5 janvier
« Mon âme est dans une continuelle agonie... »
(...)
Avez-vous compris, d’après mes écrits, ce que Jésus avait
enfermé dans mon cœur ? Quel tourment pour moi! Je ne sais pas comment garder et
défendre un trésor aussi précieux !
Mon âme est dans une continuelle agonie. Ma vie est
continuellement remplie de craintes ; le démon est infatigable pour me
tourmenter. De là, quelle torture, quelle amertume, et quelle misère. Ce qui
appartient à Jésus n’arrive pas à vivre : aussitôt né aussitôt parti vers Lui.
O si seulement j’arrivais à me faire comprendre, si j’avais
un peu de lumière, si j’aimais un peu Jésus et les âmes ! Alors je serais
heureuse; ma joie serait totale !
Mon bon Père, si vous me connaissiez, vous n’auriez pas
autant de sainte considération pour moi.
L’heure arrivera-t-elle où vous pourrez venir jusqu’ici ?
J’ai tellement besoin de lumière et d’un guide ! Comment résisterai-je à ces
vols dont j’ai été la victime ? Mon Dieu, pardon pour tous !
J’ai bien reçu tout ce que vous m’avez envoyé. Je vous envoie
mes remerciements et ma gratitude pour tant de sollicitude de votre part. Je
suis certaine que Jésus en est content: il aime qu’on le remercie pour tout ce
que nous recevons de Lui, et promets enfin de nouveaux dons et grâces. Qu’il
daigne vous combler pour tout.
Je vous prie de remercier les Pères et tous ceux qui habitent
cette Maison de prière, pour les vœux qu’ils m’ont envoyé...
8 janvier
Le Dicteur, “bon Samaritain”...
(...) Cela me peine de ne pas avoir d’instruction : premièrement du
fait de ne pas savoir parler à Jésus, l’aimer, le remercier, le louer comme il
le mérite ; même restant à genoux pendant toute l’éternité je ne lui rétribuerai
jamais dignement tout ce que j’ai reçu de lui. En second lieu, pour remercier
mon cher docteur avec des paroles de louange et de reconnaissance, comme il le
mérite.
Jésus, dans son infinie bonté, y remédie comme lui seul sait
le faire. De ma part je ne sais dire que « merci » pour tout ce que vous
faites à cette pauvre qui ne peut rien, ne sait rien, ne vaut rien.
Qu’en serait-il de moi si Jésus ne vous avait pas mis à mes
côtés, en ces jours douloureux de ma vie, où tout est révolte, mépris, calomnie
et humiliation ? Quelle mer de douleur !
Et moi si seule, sans lumière, sans guide dans mon horrible
chemin !
Essaieront-ils aussi de me prendre mon bon médecin, qui tant
de fois a été pour moi d’un grand réconfort par ses paroles et sa sainte
attention ? Arrivera-t-il comme avec ceux qui étaient lumière et soutient pour
mon âme ?
Que Dieu soit loué pour tout; qu’en tout cela il soit aimé et
soulagé ; que tout ceci puisse lui servir pour sauver le monde entier. Si l’on
me laisse seule, Jésus restera avec moi! Que je meure de douleur, d’abandon, de
mépris, afin que dans mon cœur demeure toujours Jésus, que les hommes ne
puissent pas me l’ôter ! En tout cas, seuls le péché et le démon peuvent me
l’enlever.
Combien elle me coûte cette vie amère ! Ce n’est que par
amour de Jésus et des âmes, le regard fixé sur le crucifix, que je peux la
supporter...
6 février
« J’ai une grande dette... »
(...) J’ai une grande dette ! Combien je vous suis reconnaissante !
Prières, lettres remplies de réconfort, tant et tant de choses !... Comment
pourrai-je vous rétribuer ? Je charge Jésus et la Maman du ciel de le faire pour
moi.
Les vomissements ont cessé, mais je me sens bien malade: je
n’ai pas de force, ni disposition pour la moindre chose.
Il m’aurait plu de vous faire parvenir quelques mots à votre
retour de Lisbonne, mais je n’ai pas pu le faire. Merci pour les nouvelles que
vous m’avez communiquées sur Alexandrina et sur la personne trouvée à Fatima.
Que le Seigneur permette que sa cause triomphe, pour son
honneur et sa gloire et le bien des âmes : c’est ce qui m’intéresse. En effet,
il m’importe peu d’être humiliée.
Que Dieu daigne permettre que vous, après la prédication,
vous puissiez venir ici, comme vous le laissez entendre dans votre dernière
lettre. J’ai tellement besoin de vous parler: je crois suffoquer. Pauvre de mon
âme, combien triste est ma vie !... Le démon, pendant que j’avais les crises de
vomissements, n’a pas usé de ses malices, il bavardait et m’affligeait, me
disant que, après un peu de repos, il m’entraînerait de nouveau à la vie de
péché.
