Grégoire
naquit
à
Autun
même
d'une
des
plus
anciennes
familles
sénatoriales
de
la
ville.
Ses
nobles
et
religieux
parents
lui
firent
donner
une
éducation
digne
de
leur
position
sociale,
digne
surtout
de
leur
piété,
trésor
héréditaire
dans
cette
illustre
maison,
qui
a
fourni
plusieurs
Saints
et
illustres
personnages,
entre
autres
Grégoire
de
Tours.
Après
la
mort
de
son
oncle
Attale,
comte
d'Autun,
dont
Sidoine
Apollinaire
vante
la
justice
et
la
bonté
et
se
glorifie
d'avoir
été
le
parent,
il
fut
jugé,
quoique
bien
jeune
encore,
capable
de
lui
succéder
dans
cette
charge
importante
qui
concentrait
dans
ses
mains
tous
les
pouvoirs.
Formé
à
l'école
de
l'Évangile,
affable
et
doux
pour
les
gens
de
bien,
sévère
contre
les
méchants
dont
aucun
n'échappait
à
ses
recherches,
équitable
pour
tous,
il
faisait
respecter
en
lui
l'autorité,
parce
qu'il
la
faisait
estimer
et
aimer.
Ses
concitoyens
bénissaient
son
gouvernement
et
pouvaient
dire
que
le
meilleur
chrétien
est
aussi,
toutes
choses
égales,
le
meilleur
administrateur.
Armentaria,
fille
d'Armentarius,
sénateur
de
Lyon,
femme
digne
de
lui
par
sa
piété
et
sa
naissance,
s'associa
à
sa
destinée
et
lui
donna
deux
fils,
Tétricus
et
Grégoire.
A
l'âge
d'environ
soixante
ans,
le
noble
comte
la
perdit
et
profita
de
ce
coup
providentiel
pour
renoncer
au
monde.
Ayant
donc
abdiqué,
au
grand
regret
de
toute
la
cité,
la
charge
qu'il
remplissait
si
bien
depuis
près
de
quarante
années,
il
entra
dans
le
clergé.
Libre
enfin
de
sa
personne
et
s'appartenant
à
lui-même,
il
fut
heureux
de
pouvoir
donner
entièrement
à
Dieu
une
vie
qui
jusque-là
avait
été
consacrée
au
soin
absorbant
des
affaires
publiques.
Ses
qualités
éminentes
auxquelles
une
grande
réputation
s'était
attachée
ne
lui
permirent
pas
de
rester
longtemps,
comme
il
le
désirait,
simple
prêtre
dans
sa
ville
natale.
Bientôt
on
le
porta
malgré
lui
au
siège
de
Langres
(506),
après
la
mort
d'Albison,
ancien
disciple
de
saint
Euphrone,
le
même
qui
porta
à
saint
Sidoine
Apollinaire
une
lettre
de
ce
grand
prélat.
L'affection,
la
reconnaissance,
les
regrets
de
ses
concitoyens
suivirent
à
Langres le nouvel évêque et la douleur de le perdre ne fut
adoucie que par la pensée qu'il allait faire alors largement le bien
sur un plus vaste théâtre. On ne se trompa point. Langres et Dijon,
où Grégoire faisait alternativement sa résidence, furent les heureux
témoins de sa sainteté.
Le saint pontife
pratiqua toutes les vertus chrétiennes et épiscopales avec une
perfection admirable. Sa mortification était si grande qu'il ne
prenait pour nourriture qu'un peu de pain d'orge avec de l'eau et
les saintes rigueurs de son abstinence, toujours couvertes du voile
de l'humilité, n'étaient connues que du seul domestique qui le
servait. Tout le temps qui n'était pas employé aux œuvres du
ministère pastoral, il le consacrait à l'oraison, et passait même
une bonne partie des nuits au baptistère de Saint-Vincent, voisin de
sa demeure et de l'antique église de Saint-Etienne à Dijon. Là,
pendant que tout le monde reposait, lui, prosterné devant Dieu,
veillait seul, s'offrant comme une victime, intercédant pour son
peuple, méditant sur l'étendue de ses devoirs et sur les vérités
éternelles.
Là, il puisait
dans ses intimes communications avec le ciel les instructions
pleines de solidité et d'onction qu'il adressait au peuple,
nourrissait son zèle pastoral et réchauffait de plus en plus cette
inépuisable charité qui le rendait pauvre pour Jésus-Christ et lui
faisait distribuer aux indigents, non seulement les revenus de son
église, mais encore son riche patrimoine. « Il vivait, dit Grégoire
de Tours, comme un anachorète au milieu du monde ». Du reste,
profond en doctrine, d'une expérience consommée, possédant cette
science pratique des hommes et des choses qu'on puise dans le
maniement des affaires publiques, enfin un des hommes les plus
remarquables du Ve siècle. Dieu voulut, avant même de
récompenser dans l'éternité une vie si admirable, l'honorer dès
ici-bas aux yeux des hommes par le don des miracles. Le saint évêque
opéra un grand nombre de prodiges que son arrière-petit-fils,
Grégoire de Tours, a consignés dans les pages immortelles de son
histoire et dont le détail nous entraînerait trop loin.
