Saint Antoine lui
donne l’habit
Saint
Macaire
d'Alexandrie
est
appelé
le
Jeune,
pour
le
distinguer
de
saint
Macaire
d'Egypte,
surnommé
l’Ancien.
Il
était
originaire
d'Alexandrie, où sa
profession fut d'abord de vendre des dragées et des fruits ce qui
n'a pas empêché qu'on ne lui ait aussi donné le titre de bourgeois
de cette ville. Il n'y demeura pas longtemps car le grand amour
qu'il avait pour la solitude le porta à se rendre près de saint
Antoine, qu'il choisit pour son guide dans les premières années de
sa retraite. Ce Saint lui donna l'habit monastique et lui prédit ce
qui arriverait dans le cours de sa vie. En effet, Dieu manifesta dès
lors au saint abbé, par une merveille évidente, qu'il destinait
Macaire à de grandes choses. Saint Antoine avait fait dans une
occasion un grand amas de rameaux de palmier pour faire des nattes.
Comme ils étaient parfaitement beaux, Macaire le pria de lui en
donner quelques-uns. Il lui répondit : « Il est écrit Vous ne
désirerez point le bien de votre prochain ». Mais à peine eut-il
achevé ces paroles, que les rameaux devinrent aussi secs que si le
feu y eût passé. Saint Antoine, étonné de ce prodige, lui dit : « Je
comprends que le Saint-Esprit repose sur vous. Je vous considérerai
désormais comme l'héritier des grâces dont Dieu a daigné me
favoriser ». Il se trouva quelque temps après dans sa solitude
extrêmement affaibli, sans doute par ses grandes austérités, et le
démon, faisant allusion à ces paroles de saint Antoine, lui dit «
Puisque tu as reçu la grâce d'Antoine, que n'en uses-tu pour obtenir
de Dieu de la nourriture et des forces, afin que tu puisses marcher
dans le chemin que tu as à faire. Mais il le repoussa par ces
paroles « Le Seigneur est ma force et ma gloire, et quant à toi,
n'entreprends pas de tenter son serviteur n. Cela n'empêcha pas que
cet esprit de malice ne vînt de nouveau lui tendre un piège. Il prit
la figure d'un chameau chargé de vivres, et vint s'arrêter auprès de
lui. Macaire soupçonna sans peine que c'était une illusion de sa
part. Il se mit en prière, et aussitôt la terre s'ouvrit et
engloutit l'animal fantastique.
On rapporte aux
premières années de sa profession monastique ce qu'on dit de lui,
que pendant quatre mois il alla tous les jours visiter un frère,
sans pouvoir lui parler, parce qu'il le trouvait toujours en
oraison. Ce qui lui fit dire dans un sentiment d'admiration « Voilà
véritablement un ange de la terre ».
Ses différentes
cellules
Après avoir reçu
et mis à profit les instructions de saint Antoine, il quitta la
Thébaïde et vint au désert de Scété. Il fut le premier qui y bâtit
un monastère. Il est certain qu'il avait là une cellule et qu'il s'y
rencontra souvent avec saint Macaire d'Egypte. Il en eut une aussi
en Libye et une autre à Nitrie mais son principal séjour fut au
désert des Cellules, où il exerça les fonctions du sacerdoce, ayant
été fait prêtre peu de temps après l'autre saint Macaire.
Ces différentes
cellules étaient plus propres à satisfaire son amour pour la
pénitence, qu'à le garantir des injures de l'air; car les unes
étaient sans fenêtres, et il y passait tout le carême assis dans
l'obscurité. Une autre était si étroite qu'il ne pouvait s'y étendre
de tout son long. Celle de Nitrie était la plus spacieuse, parce
qu'il n'y allait que pour recevoir et instruire les étrangers.
Quoique son amour
pour le recueillement l'eût fixé davantage au désert des Cellules,
il ne se passait rien d'extraordinaire dans les déserts voisins,
surtout dans celui de Nitrie, où on ne l'appelât pour déterminer ce
qu'on devait faire les anciens de ces déserts agissant tous de
concert pour l'avantage spirituel des solitaires de leur dépendance.
