2 janvier
A Jésus par Marie...
Hier, puisque c'était le premier jour de l'année, je me suis
consacrée à Notre-Dame. Je lui ai demandé de me consacrer à Jésus et de me
clouer à son divin Cœur.
Je Lui ai demandé d'être ma première protectrice parmi les
saints que je choisis — comme protecteurs pendant la nouvelle année. Je Lui ai
demandé des grâces pour mon âme et amour pour aimer Jésus.
Je lui ai dit :
“Petite-Maman, je ne veux plus m'arrêter de vous demander
de l'amour, pour ne jamais cesser d'aimer.
Mais hélas, mon Jésus, j'avais l'impression que tout ce
que je disais ne servait à rien.
Malgré cela, la foi me permet de croire et d'être fidèle.
Comment peut cheminer une aveugle qui ne connais pas le
chemin et qui a perdu toutes ses forces ?...
Pauvre de moi : je suis cette aveugle! Je ne vous vois
pas, je ne connais pas le chemin, je suis exténuée !
Mon Jésus, j'ai confiance ! Petite-Maman, j'ai confiance !
Aidez-moi, Vous. Conduisez-moi vers ma destinée : c'est au Ciel que je veux être
conduite”.
6 janvier
Celui qui aime la Mère aime le Fils...
— Dis à ton directeur spirituel qu’il fasse connaître et
aimer ma très Sainte Mère : celui qui aime la Mère aime le Fils... Dis-lui de
prêcher que celui-là qui aimera ma très Sainte Mère ne se perdra pas ; en vain
l’enfer tentera de le l’abattre.
Pendant que j’écoutais ces paroles, je me sentais serrée
entre les Cœurs de Jésus et de la Maman du ciel. J’avais l’impression de me
trouver sous une presse. J’avais tant de lumière, tant de paix, tant d’amour. Je
peux dire que si Jésus ne m’avais pas aidée, je n’aurais pas continuer de vivre:
mon cœur ne pourrais pas résister...
15 janvier
« Prenez votre petite fille dans vos bras... »
Je ne peux pas regarder le ciel parce que le cœur s’élève
plus véloce qu’une fusée et ne tient pas dans ma poitrine. Il ne peut se reposer
qu’en Jésus.
— Petite Maman, venez et prenez votre petite fille dans
vos bras ; je veux vous donner mon cœur; ce n’est que vous qui pouvez le remplir
de votre amour afin que je puisse aimer Jésus. Incendiez-le avec des flammes si
fortes d’amour afin que je puise incendier le monde. Jésus n’est pas aimé! Avec
ma douleur et votre amour, je ferai en sorte qu’il soit aimé. Ce n’est que comme
ça, que moi même je l’aimerai.
Douce Maman, comme il sera beau de voir tous les cœurs
brûler pour Jésus d’un seul amour ! Je ne veux pas cesser d’être victime sans
que ce feu soit allumé dans le monde...
2 février
« Je crains la douleur mais je l’aime... »
Vous devez être déjà saturé d’entendre tant de lamentations
et tant de discours sur la douleur, mais la douleur est mon aliment, jour et
nuit, toujours. Auguste aliment! J’ai atteint l’heure de ma Passion dans un état
d’affliction et d’abandon. Je sentais comme si tous étaient révoltés contre moi.
Je disais au Seigneur:
— Je crains la douleur, mais je l’aime. Le corps s’y prête
moins, mais la volonté est forte : je suis prête pour la croix et pour l’amour.
Le cœur semblait s’effriter tellement il était écrasé;
j’avais du mal à respirer.
Jésus est venu à moi et il m’a dit :
— Ma fille, allons dans le Jardin des Oliviers. Viens
préparer l’aliment dont Jésus a tant besoin pour les pécheurs : aliment précieux
qui leur donne vie éternelle, aliment béni qui leur donne la vie de la grâce.
Courage, tu ne seras pas abandonnée: Jésus et la Maman du ciel viennent avec
toi.