Vers l'an 507,
Grégoire ayant appris la fuite de Jean, fondateur de la célèbre
abbaye de Saint-Jean de Réome ou Moutier-Saint-Jean, et sa retraite
au monastère de Lérins, lui écrivit aussitôt ainsi qu'à l'abbé de
Lérins pour le rappeler à Réome. Le saint prélat craignait que le
sort de cette abbaye nouvellement fondée et à laquelle il tenait
beaucoup, ne fût gravement compromis par la disparition du fondateur
et d'ailleurs il eût été désolé que son diocèse perdît un homme d'un
si grand mérite. Voici la lettre qu'il adressa au pieux fugitif
« Hâtez-vous, je vous en conjure, de revenir au milieu des enfants
que vous avez abandonnés. Si vous rejetez ma prière, craignez le
jugement de Dieu; car il vous sera demandé un compte rigoureux des
maux occasionnés par votre fuite à cette communauté dont vous êtes
le père et que vous avez laissée orpheline. Elle est dans la
désolation et va bientôt se disperser comme un troupeau sans
pasteur. L'humble abbé ne put résister à des sollicitations si
pressantes et venant de si haut. Il revint à son abbaye qu'il
continua à gouverner jusqu'à sa mort. L'illustre évêque de Langres,
après avoir retrouvé le fondateur de Réome, eut encore la
consolation de voir un autre Saint doter son diocèse d'un second
monastère. C'était saint Seine (Sequanus), unique descendant d'une
noble famille de Mémont, près Dijon, qui, abandonnant le monde, vint
à Réome se placer sous la direction de saint Jean. Grégoire fit la
translation des reliques de saint Bénigne, et leur bâtit pour
tombeau une superbe église entourée d'une abbaye qui, durant bien
des
siècles répandit
dans
toute
la
Bourgogne la
vraie
lumière
et
la vraie
charité.
Outre
cette
église,
il
y en
avait
deux
autres,
l'une
consacrée
à
saint Jean
et
dédiée par
saint
Bénigne
lui-même;
l'autre
bâtie
dès
les temps
anciens
sur
le tombeau
de
sainte Paschasie.
L'intervalle
compris
entre
ces
trois églises
était
parsemé
de
tombes nombreuses
déjà
et
qui le
devenaient
chaque
jour
davantage;
car
les chrétiens
étaient
jaloux
de
dormir leur
dernier
sommeil
près
des
tombeaux des
Saints.
Ils
ne cessèrent
plus
de
fréquenter
un
lieu devenu
sacré
pour
eux,
y
ensevelirent leurs
martyrs
et
leurs évêques,
y
bâtirent des
oratoires.
Au
VIe siècle,
la
coutume de
s'y
faire enterrer
était
si
générale que
Grégoire
résolut
de
l'ériger canoniquement
en
cimetière chrétien,
et
défendit par
un
décret à
tous
les fidèles
de
se faire
jamais
enterrer
ailleurs.
Ce
fut le
dernier
acte
de
la piété
de
ce grand
évêque
envers
le
bienheureux apôtre
de
la
Bourgogne.
En
517,
il
fit admirer
ses
vertus et
ses
lumières au
concile
d'Epaone.
Dans
ce
voyage, il
eut
le bonheur
de
revoir, après
bien
des
années, son
ami,
le
saint abbé
Lautein,
qu'il
avait
connu
à
Autun dans
l'abbaye
de
Saint-Symphorien. Le
zélé
et
infatigable pontife
voulut
encore,
malgré
le
poids des
années,
se
rendre au
concile
d'Orléans
et
au concile
de
Clermont rien
ne
semblait lui
coûter
quand
il
s'agissait du
bien
de
l'Église et
de
la gloire
de
Dieu. Il
aurait
bien
désiré
pouvoir
encore
assister
à
un autre
concile
tenu
à
Orléans en
S38
mais cette
fois,
cassé
de
vieillesse, il
fut
obligé de
s'y
faire représenter
par
le prêtre
Evance.
Peu
do temps
après,
ayant
entrepris,
sans
consulter
ses
forces, à
l'occasion
de
la fête
de
l'Épiphanie qui
approchait,
le
voyage de
Dijon
à
Langres, car
il
avait coutume
d'aller
célébrer
dans
cette
ville
toutes
les
grandes solennités
de
l'Église, le
vénérable
vieillard
fut
saisi d'une
fièvre
qui
eut bientôt
éteint
le
peu de
vie
qui lui
restait.
Il
mourut à
l'âge
de
quatre-vingt-dix ans
(539),
après
un
long et
laborieux
épiscopat,
plein
de
bonnes œuvres
et
sanctifié par
toutes
les
vertus.
Dans
les
images de
saint
Grégoire,
on
voit quelquefois
figurer
des
anges. On
raconte
en
effet que,
priant
dans
l'église
qu'il
avait
fait
bâtir
sur
le tombeau
de
saint Bénigne
de
Dijon, il
entendit
des
voix angéliques
qui
célébraient les
louanges
de
Dieu. On
le
représente aussi
1°
tenant des
fers
de
prisonniers dans
sa
main, parce
que
des captifs
se
trouvèrent délivrés
miraculeusement
de
leurs chaînes
lorsque
son
corps passa
devant
les
portes de
leur
prison
20
devant une
porte
d'église
sa
légende rapporte
que
toutes les
nuits
il
se rendait
à
l'église pour
y
faire ses
prières,
et
que les
portes
s'ouvraient
d'elles-mêmes
quand
il
se présentait,
puis
se
fermaient
quand
il
était
sorti.
Source : A. Butler : Vies des pères
des martyrs et des autres principaux saints. Tome 1. |