2 janvier
Recours à la Vierge...
Lors de ma préparation pour recevoir mon Jésus [dans
l’Eucharistie], je demandai à la Maman de me remplir d'amour et de me
revêtir de sa grâce et de sa pureté, de rendre mon cœur pur comme quand j’ai
reçu mon baptême, parce que Jésus comprends tout je voulais renaître en ce
premier jour de la nouvelle année pour aimer mon Jésus et ne jamais l'offenser.
3 janvier
Cheminer sans lumière...
Jésus est venu et a allumé dans mon cœur un peu de son divin
feu; il m’a donné quelques rayons de sa lumière :
— Ma fille, l’heure de me donner la plus grande preuve
d’amour et d’héroïsme est arrivée : cheminer sans lumière dans un complet
abandon...
9 janvier
« Mon âme semble se déchirer... »
Mon âme semble se déchirer en morceaux. Ce n fut que le 7
janvier, jour où vous êtes venu me voir, Père, que ma souffrance, aussi bien
physique que morale, a connu une pause. Il est vrai que Jésus me prive
actuellement de tout, mais Il m’a donné encore quelques heures de soulagement et
quelques moments de douceur et de suavité pour l’âme. Je m’en souviens avec
peine et il me semble de mentir, car maintenant je n’ai pas de lumière...
15 janvier
« Je veux vous donner des âmes... »
Vivre sans soutien me fait peur. J’ai tout perdu sur la terre
et dans le ciel. Je veux savoir aveuglément que Jésus et la Maman du ciel ne
m’ont pas abandonnée, mais je tombe dans le découragement, je reste abattue,
plongée dans la détresse.
— Mon Dieu, mon Jésus, je crois en Vous, je crois en votre
divin Amour pour moi. Je Vous aime et je veux vous donner des âmes.
Hier le médecin est resté ici presque deux heures. Jésus
s’est servi de lui pour adoucir ma douleur... J’ai encore sur la terre quelqu’un
qui a de la compassion pour moi. Cette pensée a redonné vie à ma fidélité...
16 janvier
Un journaliste de Lisbonne...
Hier, un journaliste de Lisbonne est venu ici ; je ne lui ai
rien dit des choses de Jésus, mais le fait m’a fait souffrir. Presque tous les
prêtes me cherchent: ils posent mil questions à Monsieur le Curé. Et tout cela à
cause des écrits du Père Terças. Si seulement je pouvais partir d’ici! Je ne
voudrais pas être connue; j’aimerais me cacher...
17 janvier
Les feuilles du Père Terças...
Aujourd’hui Monsieur le Curé est venu me lire deux feuilles
du Père Terças avec plusieurs demandes. Désirera-t-il continuer à parler de
moi ? Je lui ai dit ne rien avoir révélé des choses du Seigneur et que je
souffre du fait de lui avoir parlé. Ce n’est point la peur d’être prise en
quelque mensonge : je pourrais être interrogée des milliers de fois que je
dirais toujours la même chose, parce que la vérité n’a qu’un seul chemin. C’est
la blessure que je ressens qui m’oblige à procéder de la sorte.
Vienne qui voudra : je ne parlerai cependant qu’avec
l’autorisation de mon directeur...
21 janvier
« Combien douloureuse est ma souffrance... »
Combien douloureuse est ma souffrance !... Mon Dieu, Si du
moins cette croix n’était destinée qu’à moi seule ! Mais, malheureusement il ce
n’est pas le cas. Il est inutile que vous, mon Père, que vous me disiez que vous
ne souffrez pas : je n’ai pas besoin d’autres témoignages, les sentiments de mon
âme me suffisent... Pour ma plus grande confusion je sens en être la cause de
tant de souffrance ; je le suis et le serai la vie entière.
Je serai aussi la cause de beaucoup d’humiliations et de
souffrances pour le médecin. Quelle triste récompense pour tout ce que vous avez
fait pour moi ! C’est une chose bien involontaire ; je ne souhaiterais être
ingrate envers qui que ce soit.
Quand je reçois Jésus je m’en rappelle aussitôt et je reste
seule dans ma douleur. Il me semble que si j’entendais Jésus, je ne l’écouterais
pas et Lui tournerais le dos, même si je ne l’ai jamais fait... Combien grande
est la peur de me tromper! J’ai beaucoup pleuré et je suis triste de mon
comportement. Je ne voudrais pas recevoir la croix avec des larmes, mais je n’ai
plus la force.
Je pleure, mais dans le cœur, la volonté de Le suivre, de Le
consoler, de tout souffrir par amour pour Lui et de Lui donner des âmes, est
toujours présente. Priez pour moi...
26 janvier
« Vous a-t-on interdit de venir ici ?... »
Vous a-t-on interdit de venir ici ? On ne cesse pas de vous
faire souffrir ? On essaie de vous humilier et de vous déprimer davantage ?