Je vous demande d’avoir l’obligeance de remercier Dom
Previsano pour sa lettre. Pour lui et pour tous les autres prêtres salésiens nos
respectueuses salutations et nos remerciements pour les prières. Je n’ai pas
oublié de m’unir aux leurs, lors de la fête de Dom Bosco...
Salutations et saints souvenirs à tous les novices et à tous
les confrères.
Vous pourriez, maintenant, me dispenser de dicter mon journal
spirituel : je fais pour ce faire un très grand sacrifice !... Laissez-moi tout
souffrir sans rien dicter...
31 mars
La peur, lors des assauts du démon...
C’est avec un grand sacrifice, parce que privée de forces,
que je vous écris pour vous remercier de la lettre qui si charitablement vous
m’avez envoyée. Que le Seigneur vous en récompense.
Pour moi, ce n’est pas une consolation recevoir des lettres
ou des nouvelles concernant des personnes que j’estime beaucoup et qui sont le
soutien et le guide de mon âme; c’est à peine un soulagement qui fait revivre ma
vie plus que morte. Comme je ne veux que ce Jésus veut, ma volonté reste
toujours soumise à la sienne. Je le remercie et le loue pour tout. Je
m’abandonne à sa divine Providence et je reçois les épines comme des caresses
délicieuses du ciel. Jésus le veut. Par amour pour lui et pour les âmes, je
souris à tout.
La peur lors des assauts du démon continue, même si ce
mois-ci j’en ai été u peu épargnée. Mais quand il vient... O combien de malice !
Que je le désire ou non, quelquefois je dois comparaître en
la présence de Jésus. D’autres fois je ne le sens pas, j’éprouve sa perte. Si
vous saviez, mon Père, l’horreur que tout ceci me cause ! Qu’est-ce que cela
peut être de perdre Jésus éternellement ? J’éprouve sa souffrance pour la perte
des âmes; j’éprouve les sentiments et l’amour qu’il a pour elles : il n’existe
pas ni paroles ni intelligence humaine capable de l’expliquer.
L’image ci-jointe avec la phrase qui parle d’épines est pour
vous. Sur l’autre [image], étant donner que je ne peux en envoyer pour chacun
des novices et confrères de cette sainte Maison, j’ai écrit une pensée qui
intéresse tous: c’est mon désire que tous le pratiquent.
Deolinda et toute la famille vous remercie pour vos
salutations et vous les rétribuent avec les vœux d’une bonne fête de Pâques. De
ma part, je vous souhaite, à vous et à toute la communauté les tendresses, les
bénédictions et l’amour de Jésus ressuscité.
Et vous, quand reviendrez-vous ? En vérité, je vous ai
préparé un grand calvaire. Pardonnez-moi, et par charité, ne m’oubliez pas dans
vos prières. Je vous recommande tous à Jésus et à la Maman du ciel...
9 avril
« J’aimerais vous dire tant de choses... »
J’aimerais vous dire tant de choses, mais je ne le peux pas.
Jésus et la Petite-Maman vous le diront pour moi. Ils vous feront comprendre
combien souffre mon âme, afin que vous ayez compassion de moi. Demandez et
faites demander que du ciel me vienne toute la grâce et la force dont j’ai
besoin.
Combien d’anxiétés, de tristesses, d’amertumes; combien
d’abattement dans ma pauvre âme ! Tout ce que je fais qui puisse déplaire à
Jésus, je le fais involontairement. J’aimerais tout souffrir avec la plus grande
perfection et avec le plus grand amour; je n’aimerais pas blesser Jésus. Plutôt
l’enfer, mille et mille fois.
Mais, mon Père, je vous le dit avec la plus grande franchise
et vérité: je veux et je ne le peux pas; je ne trouve rien de bien en moi, rien
de vertueux, aucun amour pour Jésus ; je ne suis que misère, rien que misère.
Comme je serais contente si j’aimais mon Jésus et si je
pouvais lui donner que de l’amour !
Dans toute cette misère que je sens en moi ne restent que le
désir et une volonté très forte de ne vouloir vivre que pour Jésus, ne parler
que de Lui, ne penser qu’à Lui, tout souffrir pour Lui.
Croyez, mon Père, que ceci est la réalité; ne faites pas
comme moi qui semble ne pas croire à ce que je dis.
Le démon m’en fait des bonnes !... Combien il me fait
souffrir ! Combien il est méchant !
Je ne sais rien de vous, mais je sens que vous souffrez, et
pas seulement pour l’interdiction de me confesser. Cette souffrance et toutes
les autres dont je suis la cause, même si involontairement, forment le calvaire
auquel vous avez fait allusion...
A toute la communauté mon remerciement et mes salutations.
Merci pour la lettre écrite avec tant de bonté et pleine de paroles de réconfort
pour me stimuler. Quand pourrez-vous venir à Balasar ? J’ai plusieurs lettres
auxquelles je dois répondre, mais je ne le ferai pas sans un conseil de votre
part...
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