20 juillet
« Je vous sens à côté de moi... »
Ne pensez pas, mon bon Père Umberto, que mon silence soit un
oubli. Je ne vous oublierai ni sur la terre ni au ciel. La cause de celui-ci, ce
sont les “cadeaux” de Jésus. Si vous saviez combien je souffre... Mais la
souffrance importe peu; ce qu’il faut c’est consoler Jésus. Il me suffit que sa
grâce et sa force ne me fassent pas défaut pour résister à tout... Je n’ai pas
oublié vos intentions de prière ni celles des novices de votre sainte maison
Salésienne... Par charité, pardonnez-moi mes manquements. Je vous remercie de
tout mon cœur et de toute mon âme pour tout ce que vous avez fait pour moi. Que
Jésus vous récompense, vous comble de ses bienfaits et de son amour, car Lui
seul connaît et sais le réconfort que vous m’avez apporté.
Je vous sens à côté de moi, et cela me procure du courage
pour soutenir ma souffrance. Que Dieu soit béni. Je ne suis pas encore haïe de
tout le monde...
6 septembre
« Je sens de fortes embrassades... »
Le chant, la
nature et la mer m'obligent à me concentrer, à m'oublier.
Après une visite
au très Saint-Sacrement, que je ne pus pas faire de jour, à cause de mes grandes
souffrances et mon mal-à-l'aise, je ressentis tout d'un coup la même sensation
que je ressens, habituellement, lorsque le Seigneur vient me parler: j'eus
nettement l'impression qu'une vague venait de se déverser sur moi. Je me suis
inclinée vers la gauche et Jésus me parla.
Quelques fois,
avant même que le Seigneur me parle, je sens comme de fortes embrassades;
d'autres fois je les sens à la fin. Une forte chaleur m'envahit, une chaleur si
forte et brûlante que je ne sais même pas expliquer. D'autres fois encore, je
sens les caresses du Seigneur. Je ne sais pas comment répondre à tant de
bienfaits.
— Je n'agis pas ainsi uniquement avec les âmes saintes. Je
me communique aussi aux âmes pécheresses comme toi, pour leur donner confiance.
Elles aussi elles peuvent aimer le Seigneur et arriver à la sainteté. Si je
n’agissais pas ainsi, elles pourraient désespérer.
14 septembre
« Je suis pénétrée de douleur... »
(...) Nous vous avons tous beaucoup regretté. Il est bien vrai que
tout ce qui est bon en ce bas monde passe vite. Ce que vous avez dit de Jésus,
ou mieux, voulais-je dire, c’est Lui qui s’est servi de vous pour m’apporter
lumière et soulagement. Je ne sais pas comment remercier Jésus et je ne sais
rien vous dire, quelque chose de ce qui rempli mon âme. Merci! Que Jésus vous
récompense pour tout...
Depuis trois jours que je suis sans Communion ; je me sens
affamée à l’extrême. Je sens que ma vie s’en va, mon âme se meurt de faim...
Je n’ai plus rien écrit dans mon journal. Je suis aveugle,
pénétrée par la douleur. Mais, malgré cela, je vous promets de faire le possible
et de dicter quelque chose et d’essayer de me guérir, parce cela va de mal en
pis. Jésus demande beaucoup et ce qu’il demande est bien pénible! Je lui donne
tout et je ne lui donne rien, parce que je sens que je n’ai rien à lui donner...
21 septembre
« Tout disparaît comme la fumée... »
(...) J’aurais tant de choses à vous dire, mais je ne le peux pas.
Je me sens très malade. Je charge Jésus et la Maman du Ciel de vous remercier
pour tout ce que vous faites pour moi et pour les miens, parce que je n’ai pas
de paroles adéquates pour le faire. Merci! Mais, plus que pour tout le reste,
une remerciement infini pour avoir envoyé un prêtre me donner Jésus. Celui qui
me donne Jésus me donne la vie, me donne toute la richesse du Ciel et de la
terre. Je ne peux désirer rien d’autre.