Durant la Passion, Jésus me parla deux fois ; le reste du
temps, je me suis sentie toute seule, couverte de tous les maux, remplie de
honte devant Dieu, objet de sa divine Justice. Combien je me suis découragée !
J’avais même l’impression que Jésus n’était pas avec moi. Il est venu, pourtant:
— Courage ! Les anges te survolent, et portent l’aliment
aux pécheurs...
Alors, je me suis sentie un peu réconfortée, mais pour peu de
temps.
La deuxième fois, Jésus me dit :
— Courage, ma fille ! La colère de Dieu qui s’abat sur
toi, ce n’est pas toi qui la provoques, mais ceux pour qui tu es l’expiatrice.
Ensuite j’ai cheminé toute seule. Quand tout fut fini, je
suis restée comme endeuillée et triste. Jésus me transmit les souffrances et
l’agonie de son divin Cœur; moi, je les accueille parce que je veux le consoler.
Vive Jésus, vive la Maman du ciel ! Que règne la douleur,
afin que règne l’amour !...
17 février
« Mon Jésus, je ne peux vivre sans vous!... »
Je suis abandonnée de tous; je ne reçois même pas mon Jésus.
Ma croix devient plus pesante. Combien cela me coûte de ne pas recevoir la
Communion ! Si Jésus me manque, tout me manque. Encore aujourd’hui, me souvenant
que je ne l’avais pas reçu, j’ai soupiré avec une profonde nostalgie et j’ai
murmuré :
— “Deux jours déjà sans recevoir Jésus et combien d’autres
encore, peut-être ! Quelle tristesse et quelle nostalgie! Mon Jésus, je ne peux
vivre sans vous. Venez ! Faites de mon cœur votre demeure. Venez et régnez en
moi! Venez, mon tout ! Si cela ne vous déplaît pas, ô mon Jésus, choisissez pour
moi d’autres souffrances, mais ne me privez pas de la Communion. S’il était à
moi, je vous donnerai le monde entier afin de pouvoir vous posséder, rien que
pour avoir votre visite”.
Mon Père, combien douloureuse est ma souffrance et lourde ma
croix ! Je me sens épuisée. Oh, le vide que je sens par le manque de l’aliment
eucharistique. Quelle nostalgie. On dirait que mon cœur explose. Je ne sais pas
comment tant d’âmes peuvent vivre des années, voir la vie entière, sans recevoir
Jésus! Malheureux, car ils ne le connaissent pas.
22 février
« Jésus, venez!... »
Jésus eucharistique, ma vie, ma joie, m’a manqué. La
nostalgie que j’ai de Lui me consume.
— Jésus, venez ! Régnez dans mon cœur! Vous seul êtes
l’aliment de mon âme. Donnez-moi la vie de la grâce, donnez-moi votre amour.
Venez décharger votre tristesse dans la mienne.
Par ma nostalgie infusez de la nostalgie que vous avez de
prendre possession des cœurs qui ne vous aiment pas et vivent vous oubliant. Je
veux par ma douleur rallumer votre amour sur la terre... je veux me perdre en
lui. Peu importe donner la vie. Souffrir reste toujours mon désir: c’est de la
douleur que l’amour naît...
25 février
« O combien je veux le consoler !... »
Le jour s’est levé : j’avais un grand désir de recevoir la
Communion, mais je ne l’ai pas reçue. Quelle nostalgie ! J’ai demandé si
monsieur le Curé ne pourrais venir m’apporter Jésus ; on me répondit que non ;
je me suis résignée. J’ai offert à Jésus ce sacrifice afin de mériter l’amour de
mes « quatre » : la très Sainte Trinité et la Maman du ciel. Je cherche en tout,
même dans les plus petites choses, à Les consoler.
Et mon Jésus eucharistique ? O combien je veux le consoler et
le couvrir d’amour! Toutes les douleurs et tous les sacrifices sont occasion
pour moi de consoler l’Abandonné, l’Oublié, le Prisonnier de l’Eucharistie...
