Lettres 1939

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— 1939 —

19 janvier

« Je ne mérite que l’oubli... »

Mon Père, combien je souffre! Je voudrais me cacher pour de bon et que mon nom ne soit plus prononcé ; ceci de mon vivant comme après ma mort ! Bien entendu, ce n’est pas moi qui le désire, mais la tribulation qui me consume. Je ne mérité que l’oubli et le mépris. Je vis dans une nuit et une obscurité continuelles. Je ne vois que des ténèbres, des ténèbres et rien d’autre, aussi loin que je regarde. Q’il est obscur et terrible, le chemin que je dois suivre! Pas même la moindre petite lumière pour me guider ! Parfois je crois éclater à la vue du fardeau qui pèse sur moi.

20 janvier

« Le monde est suspendu à un fil... »

— Le monde est suspendu à un fil très fin... Ou le Pape se décide à le consacrer ou le monde sera puni!...

1er février

« Ma vie est bien pénible... »

Ma vie est bien pénible ! Comment puis-je vivre ainsi ? Je me sens dans un incroyable abandon! Personne n’a pitié de moi! Ma misère est la plus grande des misères. Je suis dans une tristesse profonde! Je me sens toute craintive et confuse devant Notre Seigneur. Cependant il est là, dans cette même misère, y opérant tant de merveilles et me disant des paroles si belles ! Mais qui suis-je pour que Jésus me parle ainsi ? Je ne suis que la plus indigne de ses filles. Toutes les choses de ma vie me tourmentent et me remplissent de doutes...

Je me demande si Notre Seigneur n’a pas horreur d’être en moi! Cela me semble presque impossible qu’il ne s’en aille pas, épouvanté, pour ne plus revenir.

(...)

Je ne peux pas penser au ciel. Je ne sais pas ce qui vient de là-haut dans mon cœur et qui veut attraper mon cœur pour l’y transporter.

8 février

« Je tremble... »

Mon Jésus, quelle répugnance, en regardant l’abîme incomparable de mes misères ! Et vous demeurez dans un pareil fumier, me comblant de tendresses et me disant de si belles choses ? N’est-il pas normal que j’en doute, que cela me paraisse impossible ? Je tremble et mon cœur déborde d’affliction.

7 avril

« Donnez-moi de l’eau... »

Je cherche un peu de soulagement dans ma souffrance. J’attends l’heure de ma crucifixion. Je ne peux pas parler. Mon cœur galope. Dans mon âme c’est la rébellion, l’émeute. Je me trouve dans un état d’abandon effrayant. Il me semble cheminer au milieu de la haine de tous, de tribunal en tribunal.

Pauvre de moi ! Et je n’ai pas reçu Jésus ! J’ai confiance qu’il suppléera dans la communion spirituelle, nonobstant la nausée que je sens de moi-même et l’horreur pour mon énorme misère.

Hier, la tempête s’est calmée. Au début je ressentais des choses horribles. Mon corps était tout transpercé comme par d’aiguës pointes. Moments terribles ! Malgré un court soulagement, je suis  toujours restée dans une nuit très obscure, dans une profonde tristesse.

Je peux dire que je suis restée toute la nuit à tenir compagnie à Jésus au Saint-Sacrement, me concentrant un peu sur la tragédie de la nuit du jeudi saint. Il me semblait que Jésus m’invitait au Jardin des Oliviers. Que de mouvements de foule! Ces choses je les ressentais dans mon âme.

Mon Père, tout ce que je dicte me semble mensonger. Combien de doutes! Que d’effroi à l’approche de la Passion! J’ai déjà dit à Deolinda que c’est un miracle que de pouvoir en résister: mon cœur ne bat presque plus. Que Jésus soit avec moi. Je n’ajoute rien, parce que je ne le peux pas...

       Ajout de Deolinda

«Mon Père, quel vendredi: ce fut vraiment un jour de Passion! Avant que celle-ci ne commence, combien son visage était empreint d’affliction! Elle craignait ce jour et disait: “Combien j’aimerais qu’il fut déjà passé!” Je la réconfortais comme je le pouvais, la caressant, malgré que moi aussi j’étais remplie de peur et d’affliction?

