

UN MODÈLE DE SAINTES AUDACES
DANS L'AMOUR
L'éloge le plus bref et le plus parfait
que nous connaissions de l'illustre archevêque a été exprimé dans ces phrases
élégantes et sobres de la lettre pastorale de prise de possession de la
cathédrale d’Évora prononcées par son premier successeur sur le siège
métropolitain, monseigneur Manuel Trindade Salgueiro :
Modèle de saintes audaces de l'amour
et des renoncements du cœur, l'activité évangélique de monseigneur l'archevêque
a été le sang de l'âme, à fleurir en grâce. Voilà pourquoi sa mémoire sera bénie
éternellement par Dieu et par les hommes. Rappeler, en ce moment, la leçon
lumineuse de sa vie, est un devoir de foi, d'intelligence et de cœur. Plaise à
Dieu que notre épiscopat, en tant qu'archevêque d'Évora, soit animé du même zèle
et de la même bonté.
Si nous y réfléchissons bien, ces
paroles, prononcées solennellement dans la cathédrale d'Évora par le successeur
de monseigneur Manuel Mendes da Conceição Santos, expriment une conviction
surnaturelle en le proclamant modèle de saintes audaces dans l'amour et en
affirmant que sa mémoire sera éternellement bénie par Dieu et par les hommes. En
effet, on peut affirmer sans craindre d'exagérer qu'au moment de son décès cette
certitude était déjà bien ancrée dans les âmes de tous ceux qui l'avaient connu:
monseigneur Manuel Mendes aura un jour l'honneur des autels, comme modèle de
sainteté. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est sainte Thérèse de
l'Enfant-Jésus qui a été le modèle de sainteté de monseigneur Manuel Mendes tout
au long de sa vie terrestre. Il avait une grande dévotion envers elle. Et avec
lui se renouvela ce qui s'était passé avec cette religieuse : ce ne sont que
ceux qui ont approché ces âmes de près qui ont découvert le haut degré de
sainteté auquel elles étaient parvenues. On raconte que dans le propre couvent
où vécut la sainte carmélite de Lisieux, des religieuses se trouvaient dans
l'embarras pour dire quelles avaient été ses plus grandes vertus. Mais les
supérieures et les novices qui avaient eu plus de contact avec elle, avaient une
haute idée des perfections de l'humble religieuse. Il s'est produit la même
chose avec le serviteur de Dieu. L'auteur de ces lignes a vécu plusieurs années
dans son intimité, mais il lui serait impossible de préciser ses vertus
dominantes. Et pourquoi ? Parce qu'il lui faudrait d'abord pour cela relever ses
défauts dominants, or il n'en a trouvé aucun: monseigneur Emmanuel Mendes était
une âme toujours égale. quelle que fût la circonstance dans laquelle elle se
trouvait Toutes les vertus se sont épanouies chez celui qui passa en ce monde en
accomplissant la, volonté de Dieu.
Quand un évêque résidentiel meurt, tous
ses papiers sont lus par un prêtre de la curie épiscopale pour être, selon le
contenu du document, définitivement archivés ou détruits. Il en a été de même
pour monseigneur Emmanuel Mendes. C'est alors que son âme s'est révélée au grand
jour, à travers des écrits jusque là secrets, où brille l'âme d'un saint:
fragments de journal, résolutions personnelles prises pendant les retraites
spirituelles, doubles de lettres de direction — aujourd'hui publiés dans un
ensemble admirable d'écrits spirituels. S'il existait le moindre doute sur le
degré éminent de perfection auquel il est parvenu pendant sa vie, il suffirait
de méditer certaines pages des ouvrages A Alma do arcebispo apóstolo et
Coragem e confiança.
Le premier est une importante biographie
bien documentée, rédigée et publiée par l'abbé Francisco Maria da Silva en 1960.
Le second, du même auteur, nous donne un ensemble de pensées spirituelles tirées
des lettres du serviteur de Dieu depuis les années 1923, et des résolutions
prises lors des retraites spirituelles dont la plus ancienne remonte à 1896, au
temps de ses études à Rome. Ces deux ouvrages sont de la plus haute importance
pour le procès de béatification qui a déjà été introduit.


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