26 février
O douleur bénie !...
« O douleur, douleur bénie ! O croix, ô lit sacré, je veux
que tu sois ma tombe, d’où je ne puisse plus sortir ! Tu es, ô croix bénie,
l’immense trésor dont Jésus m’a enrichie ! Je te veux, je t’embrasse, je veux
être clouée à toi, et être entourée d’épines ! C’est pour Jésus que je veux être
blessée et avec Lui, sur l’autel, être immolée! Heureuse fortune — celle de la
croix — qui m’attend sur la terre ; elle me fera éternellement bienheureuse au
ciel !... »
18 mars
« Mon âme est morte... »
Mon cœur est toujours oppressé, mais toujours au milieu de
vives flammes ; ma poitrine est brûlante du côté gauche ; c’est un feu
incandescent. La douleur ne consent aucune suavité, elle me pénètre de tous
côtés.
L’abîme dans lequel je me trouve est nauséabond et honteux.
Pour m’appuyer, je n’ai que de l’immondice. J’y suis enchaînée par de grosses
chaînes de fer qui ne se cassent pas. Quelques fois j’essaie de me libérer et de
sortir de cet immense abîme, mais je ne le peux pas, je n’en ai pas la force. Je
suis si étroitement enchaînée que je n’arrive même pas à bouger.
Au milieu des épines qui me blessent et pénètrent dans tout
mon être, mon cœur se tourne vers Jésus, il veux s’envoler vers Lui, mais il ne
le peux pas et bas de l’aile au ras du sol. Quelle horrible affliction ! Quelle
douleur poignante, que de salir des ailes blanches dans la fange !
Mon Père, que signifie tout cela ? Je n’y comprends rien.
Cela ne me dérange pas d’être salie et couverte par les maux d’autrui. Ce que je
veux c’est que tous deviennent justes et s’envolent vers Jésus. Mais le pire
c’est que je vois comme si le mal venait de moi; mais moi, je ne veux pas
pécher, je ne veux pas déplaire à Jésus. Mais je me trouve un monstre
abominable, une effrontée, une ingrate à son égard. J’ai peur et je tremble pour
mon néant. Je sens la colère de Dieu sur moi et je ne peux pas lever mes yeux
vers le ciel. Je me sens indigne de pardon et de compassion.
Mon âme est morte : elle expira dans l’obscurité ; ni même
Jésus, en y entrant, lui redonna la vie. Il m’a complètement oubliée, et moi,
sans les yeux pour voir, je courre toujours, mais toujours disparate, dans une
nuit très triste et obscure.
J’ai perdu toute énergie, je suis tombée dans le
découragement. Mais je veux, avec tous les êtres de la terre, louer et aimer mon
Jésus. Je voudrais rester toujours à genoux et les mains jointes, à entonner
hymnes et louanges d’amour et d’action de grâces à mon Jésus, pour tout ce que
je reçois de Lui...
14 avril
Si elle ne m’avait pas aidée...
Pendant la journée, dans mon affliction, je lève les yeux
vers le Sacré-Cœur de Jésus et vers ma chère Petite-Maman. Jamais je n'ai
regardé vers Eux sans qu'il me semble les voir me sourire avec bonté. Il fait
déjà nuit et il me semble que Leur sourire me reste empreint dans l'âme et dans
le cœur.
— Ma Maman, ma Petite-Maman chérie, ô combien, combien je
veux l'aimer ! A quoi aurait servi ces longues années de lit si Elle n'avait pas
veillé sur moi, si Elle ne m'avait pas aidée !
22 avril
« Quel grand mal est le péché!... »
Mon Dieu, quelle nuit terrible dans mon âme !
Jésus a commencé par me dire :
— Le péché essaie de broyer et d’anéantir mon divin Cœur!
Quel grand mal est le péché ! Regarde les mauvais traitements que je reçois!
