris, et peut-être à son successeur saint Landry, en remplissant les fonctions
de chorévêque, qui équivalaient à celles de nos vicaires généraux actuels.
C'est sans doute en cette qualité que, de concert avec saint Bobolin, il
construisit une église à Compans qu'il fit consacrer par l'évêque Audobert.
Erchinoald,
redoublant de générosité, se rendit à Lagny et annonça à notre Saint qu'il
allait lui faire bâtir un second monastère sur une montagne voisine de Péronne,
(c'est l'origine de l'abbaye du Mont-Saint-Quentin), et de plus une église sur
le Mont-des-Cygnes, à l'emplacement de cette chapelle castrale, où l'Apôtre
irlandais avait été souvent prier.
Saint Fursy
conduisit à Péronne quelques moines de Lagny. « Un livre fort ancien, écrit à
la main et gardé au monastère du Mont-Saint-Quentin a, porte que saint Eloy,
qui était alors évêque de Noyon, fut prié de faire la cérémonie de la
consécration de l'église ce qui fut accompli solennellement en présence des
plus grands de la noblesse des environs et d'une multitude innombrable de
personnes qui venaient de tous côtés. Divers religieux, que saint Fursy avait
jadis formés, en Irlande, à la vie monastique, entre autres saint Émilien, voulurent
se remettre sous sa direction. Ils quittèrent leur patrie et vinrent à Lagny,
où leur présence donna bientôt un nouvel essor à la piété qui régnait dans cet
asile. Saint Fursy qui voulait aller visiter le monastère anglais de
Cnobbersburg, dont il avait confié la direction à saint Foillan, remit le
gouvernement de Lagny entre les mains de saint Émilien et partit pour un voyage
qui devait dès son début être interrompu par
A l'heure même,
saint Fursy accomplit la promesse qu'il avait faite au duc Haymon, de l'avertir
de son décès car il lui apparut revêtu d'habits sacerdotaux et accompagné de
deux lévites ayant comme lui des cierges ardents à
Tandis qu'il
songeait à s'approprier les reliques de saint Fursy, le même désir animait
Erchinoald, ainsi que Berchaire, comte de Laon', qui avait jadis invité le
missionnaire à venir évangéliser la ville de Laon. Erchinoald envoya un
courrier au duc Haymon pour lui réclamer le corps du Saint, au nom du roi, et
le prévint qu'en cas de refus il emploierait
Sur ces
entrefaites apparut un troisième compétiteur c'était Berchaire, comte de Laon,
accompagné d'un corps de cavalerie. Il exposa d'abord les droits qu'il pensait
avoir. N'avait-il-pas donné une partie de ses biens aux monastères fondés par
le missionnaire irlandais ? Si Fursy n'était pas allé à Laon, c'est
qu'Erchinoald l'en avait empêché. N'avait-il pas, d'ailleurs, un droit de
suzeraineté sur le pays où était mort l'abbé de Lagny ? Ne l'ayant pu voir
alors qu'il était vivant, ne devait-il pas réclamer ses droits de possession
sur ses dépouilles mortelles? On réussit à calmer le courroux de Berchaire et
on lui fit accepter l'arrêt que rendrait le jugement de Dieu. Sur sa demande,
on détela les taureaux qu'on remplaça par deux enfants de sept ans. Une force
surnaturelle, que ne connaît point cet âge, s'empara de ces nouveaux
conducteurs, et le chariot arriva sans encombre au Mont-des-Cygnes, à Péronne.
Il y fut reçu par Erchinoald, devant le portail inachevé
de l'église qu'il
faisait construire.
On dressa une tente pour abriter la précieuse dépouille,
en attendant
l'achèvement des
travaux, ce
qui devait durer un mois. Pendant cet espace, le corps, gardé nuit et jour, se conserva sans altération.
Erchinoald se
hâtait de faire achever l'église, qui devait plus tard prendre le nom de Saint-Fursy et devenir une des plus célèbres collégiales de
Leutsinde devait
plus tard, en employant une partie de ses biens à l'entretien de l'église du Mont-des-Cygnes,
expier son avarice et sa conduite inconsidérée.
Les deux évêques consécrateurs
portèrent le
corps du Bienheureux derrière
le grand autel dédié à saint Pierre. De nombreux miracles
s'accomplirent
dans cette église qui devait avoir pour garde d'honneur le chapitre que fonda bientôt Erchinoald.
Saint Fursy était mort le 16 janvier de l'an 650 |