Saint Vincent-Marie
Strambi vint au monde à Civita-Vecchia où son père exerçait la
profession de pharmacien. Ses vertueux parents
veillèrent avec la plus grande sollicitude sur l'éducation de ce
fils unique, et l'enfant répondit à leurs soins attentifs. Ses
humanités terminées, Vincent-Marie se rendit à Rome pour suivre des
cours de théologie en vue du sacerdoce. Son père lui exprima son
désir de le voir marié plutôt que prêtre; pour toute réponse, son
fils lui remit une statue de la Très Sainte Vierge sur laquelle il
écrivit qu'Elle était son élue.
Vincent-Marie Strambi
reçut le sous-diaconat et le diaconat dans la ville éternelle. Avant
son ordination, le jeune clerc suivit une retraite sous la direction
du fondateur des Passionistes, saint Paul de la Croix. Très édifié
du zèle et de la prodigieuse austérité de ce Saint, il décida
d'entrer dans cette nouvelle congrégation après avoir reçu l'onction
sacerdotale à l'âge de vingt-deux ans. Il devait devenir une des
plus fermes colonnes de cette société naissante qui accomplit tant
de bien dans l'Eglise. L'évêque de Montefiascone le nomma recteur du
séminaire de Bagnorea, et après un an de prêtrise seulement, il fut
nommé pour prêcher le carême dans l'une des paroisses de la ville.
Saint Vincent-Marie
Strambi donna un grand nombre de missions très suivies par les
fidèles. En 1801, alors qu'il remplissait à Rome la charge de
recteur du couvent des saints Jean et Paul, sa haute réputation de
science et de vertu détermina le pape Pie VII à le choisir comme
évêque des églises de Macerata et de Tolentino. A côté de ces
lourdes tâches, le saint prédicateur déployait un apostolat très
étendu comme orateur sacré. Durant cette période critique de
l'histoire pendant laquelle les apostasies foisonnèrent, par la
puissance de sa parole et le rayonnement de sa sainteté, saint
Vincent-Marie arracha une multitude d'âmes à la funeste influence de
l'esprit révolutionnaire et antireligieux qui régnait au sein de la
société. Avant chaque sermon, il priait le Christ en croix « car,
disait-il, un prédicateur qui est pénétré de la science de la
croix est en mesure de faire frémir l'enfer tout entier. »
L'administration de ses
deux diocèses et les missions qu'il y présida ne le distrayaient pas
de son union avec Dieu. Il ne consentit jamais, sous aucun prétexte,
à tempérer l'austérité de la Règle des Passionistes qu'il observa
avec une rigoureuse exactitude jusqu'à sa mort. En 1808, Napoléon
envahit les Etats romains et imposa au clergé un serment de fidélité
que le pape Pie VII réprouva. Saint Vincent-Marie Strambi resta
inviolablement attaché au vicaire de Jésus-Christ et refusa de
prêter serment. Déporté dans la Haute-Italie, son exil se prolongea
durant cinq ans et prit fin en 1814, après le retour du souverain
pontife auparavant captif à Fontainebleau.
En 1823, âgé de près de
quatre-vingt ans, le saint évêque de Macerata et de Tolentino,
obtint d'être déchargé de ses fonctions épiscopales. Sur la demande
de Léon XII qui désirait l'avoir auprès de lui, le Saint vint
habiter un appartement au palais du Quirinal qui était encore la
résidence des papes à cette époque. Cet ordre effraya extrêmement
l'humble saint Vincent-Marie, mais la nouvelle rassurante lui
parvint bientôt que son séjour au Quirinal ne durerait que quarante
jours. Il devait être affecté ensuite à l'église des
Sts-Jean-et-Paul.
Le souverain pontife
qui lui demandait conseil tous les jours, tomba gravement malade
durant la Noël 1824. Léon XII fit aussitôt appeler « son Père
Vincent » afin de recevoir de ses mains les derniers sacrements.
Saint Vincent-Marie Strambi offrit sa vie à Dieu en échange de celle
du Père de la chrétienté et lui révéla en secret qu'il ne mourrait
pas de cette maladie, mais qu'il vivrait encore cinq ans et quatre
mois, prédiction qui s'avéra parfaitement juste. Quoiqu'étant sur le
point d'entrer en agonie, le Saint-Père recouvra subitement la
santé. Quelques jours plus tard, le 1er janvier 1824, saint
Vincent-Marie Strambi expirait frappé d'apoplexie. On l'enterra dans
l'église des Passionistes, à Rome. Le pape Pie XI le béatifia le 26
avril 1925. Sa canonisation eut lieu le 11 juin 1950 par Pie XII. |