Sais-tu de qui ? De ceux qui les premiers devraient m’aimer, desquels
j’attendais tout. Répare, si tu veux qu’ils se convertissent. Laisse-toi immoler
si tu veux qu’ils soient sauvés ! Tu es leur victime...
23 avril
« Mon cœur n’a presque plus de vie... »
Mon cœur n’a presque plus de vie: il est broyé au maximum. Je
suis dans les ténèbres et presque sans foi en Jésus: tout est perdu; personne ne
réussi à me sauver.
Mon âme semble émettre des cris d’une extrême affliction. Sa
nuit est devenue immense pour recevoir Jésus Eucharistique. Et Lui, d’un ton de
jugement, comme quelqu’un qui demande des comptes, me disait :
—
Quel grand mal est le péché ! T’es morte à Dieu au lieu
d’être morte au monde! Convertis-toi, viens dans mon divin Cœur. Tu me fais
souffrir par chaque peine et cruauté ; Je pleure parce que Je t’aime ! Pourquoi
veux-tu me fuir ? Je pleure parce que Je t’ai créée et préparée pour Moi.
Et mon Jésus pleurait amèrement. Et c’est cette douleur de
Jésus que mon cœur ne supportait pas, à moins qu’il ne souffre à ma place. Mais
en me sentant ainsi blessée, je peux dire avec Lui :
— Quel grand mal est le péché ! Combien il est horrible !
Combien il blesse le Cœur d’un Dieu !
— Mon Jésus, je ne veux pas Vous fuir ! Je veux Vous
suivre! Je veux que tous Vous suivent, qu’aucun ne Vous fuie. Laissez-moi écrire
sur la terre avec mon sang :
“La douleur est le chemin tracé par Jésus. La douleur est
amour; la douleur est union avec Dieu. L’âme qui souffre avec Jésus se sent
attirée par Lui ; désire la solitude afin de se rencontrer plus facilement avec
Lui ; désire vivre de Lui et en Lui. Combien précieuse est la douleur ! Quel
bonheur pour l’âme qui souffre ! Elle ne se préoccupe que de Jésus; ne veut
d’autre vie que celle de Jésus. Elle cherche son amour, sa gloire, le salut des
âmes”...
5 mai
« Avancer l’heure de la consécration... »
—
Dis à ton directeur spirituel d’informer le Pape que
s’il veut que monde soit sauvé, qu’il avance l’heure de la consécration à ma
Mère. Qu’il la place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la
victoire et Messagère de la paix.
6 mai
« Accompagnez-moi auprès de la Croix... »
La nuit est passée, passe le jour et je ne m’alimente que de
douleur...
Je lève mon regard vers la Maman du ciel et je lui dis :
— Maman chérie, accompagnez-moi auprès de la Croix du
vôtre et mon cher Jésus ; laissez-moi souffrir avec Vous : je veux sentir Vos
douleurs. Je veux aussi réparer tant de maux. Les âmes dorment dans le péché :
par ma douleur, je veux les réveiller; par ma mort, je veux les ressusciter.
Maman chérie, faites que je reste comme Madeleine enlacée
à la Croix de Jésus. Je veux verser des larmes de sang pour moi, pour les miens
et pour les péchés de toute l’humanité. Petite Maman, je me sens surchargée de
tous les crimes. Donnez-moi la douleur pour les pleurer et les détester.
Demandez pardon pour moi à Jésus. Donnez-moi de l’amour afin que j’aime Jésus et
qu’il puisse ainsi par cet amour oublier chaque méchanceté.
Mon Père, je suis tourmentée de mil façons: j’ai des doutes
de toutes sortes. La pensée que je vous trompe et que je trompe beaucoup d’âmes
me tourmente.
Mon cœur est une source ouverte: plus la douleur et l’agonie
sont grandes, plus j’ai de sang à donner. Je sens qu’autour de moi y boivent en
grand nombre, je ne sais quoi. Ils boivent, boivent et semblent ne jamais se
rassasier. Mais moi nom plus, je ne suis pas rassasiée du fait de ne pas pouvoir
rassasier; et je ne suis pas rassasiée parce que je n’ai pas d’amour pour aimer
mon Jésus...