Saint Macaire se
distingua principalement par sa pénitence, par son attrait pour la
solitude et pour l'oraison, et par le pouvoir que Dieu lui donna sur
les esprits de ténèbres, et d'autres prodiges qu'il opéra, attestés
par ses historiens en leur qualité de témoins oculaires.
Ses mortifications
Nous avons vu que
les différentes cellules qu'il avait, étaient des séjours de
mortification plutôt que des logements commodes. Il n'était point
d'austérités si grandes, pratiquées par les autres, qu'il ne tentât
de les imiter et même de les surpasser. Ayant appris qu'un solitaire
ne mangeait qu'une livre de pain par jour, il eut la pensée, pour
mieux mortifier son appétit, de rompre son pain en petits morceaux,
qu'il mit dans une bouteille de terre, et de ne manger que ce qu'il
en pouvait prendre avec les doigts, ce qu'il pratiqua l'espace de
trois ans, non sans en souffrir beaucoup car, outre la peine qu'il
avait à retirer ces petits morceaux, il ne mangeait tout au plus que
cinq onces de pain par jour, et ne buvait de l'eau qu'à proportion.
On remarque
encore que durant toute une année il ne consuma qu'une petite cruche
d'huile. Il passait aussi quelquefois le jour sans prendre aucune
nourriture, quoiqu'il travaillât beaucoup.
Il se rend à
Tabennes
On lui dit qu'à
Tabennes les disciples de saint Pacôme ne mangeaient rien de cuit
pendant le Carême, et il voulut faire la même chose durant sept ans,
ne se nourrissant que d'herbes crues ou de légumes trempés seulement
dans l'eau froide. Mais sa ferveur le porta à aller reconnaître par
lui-même la discipline de Tabennes, soit pour mieux s'instruire et
s'édifier, soit pour y vivre confondu parmi tant d'austères
religieux, et se dérober par là à la vénération qu'on avait pour lui
à Nitrie et aux Cellules.
Le trajet de là à
Tabennes était très-long. Il fallait traverser des déserts fort
vastes, non sans souffrir extrêmement. Mais cette difficulté ne
l'arrêta pas. Il quitta son habit pour n'être pas connu et prit un
costume d'artisan. Il marcha pendant quinze jours dans ces solitudes
affreuses jusque dans la Haute-Thébaïde, où il se présenta à la
porte du monastère de saint Pacôme, qu'il pria humblement de le
recevoir au nombre de ses religieux. Le saint abbé, à qui Dieu ne le
fit pas connaître alors, quoiqu'il l'éclairât dans beaucoup d'autres
rencontres d'une lumière prophétique, bien loin d'acquiescer à sa
demande, lui dit qu'il était trop âgé pour soutenir le poids des
austérités de sa règle qu'il fallait y être exercé de bonne heure et
que s'il l'entreprenait, il serait tenté d'impatience dans les
travaux dont on le surchargerait, ce qui le porterait au murmure, et
qu'enfin, au lieu de persévérer, il quitterait tout, mécontent du
monastère, et l'irait décrier ailleurs. Ce refus ne le rebuta pas.
Il persévéra pendant sept jours dans la même demande, quoiqu'il ne
reçût du Saint que la même réponse, et fut tout ce temps-là sans
manger. Enfin il lui dit K Je vous conjure, mon Père, de me
recevoir, et si je ne jeûne pas et ne fais pas la même chose que les
autres, je consens que vous me renvoyiez ». Saint Pacôme, touché de
sa persévérance, en parla aux autres frères, qui, selon Pallade,
étaient au nombre de mille quatre cents, et qui conclurent à
l'admettre.
Ceci arriva peu
de temps avant le Carême, et saint Macaire, attentif à tout ce qui
se pratiquait pour le faire servir à son avancement spirituel,
remarqua que les religieux, suivant chacun l'ardeur qu'ils avaient
pour la pénitence, s'étaient proposé, les uns de ne manger que le
soir durant la sainte quarantaine, les autres une fois en deux
jours, et les autres après cinq jours. Il observa encore que
quelques-uns, après être demeurés assis tout le jour occupés à leur
travail, passaient toute la nuit debout.