Jésus soit avec nous ! Que nous vienne en aide la Maman du ciel et qu’elle nous
donne la force pour supporter autant de souffrance. Que tout ceci soit pour la
plus grande gloire de Jésus et un avantage pour les âmes...
30 janvier
« J’ai érigé un calvaire... »
Je sens que vous souffrez presque tout seul... Mon Dieu, j’ai
érigé un calvaire pour mon Père spirituel qui a tant fait pour amener mon âme à
Jésus.
J’en ai élevé un autre pour le docteur, qui se sacrifie tant
pour mon corps. O Jésus, ô Maman du ciel, appelez-moi à Vous afin que je ne sois
davantage la cause de tant d’humiliations et de souffrances... Je préférerais
souffrir toute seule. Si seulement j’avais pu souffrir cette marée de
souffrances et que personne n’en ai eu connaissance, excepté Jésus ! Je voudrais
disparaître du monde, de sous le regard de tous et rester dans l’oubli...
13 février
Craintes de rester sans la Communion...
Je suis dans un état de révolte et je me sens seule,
complètement seule... Quelle horrible tempête !... Je suis au comble de mon
agonie. Je crains de devenir infidèle à mon Jésus: je n’ai pas de force pour en
supporter d’avantage... Quand viendra-t-il le ciel ? Pauvre de moi s’il
tarde!...
Dimanche après-midi [8 février], vers le soir, un grand
tourment envahit mon esprit: la crainte de rester sans mon Jésus
[eucharistique], que le curé, interdit par l’archevêque, ne viendrais plus me
porter; que tous les prêtres seraient défendus de venir me voir, aussi bine que
toute autre personne, sous peine d’excommunication. Mon Dieu, sans avoir un
prêtre pour me confesser, que dois-je faire ? Faire en sorte de ne pas pécher,
de ne pas causer, dans la moindre chose de la tristesse à mon Jésus et Lui
demander bien pardon. Mon Dieu, mon Dieu, quelle confusion de devoir mourir
ainsi, sans un prêtre !...
O mon Père, une nouvelle souffrance vient de survenir: on
m’interdit de prendre conseil auprès de mon Père spirituel... A qui dois-je
recourir ?...
21 février
« Je brûle du désir du ciel... »
Je brûle du désire du ciel, mais je ne voudrais pas mourir de
la sorte. J’aimerai la mort que Jésus me donnera, mais pas celle que me donnent
les hommes ! Je n’aimerais pas les laisser avec les remords de me l’avoir
donnée... Je ne sais pas comment je peux vivre ainsi.
Pour le moment je vous ai, vous, qui me soutenez dans un si
pénible calvaire. Pourront-ils dire aussi que les choses du Seigneur me viennent
à la suite des visites du médecin ? Je n’en doute pas. Mais dans ce cas, il
serait mieux de m’enfermer dans un cachot où personne ne puisse me voir; ainsi
je souffrirai toute seule et ne serai la cause des souffrances d’autrui.
Il ne manquerait plus qu’ils me prennent aussi mon médecin !
Grâces à mon bon Jésus, je ne suis pas attachée aux choses de la terre, mais je
ressens le besoin que l’on m’aide à parcourir mon calvaire: toute seule je ne le
peux pas...
23 février
Le départ du Père Mariano Pinho...
Quelques heures après ma “Passion” mon médecin m’a dit
que ces derniers jours l’état de mon cœur avait davantage empiré. Il m’inculqua
courage et fidélité. Je me suis épanchée à lui parce que je sens que le Seigneur
se sert de lui pour m’aider à poursuivre dans les chemins épineux et difficiles.
Je me suis sentie bien plus forte.
Vers les six heures du, soir on m’apporta le courrier et
immédiatement j’ai découvert votre lettre. Aussitôt que je l’ai eue en main, les
bras me sont tombés et mon sang s’est glacé dans mes veines. Je n’avais pas la
force de l’ouvrir. Je me suis dite à moi-même: “Quoi qu’il arrive, en avant !
Mon Jésus, j’accepte tout pour amour pour Vous et pour Vous donner des âmes”.
J’ai commencé à la lire, mais les larmes m’en empêchaient:
c’étaient des larmes de parfaite résignation. On dirait que l’on me perçait le
cœur avec une lance. Quelques jours se sont déjà écoulés et je me sens pourtant
encore dans le même état. C’est comme si je n’avais plus de cœur et que la mort
me guette. Dans mon fond intérieur, je disais: “Pardon pour tous ceux qui
sont la cause de cette mort.
Il est vrai que Deolinda, plus d’une fois, goutte à goutte,
m’avait administré le “poison” que la lettre contenait, mais maintenant
c’est arrivé au comble: la dernière goutte de ce “fiel” si désagréable.
Mes larmes et ma prière à Jésus pour obtenir le pardon pour
tous: voilà ma vengeance.