(...)
L’abandon dans lequel Jésus laisse mon âme, la manière dont
Il descend dans mon cœur (dans la Communion), sans lumière ni flamme, sans me
donner ni recevoir de l’amour, comme s’Il y venait mort et que moi-même je sois
morte, m’oblige presque à penser que j’ai une vie d’illusion et d’imposture.
Mais je dois croire que Jésus vit et règne en moi, qu’Il
m’aime et ne m’abandonne pas, que je suis à Lui et que je ne vis que pour Lui.
Ma vie a servi à Jésus...
— Jésus, pressez bien cette fine grappe et enlevez-en tout
le jus... Je bénirai et j’aimerai la douleur: quand je serai au ciel, je ne
souffrirai plus. La douleur m’a attachée à Vous, a créé en moi des liens d’un si
grand amour...
J’aime la douleur, j’aime Jésus...
8 mai
« Ma fille, viens sur mon Cœur... »
Dans l'après-midi j’ai récité les prières du mois de mai à ma
chère Petite-Maman. Mon âme, pendant cette dévotion, se voyait libérée d'un
poids qui l'écrasait et retrouvait la paix et la suavité.
A la fin j’ai cru entendre une voix très douce qui
m'appelait :
— Ma fille, ma fille.
Mon âme se sentait davantage encore soulevée.
Quelques instants plus tard, la même voix, de nouveau m'a
appelée avec tendresse et douceur :
— Ma fille, ma fille, viens sur mon Cœur. Je t'invite à
te reposer entre mes bras très saints. Abandonne-toi sur mon Cœur de mère. Tu es
la préférée de Marie. Oh ! Combien tu es aimée par nos deux Cœurs !
Je me suis sentie entre les bras de la Maman, enlacée,
caressée et couverte de tendresse.
Il n'est pas possible de comparer la douceur et la tendresse
d'une mère de la terre avec celle de la Maman du ciel !...
Mon âme a été réconfortée: mon cœur en resta heureux pendant
un peu près une heure.
14 mai
« Compter pour rien... »
Je suis couverte de crimes et d’imperfections: j’ai honte de
Jésus, je crains la justice du Père éternel.
Jésus, en descendant aujourd’hui dans mon cœur, a rendu plus
suave ma douleur. Une petite flamme s’est allumée dans mon âme, mais elle s’est
éteinte rapidement et je suis restée dans la plus grande obscurité... J’ai senti
que la justice du Père éternel me détruisait, me réduisait en poussière.
— Mon Jésus, compter pour rien, par amour pour Vous, c’est
avoir la félicité sur la terre. Ma joie, même si Vous ne permettez pas que je la
ressente, c’est souffrir pour Vous consoler et pour sauver les âmes. Avec Vous
je suis victorieuse.
Je veux Vous prouver mon amour, mais je ne sais pas
comment: je n’ai rien à Vous donner.
Mon corps ? Cela fait bien longtemps qu’il Vous
appartient. Je Vous l’ai donné afin qu’il soit martyrisé et crucifié.
Mon sang ? Même celui-là vous appartient. Qu’il serve au
moins d’encre pour écrire sur toute la terre le mot « Amour »: amour pur et
seulement pour Jésus.
Ma vie ? Elle ne m’appartient plus: elle aussi est à Vous.
Vous êtes mort pour moi, pour me sauver et moi je meurs par amour pour Vous et
pour sauver les âmes.
O Jésus, que dois-je Vous donner d’autre ?
Je veux que ma volonté soit votre afin que la votre soit
mienne. J’accepte, par amour pour Vous, tout ce que Vous m’enverrez. Je ne veux
que ce que Vous voudrez; même si pour cela je devais rester à plat ventre,
enroulée dans la terre comme le ver le plus insignifiant...