Ces exemples de
mortification animèrent tellement sa ferveur, qu'il fit tremper une
grande quantité de feuilles de palmier pour son travail et se retira
dans un coin où il se tint debout tout le Carême, sans jamais
s'asseoir ni même s'appuyer, sans prendre un morceau de pain, mais
seulement le dimanche quelques feuilles de choux toutes crues, et en
si petite quantité, qu'il les mangeait plutôt pour éviter la
tentation de vanité que pour se nourrir. Il garda pendant tout ce
temps un rigoureux silence, et lorsqu'il était contraint de sortir,
il retournait aussitôt à son travail, conservant toujours son esprit
et son cœur élevés vers Dieu.
Dieu le fait
connaître à saint Pacôme
Saint Pacôme,
occupé au gouvernement général de l'Ordre, ne s'était pas aperçu de
la façon dont il avait vécu. Mais les autres religieux, et surtout
ceux qui étaient les plus austères, y avaient pris garde, et ils en
furent si frappés, qu'ils en portèrent leurs plaintes à leur abbé,
disant qu'il avait amené un homme qui vivait comme s'il n'était
qu'un pur esprit, sans chair et sans os, et qui semblait n'être venu
chez eux que pour les condamner. Ils le prièrent en conséquence de
le congédier, et avouèrent que s'il demeurait davantage, ils ne
pouvaient plus eux-mêmes y tenir.
Le saint abbé
s'informa sur ces plaintes du détail de sa conduite. Il en fut tout
étonné il comprit qu'il y avait quelque chose d'extraordinaire dans
cet inconnu et qu'il n'en était pas à commencer les travaux de la
vie religieuse. Il ne leur en dit pourtant rien mais il eut recours
à la prière, pour obtenir de Dieu qu'il le lui fît connaître. Il lui
fut révélé que c'était Macaire, dont la réputation était répandue
dans tous les déserts. Après qu'il eut fini son oraison, il alla
droit à lui, le prit par la main, le conduisit à la chapelle où
était l'autel, et l'embrassant tendrement, il lui parla ainsi a
C'est donc vous, ô vénérable vieillard? Vous êtes Macaire, et vous
me l'avez caché. II y a longtemps que j'ai entendu parler de vous et
que je désirais vous voir. Je vous dois des actions de grâces
d'avoir humilié mes enfants. Vous leur avez ôté par votre exemple
tout sujet de s'enfler de vanité et d'avoir des sentiments trop
avantageux d'eux-mêmes à cause de leurs austérités. Retournez, je
vous supplie, à votre solitude, et priez pour nous ».
Il redouble ses
mortifications
Cet homme
insatiable de pénitences se proposa un jour de combattre le sommeil,
pour éprouver s'il pourrait le surmonter. Il le racontait depuis à
Pallade, et lui disait « Je passai pour cela vingt jours et autant
de nuits à découvert; étant brûlé durant le jour par la chaleur, et
transi par le froid durant-la nuit. Mais au bout de ce temps je fus
obligé de me jeter promptement dans une cellule, où je m'endormis,
sans quoi je serais tombé en défaillance. »
L'ennemi du salut
lui donna, dans une autre rencontre, 'par des tentations contre la
pureté dont il l'assiégea, l'occasion de pratiquer une mortification
terrible. Il alla au marais de Scété s'exposer nu aux moucherons,
dont les aiguillons dans cet endroit sont si pénétrants, que la peau
même des sangliers n'est pas à l'épreuve de leurs piqûres. Il
pratiqua cette pénitence durant six mois, et ces insectes couvrirent
son corps de tant de pustules et d'ampoules, que quand il revint à
sa cellule on ne put le reconnaître qu'au son de sa voix, et que
plusieurs crurent qu'il avait la lèpre.
Un autre acte de
mortification, bien moindre que celui-là, et que Pallade rapporte,
nous fait connaître en même temps combien les religieux qu'il avait
sous sa discipline étaient fidèles à sacrifier à Dieu les
satisfactions des sens. C'est ici un exemple des plus édifiants et
qui mérite d'être rapporté, quoiqu'il soit commun au Père et aux
disciples.
