La bienheureuse
Marie, que le monde appelait Catherine, naquit à Pise vers la fin du
XIVe siècle. Son père, nommé Barthélémy, était de la noble famille
des Mancini, fameuse alors en Toscane. Humble et pure, ses premières
années
s'écoulèrent
dans la paix et les soins pieux de la famille. Encore au berceau,
elle reçut de son ange un avertissement qui préserva ses jours. Plus
tard, ce même ange lui apparut dans une autre vision, et dès lors
entre elle et lui s'établit un mystérieux échange de prières, de
grâces et de pieux avis.
Bien jeune
encore, notre bienheureuse — qui était d'une grande beauté — fut
mariée, et de cette union eut deux filles qui, après quelques jours
de vie, s'envolèrent au ciel. Son mari lui-même passa bientôt de ce
monde à l'autre. La bienheureuse avait pris un époux non par choix
mais par obéissance ; l'obéissance lui fit accepter un second
mariage. Elle en eut cinq filles et un fils.
Marie sut joindre
à ses travaux de mère, à ses devoirs d'épouse, la contemplation la
plus haute, la plus large, et la plus tendre charité. Les pauvres
étrangers et les malades trouvaient dans la maison de cette pieuse
dame les secours les plus empressés et les soins les plus affectueux
: elle aimait à remplir envers les membres souffrants de Notre
Seigneur
Jésus-Christ
tous les devoirs de la charité.
Veuve une seconde
fois, et ayant vu mourir tous ses enfants, elle refusa désormais les
alliances terrestres et résolut de mener une vie plus austère. Aussi
fit-elle vœu de jeûner quatre fois la semaine, de flageller son
corps par des disciplines quotidiennes, de ne s'accorder que le
sommeil nécessaire sur un lit de bois, et de s'adonner nuit et jour
à l'oraison. Elle ajoutait à ces pieux exercice le travail manuel
qui lui procurait les aliments nécessaires, et souvent elle les
donnait, pleine de joie, aux malades et aux indigents. Elles
demandaient sans cesse à Dieu de se conformer en tout à sa sainte
volonté.
Vers ce temps-là,
sainte Catherine de Sienne vint à Pise : Marie eut avec elle des
rapports très intimes et en reçut de salutaires avis. A son
exhortation, elle prit l'habit des sœurs de l'ordre de
Saint-Dominique, que l'on nommait alors sœurs de la Pénitence, et
peu après elle résolut d'entrer dans une maison d'observance. Car,
comme toutes les religieuses vivaient de leurs propres revenus,
Marie mena une vie commune avec six compagnes qui étaient à sa
charge, et qu'elle dirigeait avec prudence. Son amour pour la
perfection lui fit quitter ce couvent pour passer, avec la
bienheureuse Claire, dans celui de Saint-Dominique que venait de
fonder Pierre Gambacorti, père de celle-ci.
Alors, de concert
avec quelques compagnes embrasées de la même ardeur, elle fit tous
ses efforts pour mettre en vigueur la stricte observance de la
règle, et tel fut son zèle qu'à la mort de la bienheureuse Claire,
les religieuses l'élurent prieure.
On raconte mille
choses merveilleuses dont fut remplie la vie cloîtrée de notre
bienheureuse Marie Mancini : visions célestes, étranges et terribles
assauts de l'enfer, excès héroïques de pénitence, immense charité,
tendre et généreuse compassion pour les pauvres âmes du purgatoire.
Enfin, avancée en
âge, elle s'envola au ciel en l'année 1431.
Son corps, tiré
du tombeau quelques années après sa mort, fut placé sur les autels
et devint l'objet d'un
culte
perpétuel. Le souverain pontife Pie IX, après avoir consulté la
sacrée Congrégation des Rites, l'approuva canoniquement le 2 août
1855, et accorda à tout l'ordre des Frères Prêcheurs, ainsi qu'au
diocèse de Pise, le privilège d'une messe et d'un office en
l'honneur de la bienheureuse Marie Mancini. Cette fête a été fixée
le 30 janvier.
Elle est
considérée comme une des saintes patronnes des familles et des
religieuses. |