19 mai
« Mon Jésus, pressez bien cette fine grappe... »
L’abandon dans lequel Jésus laisse mon âme, la manière dont
Il descend dans mon cœur (dans la Communion), sans lumière ni flamme,
sans me donner ni recevoir de l’amour, comme s’il y venait mort et que moi-même
je sois morte, m’oblige presque à penser que j’ai une vie d’illusion et
d’imposture.
Mais je dois croire que Jésus vit et règne en moi, qu’il
m’aime et ne m’abandonne pas, que je suis à Lui et que je ne vis que pour Lui.
Ma vie a servi à Jésus...
— Jésus, pressez bien cette fine grappe et enlevez-en tout
le jus... Je bénirai et j’aimerai la douleur: quand je serai au ciel, je ne
souffrirai plus. La douleur m’a attachée à Vous, a créé en moi des liens d’un si
grand amour...
J’aime la douleur, j’aime Jésus...
20 mai
« Je suis un monde d’horreurs... »
Je suis un monde d'horreurs et d'épouvantables ténèbres.
C'est ainsi que mon âme le ressent. Je rends grâces à mon Jésus de ne pas être
moi-même ce que sent mon âme. Je serais bien tout cela si Lui, vu mon état
de ténèbres, ne veillait pas sur moi, ne me soutenait pas et, ma chère
Petite-Maman ne me portait toujours entre ses bras très saints, ne me protégeait
pas de son divin manteau.
Pauvre de moi, si Jésus et Marie n'avaient pas été là !
8 juin
« Il me semble que Jésus soit parti... »
Je suis très malade. J’aimerais dire tant de choses, mais je
ne peux pas... Je sens mon âme et mon corps comme sous une grille avec du feu
au-dessous et par-dessus: je ne peux pas me retourner sans être brûlée... Même
le cœur a sa douleur... combien il est opprimé...
Et il me semble que Jésus soit parti si loin, me laissant
seule dans le monde, privée de tout confort. Je sens comme si l’on me privait de
mon directeur. Serait-ce vrai ? Pouvez-vous au moins me dire, par charité, si en
quelque chose, je suis pour vous cause de souffrance ?...
12 juin
« Accrochons-nous à Jésus et à Marie... »
Je reste persuadée que vous, mon Père, vous m’informerez de
ce qui arrive, sans rien me cacher. Je vous le demande par charité ; ne
consentez pas que Sãozinha me trompe. Si l’on vous interdit de revenir ici, je
ne veux pas que vous en souffriez. Acceptons que Jésus presse sa grappe de
raisin et réduise en poudre le grain de blé! Qu’il soit consolé et nous,
souffrons. Cependant, accrochons-nous immédiatement à Jésus et à la Maman du
ciel.
2 août
J’éprouve une très grande désolation...
(...)
Je reste persuadée que vous, mon Père, vous m’informerez de
ce qui arrive, sans rien me cacher. Je vous le demande par charité; ne consentez
pas que Sãozinha me trompe. Si l’on vous interdit de revenir ici, je ne veux pas
que vous en souffriez. Acceptons que Jésus presse sa grappe de raisin et réduise
en poudre le grain de blé ! Qu’Il soit consolé et nous, souffrons. Cependant,
accrochons-nous immédiatement à Jésus et à la Maman du ciel.
(...)
Combien je souffre à cause des doutes que ce soit moi, avec
mon imagination, à faire toutes ces choses [Passion, extases, etc. ].
Quand viendrez-vous me tranquilliser, au moins pour quelques instants ? J’ai
l’impression de mourir seule, abandonnée. Venez me secourir !
J’éprouve une très grande désolation parce que je crois que
l’on me prive de mon Père spirituel. Je sais que vous avez été malade, mais
personne ne m’en a rien dit. Malheureux celui qui est éloigné !...