Saint Macaire eut
l'envie une fois de manger des raisins. Il le fit connaître, et on
lui en apporta aussitôt une grappe toute fraîche mais, quand il la
vit, il voulut s'en priver, et joignant la charité à J'abstinence,
il la fit porter à un frère qu'il croyait en avoir plus besoin que
lui, parce qu'il ne jouissait pas d'une grande santé. Celui-ci
témoigna d'abord de la joie de ce présent, qui lui était envoyé par
un si saint homme mais quoiqu'il eût bien désiré d'en manger, il en
fit le sacrifice à Dieu, à qui il rendit des actions de grâces, et
la porta à un autre, qui également mortifié et charitable n'y toucha
point, et la porta aussi à un troisième qui en fit de même. Enfin
cette grappe de raisin fut ainsi portée de main en main dans toutes
les cellules du désert, qui étaient en grand nombre et assez
éloignées les unes des autres, jusqu'à ce que le dernier à qui elle
fut offerte, l'envoya à saint Macaire comme un présent qui lui
serait agréable, ignorant qu'il l'avait reçu avant tous les autres.
Le Saint reconnut
d'abord la grappe, mais il voulut mieux s'en assurer et quand il
apprit qu'elle avait passé par toutes les cellules sans qu'aucun
frère y eût touché, il conçut une grande joie et remercia Dieu de
voir tant de mortification et de charité dans ces saints solitaires.
Il ne voulut pas non plus la manger, et cela lui servit de motif de
pratiquer les exercices de la vie spirituelle avec une ardeur
nouvelle.
Ses oraisons
Cet homme de
pénitence était aussi un grand homme d'oraison, l'une conduisant à
l'autre. Mais l'ordre qu'il gardait dans ses exercices était très
propre à lui en obtenir de Dieu le précieux don. Il distribuait la
journée en trois temps, dont l'un était employé à différentes
heures, à la prière et à la contemplation, et il ne faisait pas
moins de cent oraisons par jour. Il passait l'autre partie du temps
au travail des mains, et la troisième à exercer la charité envers
les frères, leur donnant les avis et les instructions dont ils
avaient besoin.
En partageant le
temps entre ces différents exercices, on peut dire qu'il ne perdait
point Dieu de vue, soit qu'il priât, soit qu'il agît, conservant
dans une grande paix la pureté de son âme par la pureté d'intention
qui sanctifiait ses œuvres, et ayant toujours le cœur élevé vers
Dieu, quelque chose qu'il fît. Il y avait d'autres solitaires qui
faisaient un plus grand nombre d'oraisons que lui. Les uns en
faisaient trois cents, d'autres en faisaient jusqu'à sept cents.
Pour lui, il suivait l'attrait que Dieu lui avait donné, en mêlant
la vie active avec la contemplative, et il n'était point jaloux que
d'autres fissent plus d'oraisons que lui. On peut même dire, avec un
savant historien, que la ferveur des siennes compensait bien ce
défaut.
Visite du démon
C'était dans des
oraisons sublimes que ce Saint puisait des lumières extraordinaires,
soit pour distinguer les véritables révélations des illusions du
démon soit pour pénétrer dans les secrets des consciences des
frères, et de ceux qui s'adressaient à lui. Le démon vint une fois
frapper à la porte de sa cellule et lui dit « Levez-vous, abbé
Macaire, et allons avec les frères faire la prière de la nuit)).
Mais, dit Rufin qui rapporte ceci, « le Saint, qui était rempli de
Dieu, connut aussitôt l'artifice du démon et lui répondit : Ô esprit
de mensonge et ennemi de toute vérité, qu'y a-t-il de commun entre
toi et cette assemblée de Saints ? » « Tu ignores donc, 6 Macaire,
lui répondit le démon, que jamais les solitaires ne s'assemblent
pour la prière, sans que nous nous y trouvions ? Viens-y seulement,
et tu verras nos œuvres ». ― « Esprit impur, répliqua le Saint, Dieu
veuille réprimer ta malice et dompter ta puissance ? »
Il se mit ensuite
en oraison et pria le Seigneur de lui faire connaître si ce dont le
démon se vantait était véritable. Puis il s'en alla à l'assemblée où
les frères faisaient l'office durant la nuit, et renouvela la même
prière à Dieu. Alors il vit comme de petits enfants éthiopiens
extrêmement laids, répandus dans toute l'église, qui couraient de
tous côtés, et avec tant de vitesse qu'on eût dit qu'ils avaient des
ailes.
