Grégoire de Langres Évêque

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Grégoire de Langres
Évêque, Saint
† 539

Grégoire naquit à Autun même d'une des plus anciennes familles sénatoriales de la ville. Ses nobles et religieux parents lui firent donner une éducation digne de leur position sociale, digne surtout de leur piété, trésor héréditaire dans cette illustre maison, qui a fourni plusieurs Saints et illustres personnages, entre autres Grégoire de Tours. Après la mort de son oncle Attale, comte d'Autun, dont Sidoine Apollinaire vante la justice et la bonté et se glorifie d'avoir été le parent, il fut jugé, quoique bien jeune encore, capable de lui succéder dans cette charge importante qui concentrait dans ses mains tous les pouvoirs. Formé à l'école de l'Évangile, affable et doux pour les gens de bien, sévère contre les méchants dont aucun n'échappait à ses recherches, équitable pour tous, il faisait respecter en lui l'autorité, parce qu'il la faisait estimer et aimer. Ses concitoyens nissaient son gouvernement et pouvaient dire que le meilleur chrétien est aussi, toutes choses égales, le meilleur administrateur. Armentaria, fille d'Armentarius, sénateur de Lyon, femme digne de lui par sa piété et sa naissance, s'associa à sa destinée et lui donna deux fils, Tétricus et Grégoire. A l'âge d'environ soixante ans, le noble comte la perdit et profita de ce coup providentiel pour renoncer au monde. Ayant donc abdiqué, au grand regret de toute la cité, la charge qu'il remplissait si bien depuis près de quarante années, il entra dans le clergé. Libre enfin de sa personne et s'appartenant à lui-même, il fut heureux de pouvoir donner entièrement à Dieu une vie qui jusque-là avait été consacrée au soin absorbant des affaires publiques.

Ses qualités éminentes auxquelles une grande réputation s'était attachée ne lui permirent pas de rester longtemps, comme il le désirait, simple prêtre dans sa ville natale. Bientôt on le porta malgré lui au siège de Langres (506), après la mort d'Albison, ancien disciple de saint Euphrone, le même qui porta à saint Sidoine Apollinaire une lettre de ce grand prélat. L'affection, la reconnaissance, les regrets de ses concitoyens suivirent à Langres le nouvel évêque et la douleur de le perdre ne fut adoucie que par la pensée qu'il allait faire alors largement le bien sur un plus vaste théâtre. On ne se trompa point. Langres et Dijon, où Grégoire faisait alternativement sa résidence, furent les heureux témoins de sa sainteté.

Le saint pontife pratiqua toutes les vertus chrétiennes et épiscopales avec une perfection admirable. Sa mortification était si grande qu'il ne prenait pour nourriture qu'un peu de pain d'orge avec de l'eau et les saintes rigueurs de son abstinence, toujours couvertes du voile de l'humilité, n'étaient connues que du seul domestique qui le servait. Tout le temps qui n'était pas employé aux œuvres du ministère pastoral, il le consacrait à l'oraison, et passait même une bonne partie des nuits au baptistère de Saint-Vincent, voisin de sa demeure et de l'antique église de Saint-Etienne à Dijon. Là, pendant que tout le monde reposait, lui, prosterné devant Dieu, veillait seul, s'offrant comme une victime, intercédant pour son peuple, méditant sur l'étendue de ses devoirs et sur les vérités éternelles.

Là, il puisait dans ses intimes communications avec le ciel les instructions pleines de solidité et d'onction qu'il adressait au peuple, nourrissait son zèle pastoral et réchauffait de plus en plus cette inépuisable charité qui le rendait pauvre pour Jésus-Christ et lui faisait distribuer aux indigents, non seulement les revenus de son église, mais encore son riche patrimoine. « Il vivait, dit Grégoire de Tours, comme un anachorète au milieu du monde ». Du reste, profond en doctrine, d'une expérience consommée, possédant cette science pratique des hommes et des choses qu'on puise dans le maniement des affaires publiques, enfin un des hommes les plus remarquables du Ve siècle. Dieu voulut, avant même de récompenser dans l'éternité une vie si admirable, l'honorer dès ici-bas aux yeux des hommes par le don des miracles. Le saint évêque opéra un grand nombre de prodiges que son arrière-petit-fils, Grégoire de Tours, a consignés dans les pages immortelles de son histoire et dont le détail nous entraînerait trop loin.