4 septembre
« Sur la terre l’amour est presque disparu... »
Lundi, au commencement de la sainte Messe, disparaissait de
mon âme cette nuit sans lumière qui ne me causait que la mort: les doutes sont
disparus. Peu avant la Communion j’ai ressenti une force que je n’ai pas pu
dominer: je me suis agenouillée et dans cette position j’ai reçu Jésus. Je suis
restée longtemps ravie, tellement unie à Jésus qu’il me semblait me trouver dans
une autre région.
J’avais de très fortes impulsions pour aimer Jésus et Il m’a
dit ses désirs (ce qui est arrivé le 2 septembre) : — Sur la terre
l’amour est presque disparu des cœurs. Voilà la raison des souffrances de Jésus:
il n’y a pas d’amour pour réparer les péchés de l’humanité; on blesse son divin
Cœur.
—
O Jésus, que puis-je faire pour cela ?... J’accepte
tout, je ne veux pas Vous voir souffrir... J’écrirai à Salazar. Lui, plus que
tous les prêtres, peut mettre un terme à tant de péchés... J’en parlerai à mon
Père spirituel et je ferai tout ce qu’il me permettra de faire... Voulez-vous
que j’écrive à votre cher cardinal patriarche (Dom Manuel Gonçalves Cerejeira) ?
Les deux ensemble seront l’instrument pour sauver le Portugal et faire que votre
très saint Cœur ne soit plus offensé. Je le ferai,
ô Jésus; mais j’aimerais que personne ne le sache, excepté eux et les
personnes que mon Père spirituel jugera opportun d’informer...
5 septembre
Je crois mourir...
Je crois mourir, rien que de penser à vendredi et aux
souffrances qui m’attendent. Si Jésus ne prend pas ce pauvre corps pour souffrir
dans celui-ci et le soutenir, je ne résisterai pas: je mourrai. Je sens de
continuels coups de marteau dans mon cœur. Une foule universelle lui donne
l’assaut et le blesse. Toutes ces souffrances viennent sur moi, j’en suis
dépositaire, mais elles sont destinées à Jésus: l’attaqué et le blessé, c’est le
Cœur de Jésus.
Il me semble voir Jésus, les bras ouverts, me demandant
compassion et de souffrir avec Lui... Le fait que Jésus se tourne vers une
créature humaine et s’abaisse jusqu’à lui demander de souffrir avec Lui,
m’anéantit : Lui qui est la force, la vie, tout, avoir besoin d’aide de cette
pauvre qui n’est qu’un néant...
Je joins à cette lettre une lettre pour le Cardinal et une
autre pour monsieur Salazar. Ayez la bonté de la corriger et, si vous voyez que
quelque chose n’est pas bien, faites-le moi savoir... J’ai écrit comme Jésus me
l’a dit...
10 septembre
« La Maman contemplait la pauvre humanité... »
Dimanche dernier, anniversaire de ma très chère Maman du
ciel, une image, qui n’est toujours pas effacée, s’est imprimée dans mon âme.
Avec la venue de Jésus (Eucharistique) dans mon cœur, mes
souffrances ce sont aggravées et ma nuit augmenta. Je n’ai pas fait la fête à
Jésus : je ne l’ai pas reçu avec joie, même si je le voulait et désirait brûler
d’amour. Pauvre de moi !...
A peine est-il descendu en moi, j’ai senti dans mon âme le
portrait vivant de la très chère Petite-Maman qui, du haut du ciel, contemplait
la pauvre humanité, son très saint Cœur souffrant d’une tristesse presque
mortelle. La tête inclinée vers la terre, elle ne détournait pas son regard
plein de tendresse et de compassion. Quelle douleur si forte et poignante !
Combien Elle souffre, la Maman chérie! Nous sommes déjà mardi
et cette scène ne s’évanouit pas. C’est comme si elle était imprimée en moi pour
toujours. Il y a à peine une heure, je l’ai vue de nouveau inclinée vers la
terre, impossible de lui faire détourner le regard : de ces yeux coulaient deux
rivières de larmes, larmes de profonde douleur qui baignaient la terre. Moi
aussi je voulais pleurer, essuyer ses pleurs et guérir la blessure du Cœur très
aimant de Jésus.