Une vision
Or, c'était la
coutume des solitaires que dans la prière, tous les frères étant
assis, il y en avait un qui récitait un psaume et les autres qui
l'écoutaient et répondaient à chaque verset. Ces petits éthiopiens
courant deçà et delà, faisaient diverses malices à ceux qui étaient
assis. Ils fermaient les paupières aux uns, qui s'endormaient
aussitôt; ils en faisaient bâiller d'autres en leur mettant le doigt
dans la bouche. Ensuite, lorsque le psaume était achevé, les frères
se prosternant à terre, selon l'usage, pour faire oraison, ils
couraient à l'entour d'eux, paraissant à l'un sous la figure d'une
femme, à un autre comme bâtissant quelque maison ou portant quelque
chose, et enfin à d'autres en d'autres manières; ce qui faisait que
ces solitaires roulaient dans leur esprit tout ce que les démons
leur représentaient en se jouant.
Mais ils ne
réussissaient pas de même envers tous; car voulant s'approcher de
quelques-uns, ils en étaient si vivement repoussés, qu'ils tombaient
par terre, et ne pouvaient après cela ni demeurer debout, ni
repasser auprès d'eux; au lieu qu'ils marchaient sur la tête et sur
le dos de quelques autres frères dont la dévotion était faible, et
se moquaient d'eux parce qu'ils n'étaient pas attentifs à leur
oraison.
Saint Macaire
voyant cela, jeta un profond soupir, et dit à Dieu en répandant
beaucoup de larmes H Considérez, Seigneur, comme le démon nous tend
des pièges. Faites-lui entendre votre voix puissante, et les effets
de votre colère. Levez-vous, afin que vos ennemis soient dissipés et
s'enfuient devant votre face, puisque vous voyez comment ils
remplissent nos âmes d'illusions ».
Cependant la
prière étant achevée, le Saint voulut approfondir davantage la
vérité, et appela en particulier les uns après les autres ceux des
frères à qui il avait remarqué que les démons avaient apparu sous
diverses formes, et il leur demanda si pendant la prière ils
n'avaient pas pensé à des bâtiments, à des voyages ou à d'autres
choses semblables. Ils lui en firent l'aveu, et il connut alors que
les vaines pensées qui nous viennent à l'esprit dans l'oraison,
sont, la plupart du temps, causées par l'illusion des démons,
repoussés par ceux qui veillent avec soin sur eux-mêmes; « parce
que, ajoute Rufin une âme qui est unie à Dieu et qui dans le temps
de l'oraison a une attention particulière vers lui, ne peut souffrir
que rien d'étranger ni rien d'inutile entre dans elle pour l'en
détourner ».
Si saint Macaire
fut grand par l'éminence de ses oraisons et de ses lumières
surnaturelles, il ne le fut pas moins par le don des miracles, et il
ne le céda pas en cela au célèbre Macaire d'Egypte, que les
historiens nous représentent comme le thaumaturge de son temps. Nous
avons dit quel était le pouvoir que Dieu lui avait donné sur les
démons. II délivra un si grand nombre d'énergumènes par sa parole.
accompagnée d'une foi vive, que l'historien de sa vie dit qu'il
serait bien difficile de les compter.
Enfin,
saint
Macaire
d'Alexandrie,
après
avoir
passé
au
moins soixante
ans
dans la
solitude,
termina
par
sa mort
(394
ou
395 d'après
Tillemont),
une
vie de
sainteté
et
de prodiges,
et
laissa après
lui,
avec
le
souvenir de
ses
vertus, la
mémoire
d'un
des
plus célèbres
solitaires
qui
ait sanctifié
les
déserts par
son
amour pour
Dieu
et
par la
pratique
d'une
sévère
pénitence.
P. Giry : Les petits Bollandistes :
vies des saints. T. I. Source
http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. |