Quelle envie j’ai de le posséder et quel grand désir de
l’aimer! Mais, pauvre de moi, tout disparaît comme la fumée, sans que j’arrive à
voir la trace de quelque chose. En souffrant autant, j’ai fini par ne plus rien
ressentir. Je me meurs d’amour pour Jésus et je finis par ne pas l’aimer. Après
tant d’efforts, je finis par ne plus croire en moi-même. O mon Dieu, quelle
triste nuit !
J’ai de la peine pour tout ce que vous et vos confrères
souffrez actuellement. J’ai envers vous beaucoup de charité et d’amour: c’est ce
que veut Jésus qui procède de la même façon envers nous. C’est lui toujours le
plus offensé. Pauvre Jésus! Il aime et n’est pas aimé...
9 octobre
« Si je pouvais écrire moi-même... »
(...) Je vous remercie pour les nouvelles que vous avez pu me
donner sur Macieira. Vous pouvez imaginer combien je les ai appréciées. En ce
qui concerne l’obéissance, je fais de mon mieux, mais, mon Père, si vous saviez
ce qui se passe ici ! Si je pouvais écrire moi-même, je vous en dirais quelque
chose ; mais comme je ne peux pas écrire, je reste là, gémissant et priant,
passant des heures tristes et amères habitée par la peur d’offenser mon Jésus.
Espérons qu’il me donne force et courage pour vous ouvrir mon âme, comme je le
souhaite et en ai bien besoin, quand vous le jugerez opportun. Je vous demande,
par charité, de bien vouloir prier pour moi. Si vous saviez comme je suis
triste ! Apprenez-moi à aimer Jésus et la Maman du ciel ; je les prie pour
qu’ils ne permettent pas que je les offense. S’il était besoin de renoncer au
ciel [pour ne pas les offenser], je le ferais; je préfère l’enfer que d‘offenser
Jésus. Je le leur ai dit encore cette nuit et je le leur demande du fond du
cœur...
30 octobre
« Je ne suis plus seule... »
Révérends Pères salésiens : pour vous tous l’amour le
plus brûlant de Jésus, de la Petite-Maman et toutes les richesses du ciel.
J’ai bien présentes toutes les intentions que vous m’avez
recommandées et je vous fais participants de mes humbles prières et souffrances.
C’est un devoir de gratitude de ma part, je ne fais que ce que je dois. Je me
sens très heureuse et très riche de l’appui que j’ai de vos prières. O mon Dieu,
je ne suis plus toute seule ! J’ai maintenant quelqu’un pour m’aider dans la
montée de mon pénible calvaire ! De tout mon cœur et de toute mon âme je dis :
— Jésus et Petite-Maman récompensez-les et donnez-leur toutes
les richesses du ciel; richesses de vertu, de grâces pour attirer par celles-ci
les âmes au divin Cœur de Jésus. Je n’en peux plus. Toujours unis sur la terre
et au ciel. Donnez-moi votre bénédiction et pardonnez celle qui vous demande des
prières, beaucoup de prières.
Mes chers novices et salésiens de cette sainte maison ;
j’aimerais écrire à chacun mais je ne le peux pas : les forces me manquent.
Étant donné que je dois vous remercier pour les saintes prières qui vous avez
faites pour moi, je le fais à vous tous en même temps.
Que Jésus et la Maman du ciel vous récompensent pour tant de
charité. J’implore pour tous les bénédictions et les grâces du Seigneur.
Je désire ardemment que vous occupiez dans le divin Cœur de
Jésus la place que vous occupez dans le mien car ainsi vous pourriez tout
recevoir ; je vous ai tous au fond de mon cœur. C’est pour cela que je vous veux
aussi tous dans le Cœur de Jésus et de Marie.
Un grand merci à tous ceux qui m’ont écrit. Vous pouvez être
certains que Jésus vous donnera tout ce que vous désirez pour votre
sanctification et pour le salut des âmes. Ayez confiance, ayez confiance ; Jésus
sera toujours avec vous.
Comptez toujours sur moi sur la terre et après, dans le ciel
où je vous attends.
17 novembre
« Quelle tempête je sentais au loin!... »
(...) Je vous écris quelques-unes des choses que j’ai dans l’âme.
Depuis plusieurs jours, l’impression suivante me faisait souffrir: il me
semblait que vous aviez reçu l’ordre de ne plus venir ici.
Quelle tempête je sentais au loin ! Si seulement je pouvais
souffrir seule, sans attrister ma sœur... Maintenant que tout est connu, je vous
demande la charité de me dire la vérité, car dans cet état, je souffre
davantage. Soyez franc avec moi, par l’amour de Jésus et de la Maman du ciel,
dans la certitude que j’aurai toujours pour cette Maison salésienne la plus
grande affection. Ne pensez pas, mon bon Père, que j’arrête de prier et de
souffrir pour tous. Oh, non ! Je serais une ingrate et je préférerais mourir. Je
reconnais vous devoir beaucoup: ce ne sera qu’au ciel que vous connaîtrez le
bien que vous avez fait à ma pauvre âme. Je n’ai jamais eu, dans ma vie
spirituelle, et d’une façon continuelle, le soutien et les lumières nécessaires
qui m’aident à parcourir mes sentiers si épineux. Pauvres hommes qui me volent
le guide que le Ciel m’avait donné !... J’espère sincèrement que le Seigneur ne
punira pas et qu’il ne demandera pas de comptes à aux personnes qui me font tant
de mal... Je ne comprends plus...
Si je ne donnais pas à Jésus tout ce qu’il exige de moi, cela
serait de leur faute, car ils m’ont volé celui qui m’apprenait à aimer Celui qui
n’est pas aimé et m’aide à parcourir mon si douloureux calvaire.
Je ne peux m’appuyer que sur Jésus, seulement sur Lui,
personne d’autre au monde...
Je lève mon regard vers le Ciel, je le fixe sur Jésus et sur
la Maman chérie et ainsi je me sens forte pour recevoir le coup de la séparation
de celui qui comprenait aussi bien mon âme.
Que m’arrivera-t-il encore ? Qu’il arrive ce qui doit
arriver: j’ai pleinement confiance dans la force du Ciel.
Si l’on vous a interdit de m’écrire et de recevoir mes
lettres, je vous prie, par les douleurs de la Maman du Ciel, de ne pas vous
affliger: ne souffrez pas à cause de moi. Obéissons aveuglément. Jésus suppléera
et usera envers moi de miséricorde. Par charité, ne m’oubliez pas. Nul ne peu
nous interdire de prier l’un pour l’autre, ni d’aimer le Seigneur. Une certitude
chose me reste: personne ne peut me voler Jésus. Ce n’est que le péché qui peut
chasser de mon cœur les trois Personnes divines...
27 novembre
« Que Jésus vous paie... »
(...) Je suis intimidée et dubitative ; très incertaine si je dois
ou non dicter ces quelques paroles. Cela fait déjà quelques jours que je pense
le faire, mais les forces et le courage me manquaient. Aujourd’hui je ne peux
pas faire autrement.
Si vous avez reçu des ordres contraires et que vous ne
pourriez pas lire ma lettre, jetez-la au feu, ainsi elle disparaîtra pour
toujours. Je ne veux pas, mon Père, être un instrument de souffrance pour
personne. Que je souffre, vu que le Seigneur m’a destinée à la souffrance; que
je souffre, car à cause de mes grandes misères je dois souffrir et réparer; que
je souffre les plus grandes douleurs et amertumes pour consoler mon Jésus et lui
gagner des âmes ; que je souffre tout, moi ; que je meure sous le poids des plus
grandes humiliations, mais que Jésus ne souffre pas à cause de moi ; qu’il ne
soit pas offensé par ma faute ni ceux à qui je dois beaucoup et qui ont tant
fait pour moi.
Je ne veux être ingrate ni envers Jésus ni envers aucune
créature. Mon bon Père, que Jésus vous paie tout ce que vous avez fait pour moi
et tout le soin que vous avez pris de ma pauvre âme. Si vous saviez combien j’ai
besoin de lumière! Si vous saviez dans quelle mer immense je suis plongée ! Oh,
si le monde connaissait la douleur ! Si les hommes comprenaient ce que
représente l’absence d’un directeur saint et sage au gouvernail d’une âme ! Les
pauvres ! Ils ignorent cette vérité et cette nécessité et en plus ils continuent
de se comporter de façon à tout m’enlever. Jésus, pardonnez-leur, car moi-même
je leur pardonne...