Je ne sais pas quoi faire pour Eux : par amour je fais
semblant d’être joyeuse alors même que je suis toujours triste.
J’encourage et je console les malheureux et je n’ai pas qui
me console. Mais je suis contente de la volonté de mon Seigneur. Je veux Le
consoler dans ma détresse...
7 novembre
Il faut que je souffre en silence...
J’ai l’impression d’être infidèle à Jésus. Il veut et me fait
comprendre dans mon âme la grande nécessité que je souffre, mais que je souffre
en silence, sans rien laisser apparaître. Je cherche à le faire du mieux que je
peux, sans me confier à qui que ce soit, excepté Lui et la chère Petite-Maman.
Quelquefois pourtant, involontairement, une parole m’échappe. C’est pour cela
que je dis être infidèle à mon Jésus : je ne suis pas encore constante dans ce
qu’il veut, excepté de tout vous dire, mon Père, parce que Jésus me place dans
l’âme la nécessité de me confier à vous...
12 novembre
« Votre cœur saignera toujours... »
Jésus m’a dit qu’il vous aime beaucoup et qu’il vous avait
préparé des épines qui vous blesseront jusqu’à la mort ; que votre cœur saignera
toujours ; mais vous ne devez pas craindre, car vous serez victorieux...
21 novembre
« J’accepte tout par amour pour vous... »
Combien terrible fut la tempête qui se déchaîna dans mon âme!
Il me semblait tout perdre : pour l’âme et pour le corps.
Lors de ces souffrances, pendant quelques instants, je suis
arrivée jusqu’à me convaincre que l’on m’avait privé de mon directeur spirituel.
Mon Dieu, je resterai sans lumière et sans vie !...
Je n’ai pas résisté et j’ai du pleurer. J’ai offert mes
larmes à Jésus et j’ai ouvert mes bras vers le ciel :
— Mon Jésus, j’accepte chaque sacrifice; j’accepte tout
par amour pour Vous... Brisez-moi, mais donnez la paix au monde et sauvez les
âmes. Je veux Vous aimer; et si par ma douleur je peux Vous prouver mon amour,
je suis prête à souffrir. Soutenez-moi, donnez-moi la force, mon Dieu !...
22 novembre
« Jésus veut que ma souffrance soit silencieuse... »
Ma crucifixion s’est terminée il y a quelques heures... J’ai
besoin de me confier et je ne peux le faire qu’avec vous. Jésus me veux
silencieuse et tenace comme un rocher: Il veut que je souffre sans que l’on
sache ce qui se passe en moi. Je sens que c’est Lui qui place cette exigence
dans mon âme. Il veut que ma douleur soit silencieuse comme la sienne : Il exige
que je l’imite même en cela.
Ce matin, à mes souffrances et à mes peurs, se sont adjointes
les souffrances et les larmes de Jésus : je n’en pouvais presque plus. Parmi le
bruit, la curiosité et les blasphèmes autour de Lui, Il m’a fait comprendre
comment Il avait souffert tout cela en silence, comme s’il n’avait pas de lèvres
pour parler. Ma détresse était si grande que quelquefois il m’est venu à
l’esprit de dire à Jésus que je ne voulais pas la Passion, mais immédiatement je
Lui disais :
— Je veux, je l’accepte par amour pour vous. J’accepte
chaque souffrance, même si sur moi devraient tomber, pour m’écraser, toutes les
montagnes du monde...
29 novembre
Je sens que vous souffrez...
Je sens que vous souffrez. Je sens l’instrument avec lequel
vous êtes blessé. Je sens clairement que cette douleur vous blessera jusqu’à la
fin.
Je ne sais pas de quel côté me tourner : tout est douleur, de
vives douleurs dans l’âme et dans le corps. Je le veux et je l’accepte comme
Jésus le veut...
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