Le père de notre Saint,
encore plus distingué par sa vertu que par sa naissance, le mit sous
la conduite de saint Benoît, en 522 : il suivait en cela l'exemple
de plusieurs personnes de qualité, qui confiaient leurs
enfants
à ce grand homme, afin qu'il les instruisît dans les maximes de la
piété chrétienne. Maur, qui n'avait que douze ans à son entrée dans
le monastère, effaça bientôt ceux de son âge par son exactitude à
remplir tous ses devoirs. On remarqua toujours en lui une humilité
profonde, et une admirable simplicité de cœur, que Dieu récompensa
du don des miracles. Saint Benoît lui ayant un jour ordonné de
courir au secours du jeune Placide, qui se noyait dans le lac, il
partit sur-le-champ, marcha sur l’eau, sans penser d'abord où il
était, et sauva ainsi la vie à son frère. Il regarda ce miracle
comme l'effet des prières de saint Benoît ; mais celui-ci l'attribua
à l'obéissance de son disciple. Saint Grégoire, de qui nous
apprenons ce que nous avons dit jusqu'ici de saint Maur, ajoute que
saint Benoît le fit son coadjuteur dans le gouvernement du monastère
de Subiaco, et qu'il le fit venir auprès de lui, lorsqu'il se fut
retiré au Mont-Cassin. Notre Saint étant venu en France en 543, y
fonda, avec le secours des pieuses libéralités du Roi Théodebert, la
célèbre abbaye de Glanfeuil en Anjou. Il en quitta le gouvernement
dans sa vieillesse, et le remit, en 581, à un de ses disciples nommé
Bertulfe. Maur, renfermé dans une étroite solitude, ne s'occupa plus
que du passage du temps à l'éternité : il s'y prépara par un
redoublement de ferveur dans tous ses exercices. Deux ans après sa
démission, il fut saisi de la fièvre et d'un violent mal de côté.
Lorsqu'il se sentit proche de sa dernière heure, il voulut être
porté à l’église, où il reçut la sainte Eucharistie ; s'étant
ensuite couché sur son cilice, il rendit tranquillement l'esprit, le
15 Janvier 584. Il fut enterré près de l'autel de l'église de
Saint-Martin. On mit dans son tombeau un morceau de parchemin, sur
lequel on avait écrit que le corps qui reposait en ce lieu était
celui de Maur, moine et diacre, qui était venu en France sous le
règne de Théodebert. On trouva ce parchemin en 845. On lit le nom de
notre Saint dans les anciennes litanies françaises composées par
Alcuin, et dans les martyrologes de Florus, d'Usuard, etc. Il était
singulièrement honoré en Angleterre, sous les Rois Normands.
La crainte d'une
nouvelle irruption de la part des Normands, fut cause que l'on
transporta les reliques de saint Maur chez les Bénédictins de
Saint-Pierre-des-Fossés. Cette translation, qui est du neuvième
siècle, se fit avec beaucoup de solennité, par les soins d'Enée,
évêque de Paris.
SOURCE : Alban
Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |