Lettres 1945

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— 1945 —

5 janvier

« Mon âme est dans une continuelle agonie... »

(...)

Avez-vous compris, d’après mes écrits, ce que Jésus avait enfermé dans mon cœur ? Quel tourment pour moi! Je ne sais pas comment garder et défendre un trésor aussi précieux !

Mon âme est dans une continuelle agonie. Ma vie est continuellement remplie de craintes ; le démon est infatigable pour me tourmenter. De là, quelle torture, quelle amertume, et quelle misère. Ce qui appartient à Jésus n’arrive pas à vivre : aussitôt né aussitôt parti vers Lui.

O si seulement j’arrivais à me faire comprendre, si j’avais un peu de lumière, si j’aimais un peu Jésus et les âmes ! Alors je serais heureuse; ma joie serait totale !

Mon bon Père, si vous me connaissiez, vous n’auriez pas autant de sainte considération pour moi.

L’heure arrivera-t-elle où vous pourrez venir jusqu’ici ? J’ai tellement besoin de lumière et d’un guide ! Comment résisterai-je à ces vols dont j’ai été la victime ? Mon Dieu, pardon pour tous !

J’ai bien reçu tout ce que vous m’avez envoyé. Je vous envoie mes remerciements et ma gratitude pour tant de sollicitude de votre part. Je suis certaine que Jésus en est content: il aime qu’on le remercie pour tout ce que nous recevons de Lui, et promets enfin de nouveaux dons et grâces. Qu’il daigne vous combler pour tout.

Je vous prie de remercier les Pères et tous ceux qui habitent cette Maison de prière, pour les vœux qu’ils m’ont envoyé...

8 janvier

Le Dicteur, “bon Samaritain”...

(...) Cela me peine de ne pas avoir d’instruction : premièrement du fait de ne pas savoir parler à Jésus, l’aimer, le remercier, le louer comme il le mérite ; même restant à genoux pendant toute l’éternité je ne lui rétribuerai jamais dignement tout ce que j’ai reçu de lui. En second lieu, pour remercier mon cher docteur avec des paroles de louange et de reconnaissance, comme il le mérite.

Jésus, dans son infinie bonté, y remédie comme lui seul sait le faire. De ma part je ne sais dire que « merci » pour tout ce que vous faites à cette pauvre qui ne peut rien, ne sait rien, ne vaut rien.

Qu’en serait-il de moi si Jésus ne vous avait pas mis à mes côtés, en ces jours douloureux de ma vie, où tout est révolte, mépris, calomnie et humiliation ? Quelle mer de douleur !

Et moi si seule, sans lumière, sans guide dans mon horrible chemin !

Essaieront-ils aussi de me prendre mon bon médecin, qui tant de fois a été pour moi d’un grand réconfort par ses paroles et sa sainte attention ? Arrivera-t-il comme avec ceux qui étaient lumière et soutient pour mon âme ?

Que Dieu soit loué pour tout; qu’en tout cela il soit aimé et soulagé ; que tout ceci puisse lui servir pour sauver le monde entier. Si l’on me laisse seule, Jésus restera avec moi! Que je meure de douleur, d’abandon, de mépris, afin que dans mon cœur demeure toujours Jésus, que les hommes ne puissent pas me l’ôter ! En tout cas, seuls le péché et le démon peuvent me l’enlever.

Combien elle me coûte cette vie amère ! Ce n’est que par amour de Jésus et des âmes, le regard fixé sur le crucifix, que je peux la supporter...

6 février

« J’ai une grande dette... »

(...) J’ai une grande dette ! Combien je vous suis reconnaissante ! Prières, lettres remplies de réconfort, tant et tant de choses !... Comment pourrai-je vous rétribuer ? Je charge Jésus et la Maman du ciel de le faire pour moi.

Les vomissements ont cessé, mais je me sens bien malade: je n’ai pas de force, ni disposition pour la moindre chose.

Il m’aurait plu de vous faire parvenir quelques mots à votre retour de Lisbonne, mais je n’ai pas pu le faire. Merci pour les nouvelles que vous m’avez communiquées sur Alexandrina et sur la personne trouvée à Fatima.

Que le Seigneur permette que sa cause triomphe, pour son honneur et sa gloire et le bien des âmes : c’est ce qui m’intéresse. En effet, il m’importe peu d’être humiliée.

Que Dieu daigne permettre que vous, après la prédication, vous puissiez venir ici, comme vous le laissez entendre dans votre dernière lettre. J’ai tellement besoin de vous parler: je crois suffoquer. Pauvre de mon âme, combien triste est ma vie !... Le démon, pendant que j’avais les crises de vomissements, n’a pas usé de ses malices,  il bavardait et m’affligeait, me disant que, après un peu de repos,  il m’entraînerait de nouveau à la vie de péché.