Pendant la Passion, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer et j’ai remarqué que presque toutes les personnes présentes pleuraient. Quel spectacle émouvant! L’agonie du Jardin des Oliviers, fut longue et afflictive. On entendait des gémissements très profonds et à un certain moment, elle suait le sang. De la flagellation, je ne vous en parle même pas, et non plus du couronnent d’épines! Les coups de la flagellation la mirent à genoux; ses mains semblaient attachées. J’ai voulu lui mettre un coussin sous les genoux, mais elle changea de place, elle n’en voulait pas. Elle a les genoux en piteux état. Les coups sont innombrables... elle les reçut pendant bien longtemps... Il fallait en arriver là. Les coups de canne sur la tête couronnée d’épines, furent aussi très nombreux. Pendant la Passion elle vomit deux fois: uniquement de l’eau, car elle n’avait rien à l’estomac. La sueur était si abondante que ses cheveux en étaient trempés. En passant la main sur ses vêtements, j’ai pu constater qu’ils étaient aussi tout trempés.

A la fin du couronnement d’épines elle ressemblait à un cadavre. Le chanoine Borlido de Viana do Castelo et deux autres personnes, ainsi que le docteur Almiro de Vasconcelos de Penafiel son épouse et sa sœur Judith, étaient présents».

Ma souffrance fut bien douloureuse, pendant quelques jours. Les vomissements de sang et une soif brûlante continuèrent. Aucune eau n’était capable de ma rassasier. Je ne pouvais pas boire... J’ai passé des jours ayant l’eau qui me coulait sur les lèvres, mais sans pouvoir l’avaler. J’étais fatiguée et fatiguées aussi les personnes qui m’assistaient. Alors même qu’une grande quantité d’eau étais passée sur mes lèvres, j’en demandais encore : — “Donnez-moi de l’eau, beaucoup d’eau, des sceaux d’eau !” — J’avais l’impression de brûler: aucune eau me rassasiait.

Je sentais des odeurs horribles. Je ne voulais pas que les personnes s’approchent de moi: elles sentais comme des chiens morts. On de donnait des violettes et des parfums à sentir, mais ils éloignaient tout: la même puanteur me tourmentait toujours.

Les jours où je pouvais prendre quelques aliments, ceux-ci avaient pour moi un si mauvais goût que j’avais des nausées: toutes ces choses exhalaient des odeurs répugnantes.

Combien de choses j’aurais à dire si je pouvais décrire tout ce que je ressens! Il m’en manque le courage, car il est très pénible de remémorer toutes ces choses.

Courage ! Tout le Paradis est avec toi et la Maman du Ciel te regarde avec compassion et joie de voir la réparation que tu m’offres.

27 juin

Le temps des doutes...

La fin de l'après-midi d'hier, c'est-à-dire jusqu’à 21 heures, environ, tout s’est passé régulièrement: je me sentais en paix et joyeuse.

De temps à autre les doutes revenaient, mais ils n'avaient même pas le temps de m'affliger: ma Petite-Maman chérie, en un instant mes les dissipaient. Je ne La voyais pas mais, je ne sais pas pourquoi, je sentais que c'était Elle.

A peine les doutes commençaient leur approche, immédiatement Elle venait et m’enlaçait si tendrement que tout ce qui était la cause da ma souffrance disparaissait.

13 octobre

« Elle t’accompagne pendant la Passion... »

Ma fille, ma bien-aimée, à nous trois nous n'en faisons qu'un seul : moi, toi et ton Père spirituel ; que veux-tu d'autre ?

Elle t'accompagne toujours pendant ta Passion, comme Elle m’accompagna sur le chemin du Calvaire.

Avec de telles aides, je me suis sentie ravigotée.

2 décembre

« Le Cœur de ma Mère... »

Le Cœur de ma Mère bénie est blessé par les outrages perpétrés contre lui. Tout ce qui blesse son Cœur, blesse aussi le mien ; tout ce qui blesse le mien, blesse également le sien, tellement nos Cœurs sont unis. C’est pour cela que la consécration du monde lui donnera beaucoup d’honneur et de gloire : les langues maudites et impures qui prononcent des outrages contre Elle, seront ainsi vaincues et humiliées.

15 décembre

Entre les bras de Marie...

Le sein maternel de ta Petite-Maman du ciel est le plus tendre et le plus doux: reposes-y.

Je me suis alors sentie entre les bras de la chère Maman qui me serait amoureusement. Ce furent des moments très doux qui me donnèrent la force nécessaire pour aller jusqu'au bout dans mon calvaire. Je sentais bien que c'était Elle ! Et avec quelle bonté Elle m’enlaçait et me serrait contre son Cœur si saint !

   

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