Vers l'an 507, Grégoire ayant appris la fuite de Jean, fondateur de la célèbre abbaye de Saint-Jean de Réome ou Moutier-Saint-Jean, et sa retraite au monastère de Lérins, lui écrivit aussitôt ainsi qu'à l'abbé de Lérins pour le rappeler à Réome. Le saint prélat craignait que le sort de cette abbaye nouvellement fondée et à laquelle il tenait beaucoup, ne fût gravement compromis par la disparition du fondateur et d'ailleurs il eût été désolé que son diocèse perdît un homme d'un si grand mérite. Voici la lettre qu'il adressa au pieux fugitif « Hâtez-vous, je vous en conjure, de revenir au milieu des enfants que vous avez abandonnés. Si vous rejetez ma prière, craignez le jugement de Dieu; car il vous sera demandé un compte rigoureux des maux occasionnés par votre fuite à cette communauté dont vous êtes le père et que vous avez laissée orpheline. Elle est dans la désolation et va bientôt se disperser comme un troupeau sans pasteur. L'humble abbé ne put résister à des sollicitations si pressantes et venant de si haut. Il revint à son abbaye qu'il continua à gouverner jusqu'à sa mort. L'illustre évêque de Langres, après avoir retrouvé le fondateur de Réome, eut encore la consolation de voir un autre Saint doter son diocèse d'un second monastère. C'était saint Seine (Sequanus), unique descendant d'une noble famille de Mémont, près Dijon, qui, abandonnant le monde, vint à Réome se placer sous la direction de saint Jean. Grégoire fit la translation des reliques de saint Bénigne, et leur bâtit pour tombeau une superbe église entourée d'une abbaye qui, durant bien des siècles répandit dans toute la Bourgogne la vraie lumière et la vraie charité. Outre cette église, il y en avait deux autres, l'une consacrée à saint Jean et dédiée par saint Bénigne lui-même; l'autre bâtie dès les temps anciens sur le tombeau de sainte Paschasie. L'intervalle compris entre ces trois églises était parsemé de tombes nombreuses déjà et qui le devenaient chaque jour davantage; car les chrétiens étaient jaloux de dormir leur dernier sommeil près des tombeaux des Saints. Ils ne cessèrent plus de fréquenter un lieu devenu sacré pour eux, y ensevelirent leurs martyrs et leurs évêques, y bâtirent des oratoires. Au VIe siècle, la coutume de s'y faire enterrer était si générale que Grégoire résolut de l'ériger canoniquement en cimetière chrétien, et défendit par un décret à tous les fidèles de se faire jamais enterrer ailleurs. Ce fut le dernier acte de la piété de ce grand évêque envers le bienheureux apôtre de la Bourgogne.

En 517, il fit admirer ses vertus et ses lumières au concile d'Epaone. Dans ce voyage, il eut le bonheur de revoir, après bien des années, son ami, le saint abbé Lautein, qu'il avait connu à Autun dans l'abbaye de Saint-Symphorien. Le zélé et infatigable pontife voulut encore, malgré le poids des années, se rendre au concile d'Orléans et au concile de Clermont rien ne semblait lui coûter quand il s'agissait du bien de l'Église et de la gloire de Dieu. Il aurait bien désiré pouvoir encore assister à un autre concile tenu à Orléans en S38 mais cette fois, cassé de vieillesse, il fut obligé de s'y faire représenter par le prêtre Evance. Peu do temps après, ayant entrepris, sans consulter ses forces, à l'occasion de la fête de l'Épiphanie qui approchait, le voyage de Dijon à Langres, car il avait coutume d'aller célébrer dans cette ville toutes les grandes solennités de l'Église, le vénérable vieillard fut saisi d'une fièvre qui eut bientôt éteint le peu de vie qui lui restait. Il mourut à l'âge de quatre-vingt-dix ans (539), après un long et laborieux épiscopat, plein de bonnes œuvres et sanctifié par toutes les vertus.

Dans les images de saint Grégoire, on voit quelquefois figurer des anges. On raconte en effet que, priant dans l'église qu'il avait fait bâtir sur le tombeau de saint Bénigne de Dijon, il entendit des voix angéliques qui célébraient les louanges de Dieu. On le représente aussi tenant des fers de prisonniers dans sa main, parce que des captifs se trouvèrent délivrés miraculeusement de leurs chaînes lorsque son corps passa devant les portes de leur prison 20 devant une porte d'église sa légende rapporte que toutes les nuits il se rendait à l'église pour y faire ses prières, et que les portes s'ouvraient d'elles-mêmes quand il se présentait, puis se fermaient quand il était sorti.

Source : A. Butler : Vies des pères des martyrs et des autres principaux saints. Tome  1.

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