Le Père António n’est pas venu. L’interdit est-il aussi
valable pour les autres ? Que m’arrivera-t-il encore ?...
9 décembre
« J’ai continué à prier... »
(...) Grâce à Jésus et à la Petite-Maman, aujourd’hui je peux
respirer, ainsi que ma sœur et ma famille. Qua le Seigneur soit loué !...
Je ne vous ai pas écrit comme je le souhaitais, parce que je
ne le pouvais pas. Croyez, mon bon Père, que ce ne fut pas un oubli. Combien de
fois j’ai pensé le faire, mais je n’en ai pas été capable ! Une grande crainte
d’être la cause d’une plus grande souffrance pour vous, chose que je ne veux
pas, prenait possession de moi, qui, pour plus d’efforts que je fisse, je
n’étais pas capable de dicter la moindre parole. Cependant, j’ai continué à
prier et à souffrir pour tous. Cette très douloureuse épreuve n’a pas ôté de mon
cœur le très grand et saint respect que j’ai pour eux ; bien au contraire, elle
l’a augmenté.
Le Seigneur m’a fait comprendre que la faute ne venait pas de
leur supérieur. Il m’a même affirmé, au contraire, que celui-ci était innocent.
Mais, même s’il ne l’était pas, ils ne devaient pas en souffrir, à cause de moi.
Je serais restée toujours la même, et je n’aurais pas arrêté de prier pour lui.
Hier, combien de fois j’ai regardé la photo de votre chapelle
pour “voir” si Jésus y était exposé et si je vous “voyais” en
adoration. Je n’ai rien “vu”. Je vous ai accompagné en esprit; j’ai prié
et souffert pour tous. Je vous ai confié à la Maman du Ciel pendant l’extase de
l’après-midi et tout particulièrement ceux qui se sont présentés à la vêture et
ont pris la médaille:
— Petite-Maman, faites que ceux-là soient purs et que
dorénavant ils ne souillent plus leurs âmes même par un seul péché véniel
délibéré...
18 décembre
« Un feu brûle mon cœur... »
Un feu, parfois insupportable, brûle mon cœur et, parfois me
monte jusqu’à la bouche; on dirait que l’on me brûle les lèvres. L’eau avec
laquelle dans temps en temps je les rafraîchis, et que je crache ensuite, ne
sert à rien. C’est le feu, le feu, toujours le feu.
20 décembre
« Le corps souffre beaucoup... »
(...) C’est la douleur qui vit; la douleur torturante de mon corps
et de mon âme. Le corps souffre beaucoup, mais bien plus l’âme. Je n’en sais
rien dire; je vous en donne à peine une petite idée : l’âme suffoque par le fait
d’être autant opprimée et pressée. Mais fautes, mon ingratitude envers Jésus
sont toujours devant moi; la crainte de me tromper et de tromper les autres; la
peur de pécher pendant les luttes contre le démon est toujours devant moi, elle
aussi... Quelle triste vie !
Je veux me vaincre. Je veux croire à la parole de Jésus, mais
cela me coûte beaucoup ! Comment se fait-il que je ne me brûle pas au milieu
d’aussi grandes flammes ?
Et maintenant, le nouveau tourment qui est celui de vouloir
garder en moi ce que Jésus et la Petite-Maman m’a confié le 8. J’ai l’impression
d’être tout le temps victime d’assauts. J’aimerais me cacher sous la terre, où
personne ne le sut, pour que l’on ne me vole pas ce que le Ciel m’a donné et que
je sens être une richesse sans pareille. Que Jésus soit avec moi !
Les jours passent et je n’ai toujours pas un prêtre qui me
tranquillise, qui m’encourage dans mon chemin. Pauvre de moi! Je suis née pour
cela. Fussé-je née pour aimer mon Jésus et ma très chère Petite-Maman comme je
le voudrais et comme Ils sont dignes d’être aimés !...
Il me semble n’être née que pour vivre morte. Je ne sais
comment l’expliquer.
Le docteur et son épouse sont restés ici hier, pendant
quelques heures, pour nous tenir compagnie et nous encourager. O combien je dois
à mon saint médecin !...
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