“Le Père Chaminade
exerça les vertus de manière héroïque”, déclara le Père David
Fleming, S.M., supérieur de la Société de
Marie.
“Il fut un héros de la foi et du courage. Il aura fallu 150
années après sa mort pour obtenir cette reconnaissance publique,
mais il était homme d’humilité et de grâce, grâce dont la source
n’était autre que sa vocation d’être le missionnaire de Marie.”
Fils d’un marchand de
tissus, cadet de 15 enfants, Chaminade est né en 1761 à Périgueux,
et fut ordonné prêtre en 1785. Une douzaine d’années plus tard, au
plus fort de la Révolution française, il refusa de prêter le serment
de fidélité à la constitution civile, imposé alors au clergé. En
cachette, à l’ombre de la guillotine, il continuait son ministère
pendant ce “règne de la Terreur” et finit par s’exiler en
Espagne pour une durée de trois ans.
“Chaminade ne quitta
pas Bordeaux au cours de la période de terreur. Si les autorités
avaient réussi à le débusquer, il aurait été déporté ou guillotiné”,
voilà ce qu’écrivait le Père Vincent Vasey, S.M., ancien professeur
de droit à l’Université de Dayton, en 1984, à l’occasion du 134e
anniversaire de la mort de Chaminade. Et de poursuivre : “En ses
vieux jours Chaminade nota que par moments rien qu’une planche le
maintenait à l’abri de la guillotine. Chaque fois qu’il passait
Place de la Nation, il pouvait voir l’emplacement où le sang versé
par des prêtres et d’autres dégouttait du couperet de la guillotine.
Et lorsqu’il passait près de la forteresse de Ha, il était bien
conscient que des prêtres s’y trouvaient emprisonnés.”
Comment Chaminade
parvint-il à survivre ? “Sa servante Marie Dubourg le cacha sous
un cuveau de lessive alors que la police le cherchait. Avec audace
elle se servit du cuveau pour servir des boissons aux gendarmes”,
comme l’écrit Vasey. “D’autres fois, Chaminade se retirait dans
des cachettes souterraines, une fois par exemple dans une cave
servant de réserve de fruits. Une fois, il n’eut pas le temps de se
cacher et dut alors chercher refuge dans un bosquet de pins. Il lui
arrivait de parcourir les rues habillé en rétameur pour porter les
sacrements aux fidèles.”
Ayant reçu l’ordre de
quitter la France en 1797, Chaminade transforma le temps d’exil en
période de renouveau spirituel. Alors qu’il priait au sanctuaire
marial de Notre-Dame du Pilar à Saragosse en Espagne, Chaminade eut
comme la “vision” d’une congrégation religieuse nouvelle, qui
puiserait son inspiration auprès de Marie, la mère de Jésus. Le Père
Chaminade se mit à former des communautés chrétiennes d’hommes et de
femmes, orientées vers le service d’autrui (des congrégations) comme
moyen de rechristianiser la France. Certains membres des
congrégations ont fini par former le noyau de deux instituts
religieux : pour femmes, les Filles de Marie Immaculée (fondées par
Adèle de Batz de Trenquelléon en collaboration avec Chaminade en
1816) et pour hommes, la Société de Marie (fondée en 1817). La
Société de Marie s’implanta aux États-Unis en 1849 à Dayton, dans
l’Ohio. Les sœurs marianistes se sont établies au Texas près de San
Antonio à Somerset.
“Il était le
missionnaire de Marie”, disait le Frère Donald Boccardi, S.M.,
directeur de l’Office de renouveau spirituel de la province
marianiste de Cincinatti et membre d’un comité international qui
prépare la béatification. “Il a fondé des congrégations
religieuses, des communautés de prêtres, de frères, de sœurs et de
laïcs, hommes et femmes, dont l’objectif serait de reconstruire l’Eglise
catholique en France et d’éduquer la jeunesse. Dans cet esprit
marianiste de collaboration il rassemblait des hommes et des femmes,
des professeurs, des hommes d’affaires, des séminaristes, des
prêtres et des représentants de toutes les classes.”
A ce jour, les
Marianistes travaillent dans 34 pays dans l’enseignement secondaire
et primaire, dans des universités et écoles techniques, dans des
paroisses, des centres de renouveau, dans les missions et dans des
œuvres de justice sociale. Aux Etats-Unis, ils ont fondé trois
universités, l’Université de Dayton, (Dayton, Ohio), la St. Mary’s
University (San Antonio, Texas) et l’Université Chaminade (Honolulu,
Iles Hawaï)
Chaminade décéda le 22
janvier 1850. Un monument majestueux, surmonté par une statue de la
Vierge Immaculée, indique la tombe de Chaminade à Bordeaux.
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