SA
VIE
Naissance:
Deux hypothèses ont été proposées au sujet de la
chronologie de sa carrière. L'historiographie ancienne et la
tradition byzantine
rapportée par la Souda (Suidae Lexicon, éd. A. ADLER, Leipzig,
1928, p. 541-543), font état de son grand âge; il serait mort nonagénaire en
390. Les historiens modernes et l'hagiographie récente adoptent une chronologie
plus brève et placent sa naissance vers 325/329. Cette chronologie courte
s'appuie sur le postulat selon lequel Grégoire aurait eu approximativement le
même âge que S. Basile et sur l'interprétation de plusieurs textes poétiques et
ambigus. Cette hypothèse explique mal les nombreuses allusions que Grégoire fait
à son grand âge, dès l'époque de son ordination sacerdotale (Or. 2, 12).
D'autre part, il dit formellement que sa mère, Nonna, était quinquagénaire en
325. La biographie longue est notamment défendue par le bollandiste Daniel
Papebroch (Acta Sanctorum, Maii t. 2, p. 370D - 371F).
Études:
Grégoire est intentionnellement discret sur la
période de ses études (De vita sua, v. 108 et 211-212), et l'on ignore
combien d'années il y a consacrées. Il étudia à Césarée de Cappadoce, à Césarée
de Palestine et à Alexandrie. En Palestine, il fut, selon Saint Jérôme (De
viris illustribus, 113), élève de Thespesius et condisciple d'Euzoius, futur
évêque arien de Césarée. A-t-il été l'auditeur de S. Cyrille de Jérusalem, dans
cette dernière ville, en 348 ou 349? Cela expliquerait l'importance des
réminiscences de la VIe et de la IXe Catéchèses de Cyrille dans l'Or. 28
(BERNARDI, Prédication, p. 185; SINKO, De traditione, I, 12-18).
Fut-il élève de Libanius à Antioche, comme l'affirme Socrate (Hist. eccl.,
IV, 26)? C'est possible. D'Alexandrie, il gagna Athènes avec une hâte qu'il fait
remarquer sans l'expliquer en racontant les détails de cette traversée
mouvementée. Il ne fut pas étudiant pendant toute la durée de son séjour dans
les écoles d'Athènes. Il y enseigna. Lorsque Basile de Césarée vint à Athènes
comme étudiant, Grégoire l'accueillit et l'introduisit dans les milieux
athéniens. Il partageait les goûts de Basile pour la vie religieuse et il décida
de suivre lui aussi une vocation de type monastique mal précisé; on ignore à
quel moment, entre 354/355 et 363, il renonça à la carrière profane et
rentra au pays.
Carrière religieuse en Cappadoce:
Les Invectives contre Julien
(Or. 4 et 5), composées sans doute vers 364, selon M. Regali, sont
des polémiques contre l'hellénisme à l'antique, que des lettrés païens
encouragés par l'empereur Julien (361-363) remettaient à la mode. Ordonné prêtre
sous le règne de Julien ou de Valens (365-378), il composa à cette occasion un
traité sur le sacerdoce (Or. 2). Sa carrière sacerdotale puis épiscopale
en Cappadoce jusqu'en 374 est celle d'un ecclésiastique jouant le rôle de
notable en même temps qu'il partage les charges pastorales de son vieux père,
dans la bourgade montagnarde de Nazianze à l'écart des grands centres. Il évoque
dans ses écrits des réactions monastiques défavorables aux positions doctrinales
de son père, des divergences théologiques sollicitant le clergé divisé entre
nicéens et neo-nicéens d'une part, et entre diverses tendances dérivées de
l'arianisme d'autre part; il intervient avec son père dans l'élection de S.
Basile comme évêque de Césarée, mais quand Basile l'a fait sacrer évêque de
Sasimes, il lui reproche d'avoir abusé de lui et de manquer d'égards à son âge.
En effet, il néglige obstinément de s'installer à Sasimes, bourg qu'il dit peu
plaisant. Les raisons administratives et ecclésiastiques qui l'avaient amené là
ne dissimulent guère des questions doctrinales et personnelles sous-jacentes.
Grégoire resta à Nazianze comme auxiliaire de son père jusqu'à la mort de ce
dernier, survenue en 374; comme on tardait à donner un successeur à son père,
Grégoire, faisant valoir son âge, se retira à Séleucie de Pisidie.
Séjour à Constantinople:
En 379, la communauté
nicéenne de Constantinople fit appel à lui; les ariens de tendances diverses
étaient majoritaires dans la capitale. Il organisa les services religieux dans
une maison particulière, l'Anastasia, qui devint plus tard l'église
Ste-Anastasie. Lorsque Théodose Ier, favorable aux nicéens orthodoxes, installa
ceux-ci dans les églises officielles, Grégoire hésita à se laisser introniser à
la Grande Église par le pouvoir civil, mais il fut comme plébiscité par le
peuple et le clergé quelques jours après le 24 nov. 380. En 381, le 1er concile
de Constantinople valida les fonctions d'évêque de Constantinople qu'il
exerçait. Mais des dissensions éclatèrent entre les évêques d'Orient et
d'Occident, on remit en question la légitimité des fonctions de Grégoire. En
fait la question du rôle ecclésiastique du siège de la Nouvelle Rome dans la
chrétienté et celle de la légitimité politique de l'orthodoxie étaient posées;
Grégoire renonça à la présidence du concile en même temps qu'au trône épiscopal
et regagna Nazianze.
Les dernières années en Cappadoce:
De retour à Nazianze, il y
administra l'église locale en attendant qu'on lui donne un titulaire dans la
personne d'un de ses parents, Eulalios. Retiré dans son domaine d'Arianze, avec
l'intention de limiter son ministère aux activités littéraires, Grégoire y
mourut et y fut inhumé, en 390.
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