Honorat,
évêque d'Arles et fondateur du monastère de
Lérins, naquit dans les Gaules, d'une illustre famille
originaire de Rome, laquelle comptait plusieurs consuls. Il reçut
une éducation conforme à sa naissance, et se rendit
fort habile dans l'étude des belles-lettres. Dès sa
jeunesse, il eut le bonheur de connaître la vanité des
idoles, et de s'attacher au service du vrai Dieu. Il engagea Vénance,
son frère aîné, à imiter sa conduite.
Convaincus tous deux du néant des grandeurs humaines, ils
n'eurent pour elles qu'un souverain mépris. Ils auraient bien
voulu renoncer entièrement au monde, mais leur père,
païen zélé, s'opposait a l'exécution de
leurs désirs. A la fin pourtant ils eurent le courage de
rompre tous les liens qui les retenaient dans le siècle. Ils
prirent avec eux un saint ermite nommé Caprais, qu'ils avaient
choisi pour leur directeur, et s'embarquèrent à
Marseille pour passer dans la Grèce. Leur dessein était
d'y vivre inconnus dans quelque désert. Vénance mourut
quelque temps après de la mort des justes. Pour
Honorât, sa santé se dérangea considérablement,
et il fut obligé de revenir dans les Gaules.
Il
vécut d'abord en ermite sur les montagnes voisines de Fréjus.
Il se retira ensuite dans la petite île de Lérins, où
il fonda le célèbre monastère de ce nom, vers
l'an 400. Quelques-uns de ses disciples vivaient en communauté,
et les plus parfaits, dans des cellules séparées les
unes des autres. La règle que le saint leur donna était
principalement tirée de celle de S. Pacôme. Rien n'est
plus édifiant que ce que S. Hilaire d'Arles rapporte des
admirables vertus de ces solitaires, et surtout de cet esprit de
charité, d'union, de ferveur, d'humilité et de
componction qui les animait sans cesse. Le mérite d'Honorat
devint si éclatant, qu'on l'éleva sur le siège
d'Arles en 426. Il eut beau s'opposer à son élection,
on n'écouta point tout ce que put dire son humilité. Il
ne gouverna pas longtemps son église, car il succomba sous le
poids de ses austérités et de ses travaux apostoliques
en 429. II avait écrit plusieurs lettres, dont nous devons
singulièrement regretter la perte, après l'éloge
qu'en fait S. Hilaire. Le corps de S. Honorât fut porté
solennellement dans l'église de Saint-Gênés,
bâtie à quelque distance de la ville, et fut déposé
dans un cercueil de pierre qu'on voyait sous le grand autel, qui
portait le nom du saint. On transféra le corps du saint à
Lérins, en 1891, et l'on y conserve encore la plus grande
partie de ses reliques. |