24 mai
« J’ai tant à dire... »
Tous les jours je me proposais de vous donner de mes
nouvelles, mais ma croix est si lourde que je ne peux disposer de moi pour rien.
Notre Seigneur fait toujours le contraire de mes désirs. Pour le consoler, je me
soumets aux siens, en tout ce qu‘il veut. J’aimerais rester toujours toute
seule, dans la solitude et le silence, mais, hélas, le plus clair de mon temps
je suis accompagnée. Les personnes qui me visitent sont nombreuses et mes
souffrances bien grandes. Voila pourquoi j’ai tardé à vous écrire. A certaines
heures, les visiteurs ne me laissent pas; à d’autres, ce sont les souffrances
qui prennent possession de moi. Tout cela me cause une grande frayeur! Si ce
n’était le désir de ne pas refuser la croix, je me cacherais dans un petit trou,
pour y vivre seule avec Jésus. Je sais qu’il veut ces souffrances et, confiante
en ses divines promesses sur le salut des âmes, le sourire aux lèvres et le cœur
en sang, je reçois et je conseille, malgré ma grande ignorance, tous ceux qui
s’approchent de moi. Je ne suis pas là pour satisfaire mes désirs, mais ceux de
mon Bien-Aimé Jésus. Je me préoccupe de ne pas perdre mon union, ni avec Lui, ni
avec le très Saint-Sacrement ni avec mes trois amours, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit, que je veux aimer à la folie.
Si le martyre de mon corps est indicible, celui de mon âme
est encore bien plus grand...
J’ai tant à dire, mais jour après jour, mon ignorance
augmente, de sorte que je ne sais et ne peux rien exprimer. Si mon âme et mon
cœur pouvaient écrire, ils écriraient un monde de volumes.
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