Dans cette triste lettre que je n’oublierai jamais, vous me
dites que cela est conforme à ce que vous supérieurs ont décidé ; que vous devez
obéir parce que le Seigneur le veut.
Je suis d’accord. Obéissance, sainte obéissance, combien je
t’aime ! Vous ne voulez pas désobéir et moi-même, je veux que vous obéissiez.
Plutôt toutes les souffrances que la moindre offense envers Jésus. Celui qui
obéi fait sa sainte Volonté, mais malheureux ceux qui ne commandent pas selon
ses divins désirs ! C’est pourtant qui arrive maintenant. Les hommes s’opposent
à la volonté de Jésus. C’est ce que ressent mon âme remplie de douleur. Mon cœur
vole comme un oiseau qui ne sait pas ou se poser; je me trouve dans le supplice
le plus douloureux.
Je me suis confessée au Père Alberto Gomes dans lequel j’ai
entière confiance et en qui je vois toute la sainteté. Je sens qu’il me comprend
bien, mais ce n’est pas lui cette lumière que Jésus m’a choisie, et non plus la
source qui peut me rassasier. C’est pour cela que je dis : “Malheureux ceux
qui ne commandent pas selon la volonté de Jésus !”
Je continuerai de vous appeler mon Père spirituel sur la
terre comme au ciel. Quoi que les hommes disent ou fassent, cela ne sert qu’à
m’écraser de plus en plus et à m’ôter la vie...
Ne vous souvenez-vous pas qu’il y a quelque temps j’avais eu
le pressentiment de ce qui arrive maintenant ? On vous interdit de venir ici! de
m’écrire! Volonté divine de mon Dieu, je t’aime plus que tout...
22 août
« Mon état est grave... »
(...) Mon état est grave ; mes souffrances sont très douloureuses.
Mais à l’intérieur de moi est né un désir irrésistible de dicter quelques
paroles pour vous, mon Père. Les forces qui vous parlent ne sont pas les
miennes : je n’en ai plus, car je suis exsangue. Mais c’est le cri de ma
volonté ; c’est un léger souffle de vie qui vous parle. Mon corps ne sert à rien
d’autre que pour souffrir; je n’éprouve rien d’autre. Je ne suis plus qu’une
petite bulle d’écume qu’un rien fait disparaître.
Les sentiments de mon âme sont étranges. Je me trouve comme
dans un endroit où l’on ne ressent ni joie ni peine. Je sens comme si les hommes
m’avaient attachée à la terre, m’obligeant à suspendre mon voyage. Je vis
arrêtée, voisine du ciel, mais sans pouvoir entrer. De temps à autre il me
venait une très grande nostalgie de ma patrie céleste, capable de m’enlever mil
vies; cette nostalgie est presque insupportable ; j’ai envie de pleurer, de
beaucoup pleurer. Il me semble que la mission que Jésus m’a confiée soit
accomplie. Je reste là, mais je ne fais rien. Je suis, toutefois convaincue que
Jésus rompra ces liens qui empêchent mon envol vers le ciel...
Je continue le jeûne et je ne peux même pas rassasier avec
goût la soif brûlante qui me consume. Je peux boire quelques gouttes qui ne me
soulagent que très peu. Je ne sais pas expliquer la nostalgie que j’ai des
aliments. Je ressens le désir de tout porter à ma bouche; j’aimerais me nourrir
des aliments qui me plaisent, mais je ne le peux point.
Grâce à Dieu, mon intelligence est très vive. J’offre à
Jésus, par amour pour Lui, mon martyr et aussi pour obtenir la lumière pour ceux
qui sont privés sur la terre, de lumière et de confort...
7 novembre
L’annonce de la Consécration...
(...) Quand, par télégramme, j’ai eu la nouvelle de la consécration
du monde à la chère Maman du ciel, Jésus m’accorda de cours instants de
consolation. Au comble de ma joie, je ne savais comment remercier Jésus et
Marie. Les mains levées vers le ciel, je me suis exclamée :
— Béni soit Jésus! Bénie soit la Petite-Maman !
J’avais envie, à ce moment-là d’introduire moi-même le
Saint-Père dans les Cœurs de Jésus et Marie: quelle joie !
D’une façon imprévue, j’ai ressenti une très grande
humiliation: je me suis sentie méprisée ; et le léger souffle de vie qui me
restait commença d’être un néant qui peu à peu s’enfonçait dans la terre,
jusqu’à disparaître. Toutefois, même dans cet état j’ai continué de remercier.
J’ai récité le “Magnificat” et j’ai fait allumer une lampe en l’honneur
de la Maman du ciel.
Mon Père, mon jeûne continue ; je n’ai pas faim, mais je
ressens une très grande envie de tout porter à la bouche. Si vous saviez combien
m’est coûteuse cette souffrance ! Je l’offre à Jésus pour les âmes !...
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