Je vous demande d’avoir l’obligeance de remercier Dom Previsano pour sa lettre. Pour lui et pour tous les autres prêtres salésiens nos respectueuses salutations et nos remerciements pour les prières. Je n’ai pas oublié de m’unir aux leurs, lors de la fête de Dom Bosco...

Salutations et saints souvenirs à tous les novices et à tous les confrères.

Vous pourriez, maintenant, me dispenser de dicter mon journal spirituel : je fais pour ce faire un très grand sacrifice !... Laissez-moi tout souffrir sans rien dicter...

31 mars

La peur, lors des assauts du démon...

C’est avec un grand sacrifice, parce que privée de forces, que je vous écris pour vous remercier de la lettre qui si charitablement vous m’avez envoyée. Que le Seigneur vous en récompense.

Pour moi, ce n’est pas une consolation recevoir des lettres ou des nouvelles concernant des personnes que j’estime beaucoup et qui sont le soutien et le guide de mon âme; c’est à peine un soulagement qui fait revivre ma vie plus que morte. Comme je ne veux que ce Jésus veut, ma volonté reste toujours soumise à la sienne. Je le remercie et le loue pour tout. Je m’abandonne à sa divine Providence et je reçois les épines comme des caresses délicieuses du ciel. Jésus le veut. Par amour pour lui et pour les âmes, je souris à tout.

La peur lors des assauts du démon continue, même si ce mois-ci j’en ai été u peu épargnée. Mais quand il vient... O combien de malice !

Que je le désire ou non, quelquefois je dois comparaître en la présence de Jésus. D’autres fois je ne le sens pas, j’éprouve sa perte. Si vous saviez, mon Père, l’horreur que tout ceci me cause ! Qu’est-ce que cela peut être de perdre Jésus éternellement ? J’éprouve sa souffrance pour la perte des âmes; j’éprouve les sentiments et l’amour qu’il a pour elles : il n’existe pas ni paroles ni intelligence humaine capable de l’expliquer.

L’image ci-jointe avec la phrase qui parle d’épines est pour vous. Sur l’autre [image], étant donner que je ne peux en envoyer pour chacun des novices et confrères de cette sainte Maison, j’ai écrit une pensée qui intéresse tous: c’est mon désire que tous le pratiquent.

Deolinda et toute la famille vous remercie pour vos salutations et vous les rétribuent avec les vœux d’une bonne fête de Pâques. De ma part, je vous souhaite, à vous et à toute la communauté les tendresses, les bénédictions et l’amour de Jésus ressuscité.

Et vous, quand reviendrez-vous ? En vérité, je vous ai préparé un grand calvaire. Pardonnez-moi, et par charité, ne m’oubliez pas dans vos prières. Je vous recommande tous à Jésus et à la Maman du ciel...

9 avril

« J’aimerais vous dire tant de choses... »

J’aimerais vous dire tant de choses, mais je ne le peux pas. Jésus et la Petite-Maman vous le diront pour moi. Ils vous feront comprendre combien souffre mon âme, afin que vous ayez compassion de moi. Demandez et faites demander que du ciel me vienne toute la grâce et la force dont j’ai besoin.

Combien d’anxiétés, de tristesses, d’amertumes; combien d’abattement dans ma pauvre âme ! Tout ce que je fais qui puisse déplaire à Jésus, je le fais involontairement. J’aimerais tout souffrir avec la plus grande perfection et avec le plus grand amour; je n’aimerais pas blesser Jésus. Plutôt l’enfer, mille et mille fois.

Mais, mon Père, je vous le dit avec la plus grande franchise et vérité: je veux et je ne le peux pas; je ne trouve rien de bien en moi, rien de vertueux, aucun amour pour Jésus ; je ne suis que misère, rien que misère.

Comme je serais contente si j’aimais mon Jésus et si je pouvais lui donner que de l’amour !

Dans toute cette misère que je sens en moi ne restent que le désir et une volonté très forte de ne vouloir vivre que pour Jésus, ne parler que de Lui, ne penser qu’à Lui, tout souffrir pour Lui.

Croyez, mon Père, que ceci est la réalité; ne faites pas comme moi qui semble ne pas croire à ce que je dis.

Le démon m’en fait des bonnes !... Combien il me fait souffrir ! Combien il est méchant !

Je ne sais rien de vous, mais je sens que vous souffrez, et pas seulement pour l’interdiction de me confesser. Cette souffrance et toutes les autres dont je suis la cause, même si involontairement, forment le calvaire auquel vous avez fait allusion...

A toute la communauté mon remerciement et mes salutations. Merci pour la lettre écrite avec tant de bonté et pleine de paroles de réconfort pour me stimuler. Quand pourrez-vous venir à Balasar ? J’ai plusieurs lettres auxquelles je dois répondre, mais je ne le ferai pas sans un conseil de votre part...

   

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